Les premiers documents
grecs en écriture alphabétique datent du huitième
siècle avant J.-C. L'alphabet grec est une adaptation de l'alphabet
phénicien. Il a donc une origine sémitique. Les noms grecs
traditionnels des lettres attestent cette origine. Même s'il est
aujourd'hui difficile de le voir, l'alphabet grec est apparenté
à l'alphabet hébraïque. Les Grecs ont apporté
deux grandes innovations à l'écriture alphabétique
: ils ont graduellement changé le sens de l'écriture (de
gauche à droite, et non plus de droite à gauche) et ont utilisé
certains signes (qui représentaient des consonnes inexistantes dans
leur langue) pour représenter les sons vocaliques.
Nous allons apprendre une
forme d'alphabet qui comporte deux séries de 24 lettres : les majuscules
et les minuscules. La distinction entre majuscules et minuscules ne s'est
imposée que tardivement, tout aussi bien que la division entre les
mots et la notation systématique des accents et de la ponctuation.
La forme des minuscules n'a été mise au point qu'autour de
l'année 800, alors que la forme des majuscules est celle que l'on
utilisait déjà à l'époque classique et que
l'on trouve sur les inscriptions gravées sur la pierre datant de
cette période. La systématisation de la ponctuation et des
accents a été également introduite par les scribes
de l'époque byzantine.
Les signes de l'alphabet
grec ne sont pas très différents des signes de l'alphabet
latin. Et pour cause ! L'alphabet latin est dérivé de l'alphabet
grec. Les Latins l'avaient connu par l'intermédiaire des colonies
helléniques de la Grande Grèce (Italie du Sud) : rappelons-nous
que Naples, par exemple, a été fondée par des colons
grecs, tout comme Marseille... Plus tard, l'alphabet grec servira également
de modèle à l'alphabet cyrillique, mis au point au neuvième
siècle, à l'époque de l'évangelisation des
Slaves, dans le but de fixer par écrit une traduction de la Bible
dans leur langue.
Nous ne proposerons pas ici
une prononciation du grec qui correspondrait à celle effectivement
en usage au premier siècle de notre ère, que ce soit en Judée,
à Athènes ou à Corinthe. Même si nous le voulions,
il nous serait du reste impossible de la reconstituer avec certitude. La
prononciation proposée est donc un compromis. Sans trop s'écarter
de ce que l'on peut savoir de la prononciation antique, elle s'avère
être une convention pratique pour l'apprentissage de la langue. Elle
a l'avantage de rejoindre les traditions scolaires des différents
pays modernes. Il faut néanmoins se rappeler que certains sons ne
se prononçaient pas à l'époque de Jésus, de
Paul et des évangélistes comme nous le ferons. Je signalerai
plus loin les différences les plus notables que l'on peut prouver
avec une certitude suffisante. Il s'agit d'éléments phonétiques
qui montrent que l'évolution vers la prononciation actuelle du grec
avait déjà bien commencé.