Semaine internationale du cerveau
du 15 au 21 mars 1999

Allocution de Mme Martine Brunschwig Graf, présidente du Conseil d'Etat et Conseillère d'Etat chargée du département de l'Instruction publique

Madame la Présidente, Monsieur le Recteur,
Mesdames et Messieurs les membres du corps professoral
Mesdames et Messieurs,

Cette nouvelle Semaine Internationale du Cerveau offre l'occasion bienvenue pour l'Université de Genève, de mobiliser ses talents à travers les facultés de médecine, des sciences, de psychologie et des sciences de l'éducation. Au nom du gouvernement genevois, j'aimerais donc saluer cette initiative et souligner combien elle s'inscrit bien dans notre volonté à tous de voir les liens se développer et se renforcer entre le monde universitaire et la cité.

En cette fin de siècle où le progrès scientifique semble ne pas devoir trouver ses limites, consacrer une semaine à la réflexion sur le cerveau, c'est replacer le débat scientifique au coeur des problèmes les plus aigus qu'affrontent les êtres humains en termes de troubles de santé. La recherche a progressé dans maints domaines et permet aujourd'hui de procurer une espérance de vie longue et dont la durée ne fait que s'allonger. Encore faut-il que les années ainsi gagnées puissent être vécues en toute conscience et en toute plénitude. C'est là l'un des gros défis que notre société se doit de relever, raison pour laquelle elle place un immense espoir dans les travaux de recherche entrepris notamment dans le domaine des neurosciences.

En plus de vos activités plus strictement scientifiques, vous avez choisi de partir à la rencontre de la population, d'ouvrir vos laboratoires à nos élèves et étudiants, de permettre à tout un chacun de se rendre sur le lieu même des activités de soins et de recherche. Cette ouverture est salutaire. Je dirais même qu'elle est indispensable.

Chacun se souvient encore du vote populaire de l'an dernier sur le génie génétique. Les citoyens ont tranché en faveur de la recherche et du progrès scientifique. Cela ne dispense en rien les scientifiques de se préoccuper de façon constante d'agir en phase avec la collectivité. Aujourd'hui, comme au début du siècle, la science impressionne et fait peur parfois. Les recherches qui portent sur le cerveau, les activités scientifiques qui touchent à la génétique, tout fascine et inquiète quant au pouvoir ainsi donné à celles et ceux qui possèdent la connaissance. Il est donc indispensable que des actions telles que la Semaine Internationale du Cerveau aient lieu, afin que les scientifiques puissent, au-delà de leur savoir, transmettre leur éthique, leur respect de l'être humain, leur compassion à l'égard de la souffrance et leur volonté de servir, par leur engagement professionnel, à l'amélioration du bien-être de leurs concitoyens.

Cette démonstration est particulièrement importante pour nos élèves et étudiants. C'est parmi eux que se recrutent les futurs chercheurs, ce sont eux qui se mettront à vos côtés dans quelques années à l'école du cerveau. C'est donc à eux qu'il faut communiquer cette passion de la découverte, cette curiosité indispensable à la progression de la recherche mais aussi cette rigueur dans la démarche et cette volonté d'apprendre.

Etudier le cerveau c'est aussi apprendre à se connaître et découvrir les forces et les faiblesses du centre de la pensée et du rêve. Nous savons bien que nous n'en sommes qu'au tout début de la connaissance dans le domaine du cerveau. Ce n'est d'ailleurs pas le moindre paradoxe que de constater que la recherche aura petit à petit percé les secrets de toutes les parties du corps humain, à l'exception du cerveau. Il fallait sans doute s'exercer progressivement à la complexité avant d'aborder le système le plus complexe et le plus mystérieux!

Je souhaite à cette Semaine Internationale du Cerveau de rencontrer le succès qu'elle mérite. J'espère surtout qu'elle permettra de véritables rencontres entre la science et la population et que de cette démarche émergera une confiance vigilante mais renforcée à l'égard de l'activité scientifique en général et de celle qui porte sur le cerveau en particulier.