Les récents dragages malacologiques de M. le Prof. Emile Yung dans le lac Léman (1912) a 🔗
Les importants matériaux préliminaires, dont M. le Prof. Émile Yung a bien voulu me confier l’examen, renferment un certain nombre de formes nouvelles. Je me propose d’en publier ci-après les diagnoses. Le regretté Prof. Forel m’avait déjà communiqué en 1910 quatre variétés inédites, dont deux ont été retrouvées par M. Yung ; je donnerai aussi la description des deux autres. Enfin, je ne saurais trop remercier M. Henri Fischer, dont l’avis m’a été des plus précieux.
On sait que six espèces de Mollusques seulement, sans aucune variété, étaient connues de la faune profonde du lac Léman, les Limnæa profunda, abyssicola et Foreli, le Valvata lacustris et les Pisidium Foreli et profundum, décrits, soit par Brot, soit par Clessin.
Genre Limnaæ Lam.
Dans le 40e volume du Zoologischer Anzeiger M. Waclaw Roszkowski a publié un travail préliminaire du plus haut intérêt. S’appuyant principalement sur l’anatomie de l’appareil reproducteur, l’auteur conclut que les L. profunda, L. Foreli et L. abyssicola ne sont pas des espèces à conserver : les deux premiers seraient des L. ovata et le dernier, un L. palustris. En outre, il considère avec Forel que la faune abyssale est issue de la faune littorale par voie de migration active ou passive. « Les représentants de l’espèce littorale émigrés dans les fonds ne s’adaptent qu’imparfaitement aux conditions de leur nouveau milieu, ils y végètent durant quelques générations et finissent par disparaître pour être remplacés par de nouveaux venus. »
Tout en reconnaissant la valeur de certaines assertions de l’auteur et, en particulier, de son opinion très soutenable sur les affinités des L. profunda 1, L. Foreli et L. ovata, je ne puis cependant admettre ses interprétations fondamentales. Rien ne prouve, en effet, que les formes profondes actuelles dérivent des formes littorales actuelles, ou vice versa. Je pense qu’il s’agit au contraire de transformations beaucoup plus anciennes.
Il me paraît vraisemblable que la séparation s’est faite entre formes profondes et formes littorales dès l’apparition des Limnées dans le lac Léman. Les Limnées ancestrales, ayant peuplé dès ces origines la totalité des eaux, ont donné, par évolution, dans la faune profonde, les L. Yungi, L. abyssicola, L. profunda et L. Foreli, en même temps que les mêmes formes ancestrales produisaient parallèlement, par évolution dans les eaux de surface, les L. stagnalis (et sa var. lacustris), L. palustris et L. limosa, sans que ces deux courants évolutifs aient des rapports entre eux.
Cette hypothèse explique parfaitement la ressemblance du receptaculum seminis observée par M. Roszkoswski chez L. palustris et L. abyssicola, un organe de cette nature subissant évidemment beaucoup moins l’influence du milieu que les caractères morphologiques de l’animal, ou que la coquille, ou encore que les organes dont la physiologie est directement modifiée par les conditions extérieures.
Considérons maintenant l’ensemble des Limnées évoluées dans les eaux profondes ; il est naturel qu’étant soumises à des actions du milieu très uniformes, elles présentent, d’une part, des affinités très étroites entre elles, mais, d’autre part, des caractères spécifiques très constants. Les formes de surface, au contraire, subissant des influences extérieures très variables, ont donné naissance à des espèces dont la variabilité est bien plus considérable, mais qui sont aussi plus instables.
C’est ainsi que les L. stagnalis et L. lacustris sont très polymorphes et présentent de nombreux intermédiaires, tandis que les deux formes profondes correspondantes L. Yungi et L. profunda ont des caractères moins divergents et mieux définis.
Mais, si les espèces profondes présentent entre elles des affinités bien plus étroites que les espèces littorales, cela tient à un autre ordre d’influence : l’action de l’eau profonde ayant beaucoup moins varié que l’action des eaux de surface — soit à cause de la différence dans les transformations de la nature elle-même, qui est presque immuable dans les profondeurs par comparaison aux régions de surface, soit à cause de la facilité avec laquelle des Limnées littorales changent de milieu, opposée à l’uniformité des conditions ambiantes dans les étendues abyssales — il est probable que l’évolution des espèces profondes a été relativement faible. En d’autres termes, chaque espèce profonde est plus proche de sa forme ancestrale que la forme littorale correspondante.
Dans l’hypothèse soutenue par M. Roszkowski, on comprend donc difficilement comment le seul L. ovata (sensu stricto) pourrait produire deux formes profondes aussi différentes que les L. profunda et Foreli. On comprendrait moins encore, en adaptant sa théorie aux nouvelles Limnées draguées par M. Yung, comment des formes actuelles de surface aussi polymorphes que les L. stagnalis et lacustris auraient pu fournir seulement deux formes profondes, L. Yungi et L. profunda (et même cette dernière serait un ovata), tandis que, par la marche inverse, les choses s’expliquent aisément.
