Nadia Togni

Togni
Mme Togni est Docteur ès Lettres de la Faculté des lettres de l’Université de Genève.
Philologue de formation, elle s’est occupée de l’étude de la poésie des troubadours et de sa transmission. Par la suite, elle s’est spécialement consacrée à la recherche codicologique et paléographique sur les manuscrits médiévaux.
Après avoir accompli des études à Montpellier, Paris et Poitiers, Mme Togni à obtenu le Diplôme de Conservatore dei beni archivistici e librarie della civiltà medievale à l’Université de Cassino (Italie).

Depuis 2003, Mme Togni est chercheuse du Fonds national suisse de la recherche scientifique (FNS) à la Faculté de théologie de l’Université de Genève.
Elle s’est consacrée à l’étude des Bibles atlantiques les plus anciennes, destinées dès l’origine au nord des Alpes, à savoir la Bible de Genève et celle de Sion. Elle a également repéré et analysé un exemplaire de Bible atlantique conservé en Croatie, la Bible de Dubrovnik, ainsi que des fragments provenant de la Bible atlantique de l’abbaye prémontrée de Bellelay, dans le Jura bernois.
Depuis 2001 Mme Togni collabore à la rédaction de BMB. Bibliografia dei manoscritti in scrittura beneventana, édité par l’Université de Cassin.


Titre et résumé de la conférence :

Les manuscrits atlantiques de l’abbaye bénédictine de San Pietro di Perugia

Dans les Archives de l’abbaye bénédictine de San Pietro di Perugia en Italie, plusieurs fragments de manuscrits de format atlantique sont conservés ; il s’agit de fragments du texte biblique, mais aussi de manuscrits liturgiques : des passionnaires, des commentaires, des lectionnaires, des sacramentaires.

Dernièrement, dans les fonds des manuscrits de la bibliothèque de la ville, j’ai repéré d’autres fragments qui présentent les mêmes caractéristiques que les manuscrits atlantiques, contenant des passages du texte biblique ainsi que des textes liturgiques et patristiques.

Selon mon hypothèse, ces fragments appartenaient tous à un fonds homogène de manuscrits de format atlantique, réalisés entre la fin du XIe et le début du XIIe siècle à l’usage de la communauté bénédictine de San Pietro di Perugia. Ces manuscrits seraient liés à la Bible atlantique conservé aux Archives de la même abbaye sous la cote ASPi, C.M. 1, ainsi qu’à un deuxième exemplaire de Bible atlantique dont il nous reste quelques fragments.

Au début du XIIe siècle, l’abbaye de San Pietro di Perugia était déjà une institution fort puissante, qui gérait un patrimoine foncier très vaste et un réseau de dix-neuf paroisses. Déjà à cette époque, selon ce qui prescrit la Règle de saint Benoît, la communauté monastique possédait une très riche bibliothèque et des recueils de livres destinés aux célébrations liturgiques chorales, vraisemblablement gardés dans le choeur ou dans la sacristie de la basilique.

L’analyse de ces fragments, parmi lesquels ceux de la Bible atlantique, permet de reconstituer – au moins en partie – le contenu et la consistance du fonds de manuscrits liturgiques utilisés par les moines de San Pietro di Perugia lors de l’Office divin au XIIe siècle. Par la suite, ces manuscrits auraient été remplacés par d’autres livres liturgiques, telles que les deux séries complètes des grands livres de lutrin, la première datant de 1470 environ, la deuxième des années 1520-1530.

Le fait que l’abbaye bénédictine de San Pietro di Perugia ait possédé pas moins de deux Bibles atlantiques montre bien qu’à partir de la fin du XIe siècle, elle était déjà un pôle d’attraction de tout le mouvement monastique en Italie, fortement liée au milieu des réformateurs romains, comme il est d’ailleurs démontré par les documents d’archives.


Titre et résumé de la conférence :

Biblion. Système d’analyse informatisée des manuscrits atlantiques.

par Nadia Togni – Laurent Moccozet – Laurent Opprecht

La recherche sur les Bibles et les manuscrits atlantiques a produit une grande quantité des données, le plus souvent liées à une image numérique. L’analyse, l’interprétation et la comparaison des données selon des paramètres établis nécessitent forcément d’un système informatisé qui permet le traitement automatique de toutes les informations recueillies.

Biblion est le système élaboré pour la classification, la sélection, le stockage, la transmission, l’utilisation et l’interrogation des données concernant les Bibles et les manuscrits atlantiques ; ceux-ci constituent en effet un champ d’application idéal pour ce type d’analyse informatisée, en raison de l’homogénéité de leur aspect extérieur ainsi que de leur localisation et datation bien déterminées.

Le système Biblion a été conçu en tant qu’application des technologies informatiques aux disciplines du livre manuscrit (la codicologie, la paléographie et l’enluminure). Le traitement automatique des informations nous a permis de pousser l’analyse de tous les aspects matériels du manuscrit jusqu’à l’élément minimal, issu de la décomposition structurale de chacun des éléments matériels, graphiques et ornementaux.

Le système Biblion se décline en une base de données et un logiciel qui permet la saisie, la consultation et l’interrogation des données et des images. Le système est structuré en différents modules qui, tout en étant liés entre eux, restent autonomes. À présent, on a développé les premiers modules du système :

  1. Module manuscrit : il s’agit du module de base contenant les données relatives à l’identification et la structure matérielle du manuscrit ; cette dernière comporte deux sections distinctes : celle des cahiers et celle des feuillets. Les données de ce module permettent de localiser sur la surface des pages du manuscrit tout élément textuel, graphiques, ornemental et autre ;
  2. Module fragments : il contient les données concernant l’identification et la description matérielle des fragments ; ce module contient les mêmes valeurs que le manuscrit et le feuille ;
  3. Module texte : il décrit en détail la séquence et l’ordre des groupes de livres bibliques et des livres bibliques. Les données concernant l’articulation modulaire du manuscrit en cahiers / blocs de cahiers et les données relatives à la séquence des unités textuelles sont croisées, de façon à vérifier la coïncidence éventuelle entre les unités textuelles et les unités matérielles du manuscrit.

Ce système permet la consultation de toutes les données saisies par le catalogueur et organisées en fiches descriptives. Il permet également l’interrogation des donnes par champs simples et, ce qui plus est, l’interrogation par critères multiples, par exemple la datation du manuscrit et une valeur établie, telle que la proportion et la taille des feuillets ; ou la césure entre les blocs de cahiers et le premier livre biblique de la séquence textuelle qui y est contenue.

Le système Biblion a été réalisé dans le cadre d’un projet de recherche promu par la Faculté de théologie et financé par le Fonds National de la Recherche Scientifique (FNS), en collaboration avec le Centre universitaire informatique de l’Université de Genève (CUI).

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