Notre Master en Sociologie

Genève : la santé dans tous ses états

10 avril 2017



Ce mercredi 5 avril, notre cycle de conférence a eu la chance d’accueillir le directeur du secteur prévention et promotion de la santé du canton de Genève, Pascal Haefliger. Sa contribution a alimenté notre réflexion autour des inégalités sociales de santé à travers une perspective praticienne. Le cœur de sa présentation a consisté à présenter le tout nouveau plan cantonal en matière de promotion de la santé. Issu d’une approche participative et innovante, ce plan place au centre la lutte contre les inégalités sociales de santé.

Au centre du processus politique genevois en matière de santé, la venue de Pascal Haefliger a donc principalement consisté à exposer, de façon on ne peut plus claire, les actions politiques actuellement mises en place par le canton de Genève, ainsi que celles à venir, dans le but de combattre ce que nous, sociologues, connaissons dorénavant très bien : les inégalités sociales dans le domaine sanitaire.

Il a commencé par rappeler que la Suisse n’est pas épargnée par les inégalités sociales face à la santé. Un comité de pilotage interdépartemental s’est alors réuni pour créer le « Concept cantonal de promotion de la santé et de prévention 2030», un programme d’action visant à élaborer des stratégies de santé publique pour les décennies à venir. Le concept d’inscrit dans une approche holistique de la santé, qui repose sur deux axes fondamentaux : non seulement il considère que les enjeux sanitaires traversent toute la vie d’un individu, depuis sa conception jusqu’au troisième âge, mais il intègre également tous les aspects de la vie d’un individu, allant de ses conditions de travail jusqu’à son lieu d’habitation. Pour Pascal Haefliger, le plus grand défi de ce projet cantonal sera alors d’inciter les partenaires d’autres secteurs à participer à l’effort de création des politiques de santé publique : l’exemple de l’aménagement du territoire a été évoqué à maintes reprises. Pour faciliter ce processus, les différents départements de l’administration cantonale ont tous été impliqués dans la définition du Concept cantonal. Genève s’appuie aussi beaucoup sur ses partenaires associatifs, les communes, les Hôpitaux Universitaires de Genève, etc. Pour le secteur prévention et promotion de la santé, ces actions de préventions peuvent s’autofinancer. Lorsqu’on améliore la santé de la population, des économies sont réalisées… un argument qui fait mouche au niveau politique.  

Pour terminer, plusieurs exemples d’actions concrètes contre les inégalités de santé ont été décrits par le conférencier. On y découvre une Genève particulièrement impliquée dans la santé de ses habitants, que ce soit de manière directe, en promouvant, par exemple, un dépistage du cancer du sein de qualité et à un prix abordable, ou indirecte, en proposant, par exemple des cours de cuisine saine pour les ménages à petit budget.

La séance s'est poursuivie par une courte présentation de l’intervenant, Jean Simos, docteur en sciences. Exerçant à l’Institut de santé globale, il a rappelé comment il y a 20 ans de cela, la thématique des inégalités sociales à Genève avaient déjà fait l’objet d’un rapport qui, à l’époque, n’avait pas porté ses fruits. Il a salué le travail de P. Haefliger et de ses équipes pour la mise en place de ce nouveau rapport, tout en souhaitant que celui-ci puisse avoir une portée politique forte, ce qui semble plutôt être le cas pour le moment.

La discussion avec le public a permis finalement d’aborder le rôle des partenaires et de la place des acteurs politiques dans la mise en œuvre du Concept 2030, notamment de l’importance de les convaincre des potentiels bénéfices économiques de cette conception transversale de la santé. On ne peut qu’espérer que ce projet prometteur oriente réellement les futures politiques publiques de notre canton.

 

Camila Andenmatten, étudiante du master en sociologie, 10 avril 2017



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