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Politiques familiales à l’aube du 21ème siècle : Nouvelles tendances et vulnérabilités dans la vie familiale ?

16 mai 2018



Politiques familiales à l’aube du 21ème siècle : Nouvelles tendances et vulnérabilités dans la vie familiale ?

Professeure Karin Wall - Discutante Olga Ganjour

 

Les politiques familiales ciblent d’abord les familles avec enfant(s). Les concepts de vulnérabilité, de bien-être  doivent être définis préalablement à l’identification des buts des politiques familiales.

Vulnérabilité

La vulnérabilité comprend 7 dimensions qui sont :  La précarité économique ; l’isolement social ; la stigmatisation ; le stress ; les ruptures familiales ; les problèmes de santé et la violence familiale. Ces 7 dimensions permettent de cibler les familles bénéficiaires des politiques familiales.

Bien-être

Le concept de bien-être est subjectif et sert à mesurer la qualité de vie d’une population. Différents objectifs ont été identifiés pour la promotion du concept de bien-être, dont l’approche est universelle.

Les deux concepts (vulnérabilité et bien-être) sont importants à prendre en compte pour l’élaboration des politiques familiales.

Evolution des politiques familiales ces dernières années

Si l’on compare le niveau des dépenses en faveur de la famille en pourcentage du PIB parmi différents pays, on constate que le niveau de générosité des gouvernements européens varie beaucoup. Quelques pays consacrent plus de 3.6% de leur PIB aux familles (Royaume-Uni, Danemark, France, Suède, Island, Luxembourg), d’autres se situent autour de la moyenne de 3% (Hongrie, Irlande, Belgique, Finlande, Tchéquie, Norvège et Allemagne), tandis que 9 pays sont en-dessous de la moyenne en dépensant moins de 2% de leur PIB (Italie, Slovénie, Pays-Bas, Pologne, Japon, Espagne, Portugal, Canada et USA).

Le tableau de l’évolution des dépenses publiques montre une tendance à la hausse jusqu’en 2009, puis une tendance à la baisse suite à la crise économique. Les dépenses publiques de la France sont néanmoins restées stables à travers le temps et celles de la Suède et de l’Allemagne ont augmenté.

Soutien aux services 

Taux d’inscription en crèche par pays

Les disparités sont très grandes entre le Danemark, qui présente un taux d’inscription des enfants en crèche de 65% et la République tchèque, qui affiche 5,6%. D’une manière générale, les pays post-socialistes et ceux d’Europe du Sud ont des taux faibles d’inscription. A travers le temps, on constate une évolution positive du taux d’inscription en crèche, notamment en Allemagne et au Portugal à partir de 2010.

Taux d’inscription au pré-scolaire

On note plus d’homogénéité et de convergence des politiques publiques en matière de fréquentation du pré-scolaire, puisque la norme fixée par l’Union Européenne, d’atteindre un taux de 95% des enfants en 2020, a été réalisée déjà en 2015.

Congé maternité

Depuis les années 70, le congé maternité s’est prolongé dans les différents pays européens pour se positionner actuellement et idéalement à une année, sans que les pratiques nationales soient homogènes. Certains pays, comme la République tchèque, la Finlande et la Hongrie octroient même un congé maternité de deux ans.

8 pays présentent toujours un congé maternité court, en dessous de 5 mois (Australie, Nouvelle Zélande, Pays-Bas, Espagne, Turquie, Suisse, Mexique, Etats-Unis).

Congé paternité

L’introduction d’un congé paternité s’est produit dans quelques pays européens entre les années 2000 – 2016. Le Norvège a été un pays pionnier par rapport au congé paternité, mais plusieurs pays n’en ont pas (Grèce, Italie, Pays-Bas, Canada, République tchèque, Irlande, Nouvelle-Zélande, Slovaquie, Suisse et Etats-Unis).

Conclusion sur les politiques familiales

Des actions de soutien aux familles se sont développées dans tous les pays avec un renforcement entre 1990 et 2010, puis cette trajectoire ascensionnelle s’est interrompue pendant la crise économique. L’agenda a été émergent et convergent autour de certains buts à atteindre comme la reconnaissance de la diversité des formes familiales. Une divergente forte s’est néanmoins maintenue concernant le niveau des dépenses publiques et ses formes.

Les facteurs qui ont influencé cette divergence se situent au niveau des objectifs et on peut classifier les pays en 5 groupes : a) Promotion de la fécondité (France) ; b) Modèle pro-traditionnel (Allemagne) ; c) Modèle pro-égalitaire (Scandinavie) ; d) Modèle pro-famille mais non interventionniste (Royaume-Uni) ; e) Modèle résiduel (Italie).

Une autre typologie a été élaborée par Olivier Thévenon (2011).

Agenda européen

L’agenda européen se préoccupe de la conciliation famille-travail et de la parentalité avec la prédominance du modèle du double emploi depuis le début du XXIème siècle et l’objectif d’atteindre 75% de femmes sur le marché du travail.

Pour répondre aux défis de la conciliation travail-famille, un budget plus important a été dévolu aux infrastructures d’accueil des enfants. La conciliation travail-famille pose des questions en termes de genre car la politique peut être orientée sur le rôle prédominant de la mère ou sur le partage des tâches et des rôles parentaux.

La parentalité est une dimension normative qui provoque également un large débat au sein de l’Europe. La parentalité est devenue un champ de tensions avec la montée d’un climat sécuritaire qui établit une liaison entre les contextes familiaux et la délinquance.

Observations finales

L’évolution et le pilotage de la régulation de la famille sont incertains dans un contexte conjoncturel politique sécuritaire et des contraintes économiques fortes. Le contexte n’est pas favorable à une approche convergente des politiques familiales.

 

Marie-Eve Zufferey, le 16 mai 2018



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