Nicolas Mabillard

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Dr Nicolas Mabillard

Post-doctorant, chercheur associé IRS

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Entre mars 2015 et février 2021, j’ai réalisé ma thèse de doctorat en sociologie intitulée Les enfants travailleurs/euses du Sénégal: entre droit international et conceptions locales de l’enfance. J’y ai étudié les passages sociaux, institutionnels et politiques empruntés par les notions morales de justice inspirées des pratiques courantes de travail des enfants au Sénégal. J’ai fondé mes recherches sur des enquêtes qualitatives ayant eu pour cadre tant les villes de Dakar et Saint-Louis au Sénégal que les couloirs de l’Organisation Internationale du Travail à Genève.

Mon travail de thèse s’appuie sur des enquêtes de terrain menées à Dakar et Saint-Louis entre 2015 et 2017 dans le cadre du projet de recherche FNS Living rights in translation: an interdisciplinary approach of working children’s rights (2015-2019). J’y ai analysé les conceptions qu’ont les enfants travailleurs/euses dans les milieux urbains de leurs conditions de travail. J’ai ensuite décliné leurs repères éthiques en la matière.

Les conceptions sénégalaises du travail des enfants ont inspiré une liste de droits aux membres du Mouvement Africain des Enfants et Jeunes Travailleurs, une ONG de grande envergure née à Dakar en 1994. Ce mouvement qui constitue le coeur des analyses de ma thèse a la particularité de donner aux enfants une place prépondérante dans les processus décisionnels de l’organisation en partenariat avec des adultes. Les enfants participent à la mise en place de programmes d’assistance, négocient directement avec les organisations de bailleurs de fonds, effectuent le plaidoyer lors de conférences sur le travail des enfants, etc. L’étude s’est concentrée sur les enjeux des « traductions » de ces droits à l’Organisation des Nations Unies par des membres du mouvement âgé-es de moins de dix-huit ans. J’y ai inspecté dans quelle mesure ces droits ont influencé les politiques internationales sur le travail des enfants à l’ONU et l’avenir du mouvement. Ainsi, j’ai contribué à l’analyse sociologique du fonctionnement en pratiques des institutions onusiennes.

Depuis mars 2021, je mène des nouvelles enquêtes sur la thématique des enfants sénégalais-es. Elles sont financées grâce au programme Early Postdoc.Mobility du FNS. Je suis Senior Fellow Researcher à l’Institut für Afrikawissenschaften de l’Université de Vienne, en Autriche et chercheur associé à l’IRS de l’Université de Genève.

Je focalise mon attention sur les enfants de parents sénégalais vivant dans un pays européen – l’Autriche en l’occurrence – qui sont « envoyé-es » auprès de la famille d’un des parents – généralement la mère – pour des périodes allant de quelques semaines à plusieurs années. Ces enfants sont dit-es ci biti (littéralement « de l’extérieur » en wolof) en référence à leur statut d’enfants vivant hors du Sénégal. Elles et ils seraient 40% des enfants de couples sénégalais vivant en Europe, aux États-Unis ou en Chine dans cette situation. La propension plus fréquente qu’auprès de familles de pays d’Asie ou d’Amérique du Sud à l’« envoi » d’enfants est un phénomène observé auprès des populations vivant en Afrique de l’Ouest. Mon but est d’analyser comment ces enfants qui vivent dans deux sociétés aux conceptions de l’enfance très différentes se socialisent « entre deux mondes » dans leur vie familiale et en société. La mobilité est l’une des caractéristiques fondamentales des sociétés globalisées contemporaines. Mes recherchent visent à mettre en lumière un point crucial de la reproduction de la socialisation sénégalaise en migration à travers ces enfants. Comment prennent-ils/elles part à de nouvelles pratiques de mobilité géographique et sociale ?


Sociologie