Il y a, d’autre part, des particularités curieuses dans la répartition bathymétrique : le L. limosa var. sublittoralis qui, par sa coquille, est une forme purement littorale, a été dragué par M. Yung jusqu’entre 30 et 50 mètres de fond, tandis que L. Foreli, espèce abyssale, s’élève jusqu’entre 30 et même 15 mètres devant Morges, d’où me l’a envoyé le Prof. Forel. Seule, la première de ces deux formes suit la loi énoncée d’une manière générale par le grand limnologiste, mais appliquée par M. Roszkowski aux Limnées profondes connues jusqu’ici, c’est-à -dire que, seul de toutes les formes abyssales connues jusqu’ici, le L. sublittoralis dérive directement d’une Limnée littorale. (Elle est sans doute identique à la variété draguée par le docteur André dans l’extrémité genevoise du Léman, par 40 mètres de fond, et identifiée par lui au L. contracta Kob.)
Il me reste à dire quelques mots d’une particularité de distribution dont la raison nous échappe encore : tous les sous-genres entre lesquels sont réparties nos espèces actuelles indigènes de Limnées ont des représentants dans les profondeurs, à l’exception du sous-genre Fossaria. On ne trouve, en effet, aucune forme abyssale qui soit comparable au L. truncatula.
En résumé, je maintiens donc la distinction spécifique des espèces profondes et des espèces de surface, contrairement à l’opinion de l’auteur cité, et j’admets qu’à chaque forme profonde correspond une forme littorale ayant même origine ancestrale, conformément au tableau suivant :
| Formes littorales | Formes littorales |
|
L. stagnalis id. var. lacustris L. palustris L. limosa |
L. Yungi L. profunda L. abyssicola L. Foreli |
1. Limnæa (Limnus) Yungi nov. sp.
(Pl. IX, fig. 1)
Testa parvula, tenuissima, fragillima, sub lente irregulariter tenuissimeque striatula, omnino translucens, albida, satis elongata ; anfractus 6 valde convexi, leniter accrescentes, spiram regulariter productam et acuminatam formantes ; sutura profundissima ; apertura rotundato-ovalis vix ½ totæ altitudinis superans ; columella pene recta, angusta ; rima valde aperta.
Alt. cum spira integra 11-13 mm, alt. cum spira paulum erosa 10-12 mm ; lat. 5 ½-6 ½ mm. Apert. 6-7 mm longa, 4-4 ½ mm lata.
Animal court et épais, long de 9 mm, large de 5, tout blanc sale, à téguments presque transparents laissant voir très distinctement le pénis et le foie de couleur rosée, parsemé d’une quantité de petits points blancs laiteux, les points laiteux sont beaucoup moins abondants sur le haut du corps que sur les côtés, et toujours en plus grand nombre à mesure qu’on se rapproche du pied. Le manteau seul est parsemé de rares points noirâtres. Collier blanc sale un peu plus clair que le dessus du corps, très mince et ne se réfléchissant pas sur le bord de la coquille. Cou trapu et très court, de même couleur que la tête. Tête large, courte et semi-circulaire, ne dépassant qu’à peine le bord de la coquille, légèrement grisâtre, passablement ponctuée de blanc laiteux. Tentacules (pl. IX, fig. 8 b) très dilatés, triangulaires, très pointus, tout à fait droits sur les bords, formant un angle presque droit avec les côtés de l’animal, grisâtres, presque transparents, beaucoup moins riches en points laiteux que le reste de la tête. Yeux tout petits, formés d’un minuscule point noir situé au point d’insertion du tentacule, à la base interne, très apparents, placés sur une faible saillie qui, dans l’eau, est de même couleur que le reste de la tête mais qui, après un contact de quelques minutes à l’air libre, devient plus claire par l’apparition de nouveaux points laiteux ; j’ai constaté ce phénomène sur deux individus. Chaperon dépassant le pied en avant de 1 ½ mm., très large, légèrement échancré dans le milieu, à lobes latéraux très peu saillants, légèrement arrondis, de même couleur que le reste de la tête. Bouche (pl. IX, fig. 7) assez apparente, éloignée de ½ ou ¾ mm. du bord antérieur du chaperon, dans la partie médiane ; elle a une forme intermédiaire entre l’Y et le T, à fentes antérieures formant entre elles un angle très obtus et valant chacune en longueur un peu plus des ⅔ de la fente postérieure. Mâchoire (pl. IX, fig. 6) supérieure assez arquée, légèrement échancrée à son bord supérieur, et à bord inférieur fortement arqué, présentant une forte saillie qui correspond à l’échancrure du bord supérieur ; extrémités légèrement atténuées, assez pointues ; mâchoires latérales très minces, pointues aux extrémités, moins longues que la mâchoire supérieure. Pied séparé du chaperon, très large et très obtus en avant, insensiblement rétréci vers l’arrière, entièrement blanc laiteux, mais plus clair sur les bords, présentant à la loupe une multitude de points laiteux sur un fond grisâtre presque transparent ; ces points sont moins abondants à la périphérie ; côtés peu inclinés. Queue dépassant à peine la coquille un peu rétrécie vers l’extrémité qui est légèrement acuminée. Orifice pulmonaire très imperceptible, étroit, non évasé sur les bords, placé près du limbe et bordé de points laiteux plus nombreux qu’ailleurs, de même que le collier. Cet orifice respiratoire ne s’ouvre que très rarement et ne présente jamais qu’une très petite ouverture même quand l’animal fait sortir brusquement tout l’air contenu dans le poumon pour replonger au fond du bocal d’observation. Ces Limnées savent même surnager à la surface, la coquille renversée, en gonflant leur poumon d’air, et, lorsqu’on les agace, lâcher subitement un globule d’air en plongeant en ligne droite.
