Semaine internationale du cerveau
du 15 au 21 mars 1999

Ulrich Frauenfelder & Pascal Zesiger

Comprendre et produire des mots sont des activités que nous réalisons en permanence, de manière automatique et sans effort. Pourtant, pour le psycholinguiste qui se fixe pour but d'en étudier le fonctionnement, le traitement du langage oral soulève de multiples problèmes. Par exemple, en situation de communication ordinaire, l'auditeur est placé devant la nécessité de traiter en moyenne 200 mots par minute. Il ne dispose ainsi que de 300 millisecondes environ pour localiser chaque mot à l'intérieur de son dictionnaire interne (ce qu'on appelle le lexique mental), contenant probablement entre 50000 et 100000 mots. Ce lexique joue un rôle central dans la compréhension et la production du langage, dans la mesure où il fonctionne comme interface entre deux univers foncièrement hétérogènes: l'univers physique des sons de la parole d'une part et l'univers symbolique des mots, des phrases et du discours d'autre part.

L'objet de cette conférence est de présenter quelques éclairages sur les mécanismes psychologiques permettant à l'être humain d'apprendre, de comprendre et de produire des mots ainsi que sur leurs fondements neurobiologiques.

Celle-ci débutera par la présentation de quelques données relatives aux compétences initiales du bébé, à ses premières vocalisations et à l'acquisition ultérieure des mots entre l'âge de 1 et 2 ans. Les professeurs Frauenfelder et Zesiger s'attacheront à montrer que le développement du langage ne se caractérise pas seulement par des changements quantitatifs (augmentation du nombre de mots compris et produits), mais aussi par des changements qualitatifs (modifications de l'organisation interne du lexique). Ils aborderont également la problématique des liens entre le développement du langage et celui du cerveau.

Les deux conférenciers exposeront ensuite quelques données récentes concernant l'organisation du lexique mental chez l'adulte et les modèles qui permettent de rendre compte de l'accès à ce lexique. Ils tenteront de mettre en relation ces données avec celles issues de la neuropsychologie (domaine qui s'intéresse aux troubles du langage dus à une atteinte cérébrale), ainsi qu'avec celles émanant des travaux actuels s'appuyant sur les méthodes d'imagerie cérébrale. Ces approches fournissent des éléments importants qui visent à caractériser le rapport entre le traitement des mots et le fonctionnement du cerveau.