Michel Mayor et Didier Queloz lauréats du Prix Nobel de physique
Le 6 octobre 1995, Michel Mayor, professeur à l’Observatoire de la Faculté des sciences de l’Université de Genève (UNIGE), et son doctorant Didier Queloz révolutionnaient le monde de l’astrophysique en annonçant la découverte de la première planète située en-dehors de notre système solaire. Nommée 51 Pegasi b, cette toute première exoplanète fait l’effet d’une bombe dans le milieu des astrophysiciens. Depuis lors, les recherches n’ont cessé de se développer et l’on recense aujourd’hui quelque 4'000 exoplanètes.
Vision d'artiste de la planète 51 Peg b, et la courbe de vitesses radiales qui a permis de la détecter.
Leur travaux sont aujourd’hui récompensés par un Prix Nobel de physique. Ils partagent cette extraordinaire distinction avec James Peebles, professeur émérite à l'Université de Princeton aux Etats-Unis.
Il y a 24 ans, Michel Mayor et Didier Queloz se rendent à une conférence scientifique à Florence et annoncent avoir découvert la première planète située en dehors du système solaire: 51 Pegasi B. «Personne ne savait si les exoplanètes existaient ou non, se rappelle Michel Mayor. Des astronomes prestigieux les cherchaient depuis des années… en vain !» En effet, les technologies pour permettre une telle découverte n’existaient pas encore à l’époque. Il faudra attendre le spectrographe Elodie (alias super-Coravel), mis en service en 1993 sur un télescope de 2m de diamètre en Haute-Provence. Grâce à la précision de ses mesures (15m/s), Michel Mayor et Didier Queloz repèrent en 1994 un objet stellaire faisant le tour de son étoile en 4,2 jours. «Nous étions tellement excités à l’idée d’avoir trouvé une exoplanète ! raconte Didier Queloz. Mais il nous fallait d’abord confirmer nos observations avant de révéler quoique ce soit.» En juillet 1995, les deux astrophysiciens n’ont plus aucun doute: ils viennent de découvrir la première exoplanète !
«Cette découverte est la plus excitante de toute notre carrière, et qu’elle soit récompensée par un Prix Nobel, c’est tout simplement extraordinaire», s’émeuvent Michel Mayor et Didier Queloz.
Les outils actuels – tels le satellite CHEOPS ou encore le nouveau spectrographe ESPRESSO construit à Genève et installé sur le Very Large Telescope de l’ESO au Chili – ouvrent de nouvelles perspectives dans la recherche d’exoplanètes. Il s’agit maintenant d’analyser de près ces systèmes planétaires, notamment leur origine, leur évolution et leurs caractérisations physiques et chimiques. Cette tâche revient notamment au Pôle de recherche national (PRN) PlanetS, qui réunit les centres d’excellence consacrés à l’étude des exoplanètes, dont l’UNIGE est un pilier.
Ces recherches cachent également l’espoir de déceler une vie extraterrestre. Le nombre théorique gigantesque de systèmes planétaires (estimé à des dizaines de milliards) permet aux astrophysiciens de croire en l’existence d’autres mondes évoluant dans des conditions favorables à l’éclosion de la vie. Si nous considérons que les organismes évoluent de la même manière que sur la Terre, la présence de gaz carbonique et d’eau indiquera que la planète est habitable. Si l’on y trouve de l’ozone, cela sera la preuve qu’elle est habitée. Toutefois, il ne s’agit que d’une hypothèse scientifique.
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8 octobre 2019Actualités