Coquille petite, extrêmement fragile, à peine striée, très finement et très irrégulièrement, tout à fait transparente, blanchâtre ou faiblement cornée, passablement allongée. 6 tours de spires très convexes, s’accroissant très lentement, formant une spire régulièrement allongée et acuminée, les deux premiers tours de spire plus ou moins érodés, parfois tronqués, le dernier régulier, non dilaté, suture très profonde. Ouverture ovale, arrondie, occupant à peine un peu plus de la moitié de la longueur totale, l’angle formé au point d’insertion du bord droit est très obtus. Columelle presque droite, mince, à peine dilatée à sa partie supérieure, fente ombilicale très ouverte, mais beaucoup moins chez les variétés vivant moins profondément. Péristome extrêmement mince, tranchant, régulier.
Habitat. — En face de Cully : 217 m de fond (trois exemplaires).
Var. humilis nov. var.
(Pl. IX, fig. 2)
Coquille beaucoup plus petite que le type, corné jaunâtre, presque transparente, très fragile, beaucoup plus finement et plus régulièrement striée, un peu plus allongée ; 4 tours de spires très convexes, s’accroissant plus rapidement et moins régulièrement, formant une spire beaucoup plus courte, entière, plus obtuse ; suture profonde ; ouverture bien plus allongée, ovale, dépassant de beaucoup la moitié de la longueur totale ; l’angle formé au point d’insertion du bord droit est beaucoup moins obtus ; columelle fortement tordue, beaucoup plus mince, très dilatée à sa partie supérieure ; fente ombilicale étroite, péristome normal.
Haut. 6 ½ mm ; larg. 4 mm. Ouverture longue de 3 ¾ mm, large de 3 ¼ mm.
Habitat. — Entre Lutry et Cully, 30-50 m de fond.
Var. intermedia nov. var.
(Pl. IX, fig. 3)
Animal différant du type par des téguments plus colorés, beaucoup plus tachetés de noir ; foie plus coloré ; tentacules (fig. 8 a) beaucoup moins régulièrement triangulaires, obtus, à bords fortement arqués, convexes ; pied jaunâtre, mais bordé d’une ligne toute blanche, formée de l’agglomération des points laiteux, de même que le limbe.
Coquille plus petite que le type, de couleur corné pâle, transparente, très fragile, très finement et irrégulièrement striée, ramassée, plus obtuse, plus ou moins ventrue ; 4-5 tours de spire très convexes, s’accroissant plus rapidement, assez régulièrement et formant une spire plus courte, obtuse, plus conique, entière ; suture profonde ; ouverture un peu plus arrondie, ovale, occupant un peu plus de la moitié de la longueur totale (11/18 ou 9/16) ; l’angle formé au point d’insertion du bord droit est identique à celui du type ; columelle plus ou moins tordue, variable et intermédiaire entre celle du type et celle de la var. humilis, en atteignant, mais plus rarement, ces deux extrêmes ; fente ombilicale plus ou moins ouverte, en général peu ; péristome normal.
Haut. 7-10 mm ; larg. 3 ¾-4 ½ mm. Ouverture longue de 4 à 5 ½ mm, large de 3 à 3 ½ mm.
Habitat. — Entre Lutry et Cully : 30-50 m de fond.
Var. ventriosa nov. var.
(Pl. IX, fig. 4)
Coquille moyenne, environ de la grandeur du type, corné très pâle ou blanchâtre, très finement striée comme le type, très ramassée, obtuse et très ventrue ; 4 tours de spire extrêmement convexes, s’accroissant rapidement, formant une spire très courte, obtusément conique, entière ou un peu érodée ; suture très profonde ; ouverture très arrondie, légèrement ovale, occupant les 7/11 de la longueur totale. L’angle formé au point d’insertion du bord droit est encore plus obtus que chez le type ; columelle très tordue, très mince ; fente ombilicale passablement ouverte ; péristome tranchant, légèrement évasé.
Haut. 11 mm, larg. 6 ½ mm. Ouverture haute de 7 mm, large de 5 mm.
Habitat. — En face de Nyon à 47 m de fond, et entre Cully et Lutry 30-50 m.
