Semaine internationale du cerveau
du 15 au 21 mars 1999

Pierre Schulz

Les philosophes et les médecins de l'Antiquité grecque portaient leur attention sur les différences de tempéraments entre individus et sur la gestion des informations de nature émotionnelle. La nature émotionnelle d'une information peut être différenciée de la nature plus intellectuelle, à savoir le raisonnement logique. Il est actuellement reconnu que les émotions sont indispensables à l'organisation de la pensée et des comportements car elles servent de facteurs de pondération à des concepts et à des raisonnements abstraits : les émotions "donnent du sens" à ces concepts et influencent de ce fait les comportements. Par exemple, l'anxiété d'anticipation d'un événement désagréable ou la joie en prévision d'un événement agréable feront que l'on évite ou que l'on recherche ces événements, selon la nature des émotions qui y sont associées. En outre, les émotions consolident les souvenirs, et ce de diverses manières.

Le cerveau comporte des zones qui traitent les informations émotionnelles, telles que la peur, la rage, la joie, etc. Le nombre de ces émotions, dites primaires, est limité à une petite dizaine. Elles n'ont pas toutes des circuits cérébraux identifiés mais se traduisent toutes physiquement. Elles s'extériorisent sous forme de modifications musculaires, cardiovasculaires et respiratoires, ainsi que par des sécrétions de différentes substances endogènes, la transpiration, les tremblements, etc. L'intensité des manifestations corporelles reflète l'intensité de l'émotion. Selon une théorie, qui n'est actuellement plus reconnue, les émotions auraient essentiellement été représentées par les manifestations physiques qui les accompagnent.

La fonction de pondération des émotions, c'est-à-dire l'importance que donnent les émotions aux événements, fait que la plupart des émotions sont du registre de la conscience; le sujet sait qu'il ressent ces émotions. Toutefois, il existe des maladies où le sujet a de la peine à percevoir l'expression des émotions chez autrui ou chez lui-même, et ces situations peuvent mener à des troubles psychosomatiques ou à des difficultés relationnelles.