2013

Les aventuriers de la biodiversité perdue

Fossiles microscopiques de radiolaires

Les sédiments présents sous la surface des fonds océaniques constituent les archives les plus importantes de la biodiversité marine. Jusqu’à maintenant, les microfossiles étaient la seule source d’information accessible aux chercheurs, alors que l’immense réservoir d’ADN ancien accumulé dans le sol demeurait inexploré. Ce n’est désormais plus le cas. Une équipe de chercheurs pilotée par Jan Pawlowski, professeur à la Faculté des sciences de l’Université de Genève (UNIGE), vient en effet de découvrir un véritable trésor reposant par 5’000 mètres de fond.

‘Nous avons prélevés des échantillons de sédiments sous la surface d’une plaine abyssale désertique, au large des côtes du Brésil. Les couches les plus profondes contenaient du matériel génétique d’organismes unicellulaires ayant vécu il y a près de 32'500 ans’, rapporte le biologiste. Les chercheurs se sont concentrés sur l’ADN de deux groupes de protistes marins, les foraminifères et les radiolaires, dont certains membres possèdent un minuscule squelette calcaire ou siliceux.

En collaboration avec des équipes de Pologne, de France et d’Allemagne, les généticiens ont isolé les fragments d’ADN ciblé à l’aide de sondes spécifiques. Ils les ont ensuite séquencés et comparés à celui des espèces connues. ‘Nous avons découvert 169 espèces de foraminifères et 21 de radiolaires, dont de nombreuses inconnues à ce jour’, explique Franck Lejzerowicz, doctorant au Département de génétique et évolution de l’UNIGE et premier auteur de l’article, paru le 8 mai 2013 dans la revue Biology Letters.

Les chercheurs ont également trouvé bon nombre d’espèces dont il ne reste aucune trace fossile. Ce domaine inexploré pourrait fournir de nouvelles perspectives dans l’étude de l’histoire des océans et des changements climatiques. ‘Ce type d’ADN ancien est préservé dans des sédiments abyssaux datant au moins de la dernière ère glaciaire. Une fois qu’on aura identifié l’ADN d’espèces préférant certaines conditions environnementales, l’ADN déposé au fond des océans pourrait être employé pour révéler des variations du climat’, note Jan Pawlowski.

En savoir plus...  Commentaire dans Science NOW , le site de nouvelles en ligne de la revue Science.

Contact :

Pour obtenir de plus amples informations, n’hésitez pas à contacter le Prof. Jan Pawlowski (Tél. ++41 22 379 30 69).

Référence :

Ancient DNA complements microfossil record in deep-sea subsurface sediments, Lejzerowicz F, Esling P, Majewski W, Szczucinski W, Decelle J, Obadia C, Arbizu P M, Pawlowski J , Biol. Lett., 2013 May 8.DOI

Communiqué de presse préparé par la Dr Lara Pizurki

15 mai 2013
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