De toutes les formes du L. Yungi, cette variété est la plus voisine du L. profunda, mais cependant on ne connaît pas de formes intermédiaires.
Var. acella
(Pl. IX, fig. 5)
Animal semblable au type.
Coquille de grandeur normale, très brillante, alors que le type ne l’est qu’à peine, très fragile, tout à fait transparente, vitrée, à peine blanchâtre, très allongée et pointue ; 5 tours de spires moins convexes que ceux du type, s’accroissant assez rapidement, formant une spire très pointue, allongée, intacte, régulière ; suture un peu moins profonde que celle du type ; ouverture un peu plus allongée, plus ovale, moins oblique, occupant les 7/12 de la longueur totale, l’angle formé au point d’insertion du bord droit est passablement moins obtus que celui du type ; columelle assez tordue, de largeur normale, assez dilatée à sa partie supérieure ; fente ombilicale très petite; péristome très mince, tranchant.
Haut. 12 mm ; larg. 5 ½ mm. Ouverture haute de 7 mm, large de 4 ½ mm.
Habitat. — Cully à 247 m de fond.
Forma nigrita
Coquille semblable à celle du type acella, mais un peu plus cornée et à péristome très finement bordé de noir.
Animal : tête, cou et pied complètement noir cendré unicolore ; manteau et limbe gris foncé, également unicolores.
Habitat. — Entre Lutry et Cully : 30-50 m de fond.
2. Limnæa profunda Clessin
1874 Limnæa stagnalis Brot, Matériaux pour servir à l’étude de la faune profonde du lac Léman, in Bull. Soc. vaud. sc. nat., vol. XIII, 1re série, XV, p. III, pl. III, fig. 4.
1877. Limnæa profunda Clessin, Malak. Bl. XXIV, p. 171, pl. III, fig. 8.
1890. Limnæa profunda Clessin, Moll. F. OEst. Ung. Schw., p. 770, fig. 504.
Cette espèce n’était représentée dans aucun des matériaux que j’ai reçus, mais je la mentionne pour en faire remarquer les caractères différentiels.
La coquille est relativement grande, haute de 15 mm, large de 9 à 10 ; elle est mince et fragile, jaune verdâtre. 4 ½ à 5 tours de spire très convexes, s’accroissant plus rapidement que chez l’espèce précédente, formant une spire très courte, conique, assez pointue. Suture assez profonde. Ouverture plus arrondie que celle du L. Yungi ; occupant une beaucoup plus grande partie de la spire entière que chez l’espèce précédente et l’angle formé au point d’insertion du bord droit est passablement plus obtus.
Comme on le voit, cette Limnée est fort bien caractérisée et est nettement distincte de la forme la plus ramassée du L. Yungi, de la var. ventriosa.
3. Limnæa (Limnophysa) abyssicola Brot.
1874. Limnæa abyssicola Brot, Matér., 1e sér., XV, p. 112, pl. III, fig. 5-6.
1877. Limnæa abyssicola Clessin, Malak. Bl. XXIV, p. 172, pl. III, fig. 9.
1891. Limnæa abyssicola Clessin, Moll. F. OEst. Ung. Schw., p. 771, fig. 505.
Comme les espèces précédentes le Limnæa abyssicola est une forme très bien caractérisée, assez commune jusqu’à d’assez grandes profondeurs, mais moins variable que le L. Yungi. Elle est remarquable par sa petite taille et sa forme oblongue cylindrique, à spire large et obtuse, relativement aux autres espèces profondes. À côté du type, il est facile de distinguer deux variations. Je crois que le vrai type — du moins la forme qu’on rencontre le plus souvent — est la figure 6 B de Brot et non pas la figure 6 A, ni la figure 505 de Clessin. Ces dernières figures représentent une forme légèrement plus élancée que je désignerai sous le nouveau nom de var. Brotiana.
Forma typica
(fig. 5 B et 6 B de Brot)
Coquille très petite, extrêmement fragile, très finement et irrégulièrement striée, très mince, transparente blanchâtre ou corné pâle, oblongue cylindrique, assez allongée, 4-4 ½ tours de spire convexes, s’accroissant assez lentement, formant une spire allongée, obtuse, large, peu régulière ; le dernier tour assez grand, régulier ; suture assez profonde. Ouverture allongée, ovale à sa partie inférieure, occupant plus de la moitié de la longueur totale ; l’angle formé au point d’insertion du bord droit de l’ouverture est très aigu. Columelle tordue, très étroite, dilatée à sa partie supérieure ; fente ombilicale très étroite. Péristome régulier, très mince, tranchant.
Hauteur 4-6,5 mm ; largeur 2,5-3,4 mm. Ouverture 2-2,5 mm de longueur.
Ce type dragué par Forel est signalé par Brot dans le Léman à 30 — 100 — 260 m de fond (et dans Bodan à 25 m) et par Clessin à Morges (50 m de fond). M. Yung me l’a communiqué, recueilli à Nyon (47 m) et entre Lutry et Cully (30-50 m)
Var. Brotiana nov. nom.
