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V. Grandvaux : assemblée annuelle du Pen-Club de Suisse romande

Le 18 octobre 1974

Le privilège d’un président est de pouvoir déterminer l’ordre du jour.

Aux quelque cinquante écrivains de Suisse romande qui se réunissent chaque année autour des objectifs définis par une Charte plus actuelle que jamais, j’ai raconté ce qui précède, ce qu’on vient de lire.

Je me suis un peu étonné du fait que dans quatre congrès européens ou intéressant l’Europe au premier chef je n’aie pas rencontré un seul autre écrivain.

Naguère encore, quelques-uns de mes confrères s’engageaient au sens fort du terme : Salvador de Madariaga, Ignazio Silone, et qui d’autre ? L’Europe n’est pas une mode intellectuelle.

Sur quoi le président de la Fondation PEN Emergency Fund, le romancier hollandais A. den Doolaard, nous expose la tragique situation de plusieurs douzaines d’écrivains emprisonnés sur tous les continents pour leurs opinions politiques, et qu’il faut essayer d’aider, ou sinon eux, du moins leurs familles.

Il semblerait que les écrivains s’engagent d’une manière responsable pour toutes les causes imaginables, non pour l’Europe, qui jusqu’ici ne compte pas un martyr. Serait-ce une cause trop raisonnable ?