tiré du numéro : 6 
date : 01/12/2003 
auteur : Olivia Guérin 

résumé de l'article : Espèce de premier ministre, sorte de clarinette et autres drôles de toques. Ou quand les voyageurs y perdent leur latin.

Cet article replace l’approximatif une espèce de dans le paradigme des différentes désignations modalisées convoquées dans les récits de voyage. Face à un monde qui n’a pas été conceptualisé dans la langue dont ils disposent, les rédacteurs de récits de voyage sont en effet contraints à un travail intense de nomination de realia – espèces naturelles endémiques, objets culturels, pratiques sociales – qui ne portent pas de nom spécifique dans leur langue. Aussi ont-ils souvent recours à des formes désignatives modalisées qui catégorisent le réel extra-linguistique sur le mode de l’approximation. Or, un tel choix discursif révèle un positionnement énonciatif spécifique vis-à-vis des sociétés étrangères à décrire, qui sont fréquemment représentées sous le jour d’une altérité axiologisée. Le présent travail se propose de rendre compte d’un tel positionnement – qui distingue nettement le récit de voyage des genres interculturels connexes –, en analysant les effets de sens produits en discours par une espèce de et les différentes formes de désignations modalisées; le sémantisme de ces formes sera systématiquement mis en perspective avec les déterminations génériques propres au récit de voyage. Cette entrée par les formes permettra de mettre en lumière l’une des modalités de représentation de la réalité dans les discours interculturels.

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