Variété figurée par Brot (fig. 5 A et 6 A) sans qu’un nom spécial y fût attaché, Clessin choisit comme type une forme intermédiaire entre cette variété et la fig. 5 B de Brot.
La var. Brotiana diffère du type par sa forme plus élancée, ovale-acuminée, par ses 5 tours de spire moins convexes, s’accroissant plus rapidement et formant une spire obtusément conique, plus acuminée, par sa suture moins profonde, par son ouverture moins haute, occupant juste ou à peine la moitié de la longueur totale, enfin par sa columelle un peu plus tordue. Elle a les dimensions normales.
M. Yung l’a draguée entre Lutry et Cully, par 30-50 m de fond.
Var. macrostoma nov. var.
(Pl. IX, fig. 9)
Coquille très petite, blanchâtre, transparente, très fragile, extrêmement finement et régulièrement striée, un peu plus allongée que le type ; 4 tours de spire assez convexes, les premiers très rapprochés, petits mais larges et obtus, comme chez le type ; les derniers plus allongés ; suture assez profonde. Ouverture allongée, à peine oblique, arrondie dans le bas, légèrement ovale, atteignant comme chez le type un peu plus de la moitié de la longueur totale, mais beaucoup moins large ; l’angle formé au point d’insertion du bord droit est normal. Columelle presque droite, très mince et très peu dilatée à sa partie supérieure. Fente ombilicale assez étroite, mais cependant plus perceptible que celle du type ; péristome normal.
Haut. 6 ½ mm ; larg. 2 ½ mm. Ouverture haute de 3,7 mm, large de 1,5 mm.
Habitat. — Entre Lutry et Cully : 30-50 m de fond.
Cette variété se distingue donc facilement du type et encore plus de la var. Brotiana par son ouverture allongée et étroite, par sa columelle presque droite, ainsi que par sa fente ombilicale plus apparente.
4. Limnæa (Gulnaria) Foreli Clessin
1877. Limnæa Foreli Clessin, Malak. Bl. XXIV, p. 172, pl. III, fig. 2-4.
1890. Limnæa Foreli Clessin, Moll. F. OEst. Ung. Schw., p. 772, fig. 506.
Cette Limnée est sans doute l’espèce profonde la moins bien caractérisée, car elle offre une certaine parenté avec le L. profunda Cless. par l’intermédiaire de la nouvelle variété acutispirata. Cependant, encore dans ce cas-là , les caractères spécifiques offrent une stabilité qui est loin de se rencontrer chez les espèces littorales. J’ai insisté plus haut sur les caractères distinctifs du L. profunda, et qui font défaut chez la forme de Foreli qui s’en rapproche le plus. Donc, nous en distinguerons facilement la f. acutispirata ou plus généralement le L. Foreli, par la suture beaucoup moins profonde et par les tours de spire très peu convexes. En outre, le L. Foreli normal et sa var. obtusiformis ont une forme plus grêle, plus allongée et une ouverture beaucoup moins ample. Quant à la var. acutispirata, outre les caractères généraux indiqués elle offre un certain nombre de caractères particuliers que nous verrons plus loin.
Var. obtusiformis nov. var.
(Pl. IX, fig. 10)
Variété beaucoup plus petite que le type, plus ramassée, très obtuse, très fragile, blanchâtre ou jaunâtre, plus ou moins transparente ; 3 ½ tours de spire assez convexes, mais moins que chez le L. profunda, s’accroissant très rapidement, les deux premiers très petits, très obtus et assez convexes ; suture un peu plus profonde que chez le type. Ouverture peu allongée, ovale, occupant les 7/11 de la longueur totale ; l’angle formé au point d’insertion du bord droit est assez obtus. Péristome régulier tranchant ; fente ombilicale à peine perceptible. En outre, la columelle est légèrement plus tordue que chez le type.
Haut. 5,5 mm ; larg. 3 mm. Ouverture haute de 3,5 mm, large de 2 mm.
Habitat. — Entre Lutry et Cully : 30 à 50 m de fond.
Var. acutispirata nov. var.
(Pl. IX, fig. 11)
Coquille rimée, plus petite que le type, très pointue, un peu plus ramassée, fragile, blanchâtre, plus ou moins opaque ; 4 tours de spire moins convexes, s’accroissant très rapidement ; les deux premiers très petits formant une spire extrêmement petite mais très pointue. Suture beaucoup moins profonde que chez le type, mais surtout beaucoup moins que chez le L. profunda. Ouverture plus ample que chez le type, allongée, ovale, occupant les 5/7 de la longueur totale ; l’angle formé au point d’insertion du bord droit est un peu plus obtus. Columelle un peu plus tordue ; péristome tranchant, régulier.
Haut. 6,5-7 mm ; larg. 3,5-4,5 mm. Ouverture haute de 4,5 à 5 mm ; large de 2,5 à 3 mm.
Habitat. — En face de Morges, par 15-30 mètres de fond (leg. Forel en 1910 : 2 exemplaires).
