Semaine internationale du cerveau
du 15 au 21 mars 1999

UNE APPROCHE NECESSAIREMENT INTERDISCIPLINAIRE

Allocution de Bernard Fulpius, Recteur de l'Université de Genève

Du point de vue interdisciplinaire, l'étude du cerveau, dans le contexte actuel, est exemplaire. Rappelons que, dans le cadre du découpage universitaire classique, par faculté, c'est au sein des facultés de médecine, des sciences et de psychologie qu'elle a été menée jusqu'à présent et qu'elle continue et continuera d'être menée.

La recherche sur le cerveau, descriptif large d'une recherche touchant également les composantes cellulaires et infracellulaires de ce dernier, fut longtemps limitée par la méthode choisie, inhérente à une discipline facultaire. Ce furent la neuroanatomie, la neurophysiologie, la biologie du développement, la psychologie et la psychiatrie pour ne citer que des exemples connus de tous. Si, dans ce contexte relativement clair, l'enseignement était prodigué au sein de filières le plus souvent distinctes, les travaux de recherche, eux, ont très tôt dépassé les limites strictement disciplinaires, du fait de l'éclosion de nouvelles technologies mises à disposition de chercheurs n'ayant pas nécessairement la même formation. Les plus récents développements auxquels il a déjà été fait allusion ce matin et qui suscitent un intérêt sans cesse croissant, laisseraient stupéfaits les chercheurs de la génération précédente qui ne pouvaient que rêver, et encore, que l'on puisse mesurer de façon visible et précise, par des techniques d'imagerie, l'activité de certaines parties du cerveau associée à une sensation, voire une réflexion. Ainsi, il est un fait bien établi qu'en recherche l'approche interdisciplinaire s'est imposée et qu'elle va se développer.

Plus complexes sont les problèmes liés à l'enseignement. Distinguons d'emblée l'enseignement des premier et deuxième cycles de l'enseignement du troisième cycle. A ce dernier niveau, l'approche interdisciplinaire s'impose, les bénéficiaires ayant, chacun, dans leur domaine de formation, des bases suffisantes pour leur permettre d'assimiler des développements faisant appel, même partiellement, à leurs connaissances acquises. De tels programmes d'enseignement de troisième cycle sont régulièrement mis en place et développés. Ces derniers sont censés offrir, sans créer de nouvelles structures, les conditions propices à l'avancement d'un certain nombre de projets d'enseignement et de recherche, considérés en premier lieu sous l'angle de l'interdisciplinarité. De tels programmes doivent être conçus et gérés de façon relativement autonome et leurs objectifs clairement exprimés au moment de leur lancement. Considérés en quelque sorte comme des laboratoires sans murs, ils regroupent enseignants et chercheurs rattachés, par ailleurs, à l'une ou à l'autre des facultés engagées et doivent bénéficier, pour leur avancement, non seulement des contributions de certains membres de chacune des facultés concernées, mais aussi de crédits destinés à couvrir les frais qui leur sont propres et à assurer, pour un temps défini, la participation de collaborateurs supplémentaires. A notre sens, l'exécution de tels programmes devrait pouvoir satisfaire aux nouvelles exigences en matière de gestion des services publics qui offre une large place aux pratiques contractuelles. Le lancement, tout récent, sous l'égide du Fonds national suisse de la recherche scientifique, des pôles de recherche nationaux insérés dans le cadre d'un réseau de Hautes écoles, va privilégier le développement des recherches interdisciplinaires et de l'enseignement du troisième cycle tels que je viens de les rappeler.

Préciser la place à accorder à des programmes interdisciplinaires pose une question difficile à résoudre du fait que l'Université compte, dans ses structures, des facultés qui doivent continuer d'exister et être dotées des moyens nécessaires, car elles sont en premier lieu responsables de l'enseignement et de la recherche qui sont associés à toute une série de disciplines bien décrites, disciplines traditionnelles dont la structure s'est précisée au fil des siècles et qui continuent de représenter le cadre qui permet, en particulier, d'établir les plans d'études offerts aux étudiants des premier et deuxième cycles. Cette situation est complexe du fait d'une tendance croissante de la société à poser, au-delà des schémas de pensée traditionnels, un regard nouveau sur les disciplines existantes et à identifier de nouveaux secteurs interdisciplinaires que d'aucuns appellent les nouveaux objets du savoir. Le cerveau en est un exemple évident. Autour de son étude devront s'organiser des enseignements nouveaux, dotés de certifications propres qui vont obliger les facultés à s'associer et à octroyer des diplômes communs d'un contenu, a priori, inédit, auxquels pourront s'inscrire, hors des filières conventionnelles, des universitaires venant d'horizons différents et ayant été formés de façon fort diverse. C'est probablement sous l'impulsion de cette démarche intellectuelle nouvelle que les structures de nos Hautes Ecoles vont le plus changer, tant sur les thèmes d'études que sur la nature de la formation qui seront offerts.

Il me semblait que cette composante académique devait être soulignée lors de l'ouverture de la Semaine internationale du cerveau, car elle représente un élément central au débat qui évolue très rapidement.

Image E-mail Sylvie Détraz Presse, Informations, Publications
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Mise à jour: mars 1999 - Louis Monney

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