Carlo Jelmini: mécanicien converti à l'informatique

  © Emir Bisevac

L'obtention d'un Prix Arditi est déjà en soi une jolie récompense dans la carrière d'un étudiant. Dans le cas de Carlo Jelmini, c'est d'autant plus remarquable et méritoire qu'il y a encore 5 ans rien ne semblait le prédestiner aux honneurs du monde académique. Après une formation de mécanicien-électricien à l'Ecole des arts et métiers dans le Tessin, son canton d'origine, il émigre à Genève en 1991. Abandonnant la technique pour le travail social, il obtient un diplôme de l'Institut d'études sociales, mettant sur pied un système d'échange local (SEL) à Onex, le premier en Suisse, et publie un ouvrage sur cette question. Il est ensuite engagé par un centre d'hébergement d'urgence. Une activité qui l'occupera pendant 4 ans. C'est finalement en 1998, à l'âge de 28 ans, qu'il entre à l'Université, bénéficiant de la "filière sans maturité". En fait de maturité, Carlo Jelmini peut faire valoir une solide expérience du monde du travail qui, dans ses moments de doutes, lui sera d'un certain secours: "Contrairement à d'autres étudiants, je savais exactement pourquoi j'étais là. C'était le résultat d'un choix mûrement réfléchi et cela m'a évité de nourrir des regrets et d'idéaliser le monde du travail".

Ce qui l'a attiré dans l'informatique? "J'ai toujours aimé travailler en vue d'applications concrètes. Or l'informatique réduit la distance entre l'idée et sa concrétisation" Quant à combiner travail social et informatique, Carlo Jelmini reste circonspect: "il existe des réseaux civiques indépendants grâce auxquels des gens habitant un même quartier peuvent communiquer avec un aspect convivial, mais cela reste limité. L'informatique peut être utilisée pour ouvrir les esprits et faire circuler des contenus utiles au niveau social. Mais il ne faut jamais oublier que, à l'instar d'autres technologies, elle peut être employée dans des buts répressifs. Je dirais donc que l'informatique doit s'accompagner d'une bonne dose de vigilance sociale, surtout à l'heure où, suite au 11 septembre, les gouvernements sont tentés de mettre en place des politique sécuritaires qui mettent en danger les libertés fondamentales."

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