5. Limnæa (Gulnaria) limosa (L.)
1912. L. limosa (L.) sensu latissimo Piaget, Journ. de conchyl., LIX [1911], p. 327.
Var. sublittoralis nov. var.
(Pl. IX, fig. 12)
Cette forme est un curieux intermédiaire entre les Limnées qui habitent la faune profonde et celles de la faune littorale. Elle offre des rapports avec les formes profondes par une certaine fragilité de sa coquille, par la pâleur de son test et probablement par celle de l’animal. Cependant, sa taille relativement très grande, et les dimensions de son ouverture l’en différencient.
Coquille auriculaire plus petite que la var. ampla, très mince, fragile, transparente ; le test est complètement blanc, mais recouvert d’un mince épiderme jaunâtre ; stries très fines et irrégulières. Spire très courte, dépassant à peine le bord de l’ouverture, assez pointue, 4 tours de spire s’accroissant rapidement, assez convexes, séparés par une suture profonde. Ouverture très ample mais moins que chez la var. ampla et plus que chez la var. contracta Kob. ; l’angle formé au point d’insertion du bord droit est également de grandeur intermédiaire entre ceux de ces deux formes. Columelle peu tordue, très large : péristome peu évasé, simple, plus ou moins tranchant. Fente ombilicale assez ouverte.
Haut. 21 mm ; larg. 19 mm. Ouverture haute de 19,5 mm, large de 16 mm.
Elle diffère des limosa à ample ouverture par sa fragilité, sa blancheur de test et son épiderme, très mince et très pâle. Par sa forme, elle est intermédiaire entre les var. ampla et contracta. La var. sublittoralis n’est, en elle-même, que très peu caractéristique à part les particularités de couleur et de test (qui se rencontrent, du reste, dans la faune littorale) et de l’épiderme, mais je la distingue cependant sous un nom spécial, car il n’est pas concevable qu’à une profondeur de 30 à 50 mètres l’animal n’ait pas suivi les lois de l’adaptation au milieu, lois générales de la faune profonde ; par conséquent cette Limnée doit avoir des téguments plus ternes, très pointillés de laiteux, et une respiration aérienne se transformant en une respiration aquatique.
Habitat. — Entre Lutry et Cully (30-50 mètres).
Genre Ancylus Geoffroy
6. Ancylus (Ancylastrum) fluviatilis MĂĽll.
Var. achromata nov. var. (fig. 15)
(Pl. IX, fig. 13-14)
Animal gris jaunâtre, beaucoup plus pâle que les formes littorales.
Coquille ovale, allongée, très fragile, un peu transparente, assez convexe sur le devant, concave par derrière, mais très peu convexe sur les deux côtés. Sommet recourbé comme celui du type, mais très rapproché du bord postérieur, placé sur la ligne médiane de la coquille. Stries plus ou moins bien marquées, distinctes surtout près des bords. Ouverture complètement ovale, un peu allongée.
Couleur complètement blanche, quelquefois un peu blanchâtre-cornée, à peine brillante, sauf à l’intérieur de l’ouverture qui l’est au contraire.
Long. 4-7 mm ; larg. 3-5 mm ; haut. 2,5-4 mm.
Habitat. — En face de Morges, draguée en 1910 par le Prof. Forel, par 15-30 mètres de fond (cinq exemplaires).
Genre Valvata MĂĽll.
7. Valvata (Cincinna) lacustris Cless.
1874. Valvata obtusa Brot, Matér., 1e sér., XV, p. 110.
1877. Valvata lacustris Clessin, Malak. Bl., XXIV, p. 177.
1890. Valvata lacustris Clessin, Moll. F. OEst. Ung. u. Schw., p. 775, fig. 508.
Il est inutile d’insister sur les caractères spécifiques de ce Valvata, suffisamment mis en évidence par Clessin. Mais la forme que cet auteur a choisie comme type est rare, et doit évidemment se rencontrer de préférence dans les plus grandes profondeurs indiquées pour l’espèce (100 mètres). Les exemplaires dragués entre 30 et 50 mètres environ sont moins excentriques et se rapprochent plus du V. piscinalis littoral. Sur une douzaine d’individus pêchés en face de Morges que m’a communiqués le Prof. Forel, 4 se rapprochaient du type.
Auparavant, Brot appelait Valv. obtusa toutes les Valvées recueillies par Forel dans les lacs Léman et Bodan ; il est fort probable que la forme de ce dernier lac (25 mètres de fond, un seul exemplaire se faisant remarquer par d’assez grandes dimensions) appartient à ma var. Foreli, car Brot ne signale que dans les plus grandes profondeurs indiquées la forme déprimée, la seule dont Clessin ait tenu compte.
Var. Foreli nov. var.
(Pl. IX, fig. 15)
Variété plus grande que le type, moyennement ombiliquée, plus élevée, plus régulière, solide, jaune laiteux, finement et irrégulièrement striée, 5 tours de spire s’accroissant plus rapidement, bien arrondis ; suture moins profonde. Ouverture moins arrondie, un peu ovale, mais très obtusément, vers son point de contact avec l’avant-dernier tour de spire. Péristome continu, simple, aigu.
Diam. 5-6 mm ; haut. 4-4,5 mm.
Cette variété est intéressante par sa position intermédiaire entre les formes profondes et certaines variations de l’espèce littorale — V. piscinalis — en particulier la var. antiqua. Elle en diffère par les mêmes caractères que le type lacustris (sauf la forme de l’ouverture) mais moins accentués. (Voir Clessin, Moll. F. OEst., etc., p. 775 : Bemerkung.)
Habitat. — En face de Morges, à environ 50 mètres de fond (leg. Forel 1910). Entre Lutry et Cully, par 30 à 50 mètres (leg. Yung 1912) : six exemplaires au premier endroit, un seul au second.
Var. Yungi nov. var.
(Pl. IX, fig. 16)
Variété un peu plus petite que le type, plus ombiliquée, plus déprimée, solide, jaune laiteux, très finement et irrégulièrement striée. 3 ½ ou 4 tours de spire s’accroissant très rapidement, arrondis ; suture beaucoup moins profonde ; ouverture presque tout à fait ronde, relativement plus grande que chez le type. Péristome continu, tranchant.
Diam. 3-4 mm ; haut. 2-2,5 mm.
Habitat. — En face de Morges, à 50 mètres de fond (leg. Forel : 3 exemplaires) et entre Lutry et Cully, à 30-50 mètres (leg. Yung : 1 exemplaire.)
Genre Pisidium C. Pfr.
Les nombreux Pisidium de la faune profonde des lacs de l’Europe centrale appartiennent au sous-genre Fossarina de Clessin. Mais ils ont entre eux un certain nombre de caractères communs, relevés par l’auteur allemand, qui me semblent devoir servir à constituer une section. En outre, cette subdivision serait certainement utile dans un sous-genre aussi nombreux et qui comprend à lui seul plus des ¾ des Pisidium.
Sous-genre Fossarina Clessin
Section Clessinia nov. sect.
Animal ignotum.
Testa parvula, tenuis, fragilis, plus minusve pallida, umbo pro tota statura latissimus, plus minusve rotundatus ; commissura angusta, tenuis, valde simplex. Dentes subgeneris « Fossarina », sed parvuli, parum eminentes. Pellicula tenuissima.
Typus : Pisidiam profundum Clessin.
8. Pisidium (Fossarina-Clessinia) Yungi nov. sp.
(Pl. IX, fig. 17, 18)
Testa parvula omnino elongato-ovalis, fragillima, valde complanata, nitidissima, opaca, fusco-flavescens ; epidermis flavescens, virido-nitens. Umbo obtusissimus, vix perspicuus, marginem superiorem non superans, et margini posteriori approximatus. Pars anterior elongata, valde regulariter rotundata, pars posterior quoque rotundata et brevissima. Margo superior regulariter arcuata ut inferior anteriorque ; margo posterior paulo minus regularis, post umbonem obtusissime et vix perspicue gibba. Ligamentum breve, angustum. Margarita albida, tenuis. Commissura angustissima, parumarcuata. Dentes cardinales parvuli, vix eminentes, internus, obtusissimus, externus multo minor, arcuatus : valvæ dextræ dens cardinalis unicus arcuatus. Dentes laterales paulo eminentiores, dextræ duplices, alleræ simplices, anteriores quam posteriores vix majores.
Long. 2,2-2,5 mm ; lat. 1,5 mm.
Coquille assez petite, tout à fait ovale allongée, très fragile, très aplatie, très indistinctement, finement et irrégulièrement striée, très brillante, opaque, de couleur brun jaunâtre ; épiderme jaune verdâtre, brillant ; coquille couverte d’une croûte de vase rougeâtre, desséchée, surtout à la partie postérieure. Sommets très obtus, à peine distincts, ne dépassant pas le bord supérieur et très rapprochés du bord postérieur. Côté antérieur allongé, très régulièrement arrondi à son extrémité, ainsi que la partie postérieure qui est très courte. Bord supérieur régulièrement arqué, ainsi que le bord inférieur, assez tranchant, bien en pointe, et que le bord antérieur ; le bord postérieur est un peu moins régulier, présentant derrière le sommet une très légère proéminence, très obtuse et à peine visible. Ligament court et étroit. Nacre mince, blanchâtre. Charnière extrêmement mince, peu arquée. Dents cardinales très petites, à peine saillantes, accolées plus ou moins obliquement, l’interne en forme de proéminence très obtuse, l’externe beaucoup plus petite, arquée. Une seule dent cardinale à la valve droite, arquée. Dents latérales mieux marquées, un peu plus saillantes, simples à la valve gauche et doubles à l’autre, les antérieures à peine plus grandes que les postérieures.
Habitat. — Entre Lutry et Cully, par 30-50 mètres de fond.
Remarques. — Il est inutile d’insister sur les caractères spécifiques de cette nouvelle forme, son test complètement ovale, aplati et très brillant, la distinguant suffisamment. Tout au plus, offre-t-elle une certaine affinité avec le P. quadrangulum, cependant bien distincte.
Je ne crois pas que, pour toutes les formes profondes de la section Clessinia, il faille attacher à la charnière toute l’importance qu’y a attribuée Clessin. Les subtilités qu’il est porté à décrire sont variables dans une certaine mesure, par conséquent sujettes à caution, et il est bien difficile de retrouver les mêmes minuscules caractères dans une série d’individus, sans variations — inappréciables, du reste — qui rendent inutile de pousser plus loin la description de la denture. La fixité apparente de ces distinctions vient du fait qu’on sacrifie fort peu d’exemplaires pour en étudier à fond la charnière, en vue de la détermination spécifique. Ces caractères sont évidemment d’une grande importance taxonomique, encore dans l’ordre des sous-genres et des sections, mais une trop grande subtilité ne sert de rien dans les diagnoses spécifiques de ces formes profondes, qui ont presque toutes des charnières très minces et sensiblement semblables. Je ne me représente guère un spécialiste, si versé soit-il dans les détails de la denture, identifiant avec sûreté des charnières privées du reste de la coquille, à part quelques formes très caractéristiques comme le Pisidium urinator, qui n’a pas de dents latérales externes à la valve droite. Par exemple, d’admirables planches — encore manuscrites — de feu M. le docteur P. Godet, représentent entre autres des charnières de Pis. occupatum (lac de Neuchâtel, à 65 mètres de fond) déterminées par Clessin lui-même, l’auteur de l’espèce, qui sont fort différentes des figures originales du Bulletin de la Soc. vaudoise des sciences naturelles ou du Conchylien Cabinet, faites par Clessin. De pareils faits m’empêchent de pousser aussi loin que lui mes descriptions de charnières.
9. Pisidium (Clessinia) infimum nov. sp.
(Pl. IX, fig. 19, 20)
Testa minima, obtuse quadrangula, fragillima, complanata, tenuissime et valde indistincte striatula, vix nitens, parum translucens, albida-flavescens ; epidermis albescens, non nitens. Umbo latissimus et obtusissimus, marginem superiorem vix superans, inter mediam concham et marginem posteriorem situs. Pars anterior paulo elongata, obtuse subtruncata, paulum rotundata ; pars posterior curta subtruncato-rotundata. Margo superior regulariter arcuata, inde satis rapide et oblique in marginem anteriorem descendens, ab illa angulo obtusissimo separata et recto-angulatim cum margine posteriore juncta ; margo inferior parum arcuata, antice et postice obtuse angulata. Ligamentum breve, angustum. Margarita albida, tenuissima. Commissura angustissima, arcuata. Dentes cardinales vix eminentes, internus forma gibbæ obtusæ, externus multo minor, arcuatus ; dens cardinalis valvæ dextræ vix arcuatas. Dentes laterales mullo eminentiores, valvæ sinistræ simplices, alteræ duplices, anteriores paulo longiores et posterioribus eminentiores.
Long. 1,7 (à 247 mètres de fond) — 2,2 mm ; lar. 1,3-1,5 mm.
Coquille très petite, obtusément quadrangulaire, très fragile, aplatie, très finement et indistinctement striée, très peu brillante, un peu transparente, de couleur blanchâtre, laiteuse, comme le Limnæa Yungi ; épiderme blanchâtre, non brillant. Sommet très large et très obtus, ne dépassant que peu le bord supérieur, normalement placé entre le milieu de la coquille et le bord postérieur. Côté antérieur peu allongé, obtusément subtronqué, un peu arrondi ; côté postérieur court, subtronqué, arrondi. Bord supérieur assez régulièrement arqué, puis descendant assez rapidement et obliquement en formant le bord antérieur dont il est séparé par un angle très obtus, et perpendiculairement pour former le bord postérieur, également séparé par une protubérance très peu distincte, mais passablement plus que chez le Pis. Yungi. Bord inférieur tranchant, peu arqué, bien en pointe ; bord antérieur incliné obliquement, tranchant, séparé du bord inférieur par un angle très obtus, de même que de l’autre côté ; cependant, les angles de la partie postérieure sont un peu plus obtus et indistincts. Ligament court et étroit. Nacre blanchâtre et très mince. Charnière très mince, un peu plus arquée que chez le Pis. Yungi. Dents cardinales très peu saillantes, accolées plus ou moins obliquement, l’interne formant une proéminence obtuse, l’externe beaucoup plus petite, arquée. Une seule dent cardinale à la valve droite, très peu arquée. Dents latérales beaucoup mieux marquées, plus saillantes, simples à gauche et doubles à droite, les antérieures un peu plus longues et plus saillantes que les postérieures.
Habitat. — Entre Cully et Lutry, par 30-50 mètres de fond, où l’on trouve rarement le type, et surtout en face de Cully, à 247 mètres, où vit uniquement la forme normale ; entre Lutry et Évian, sur un fond de 305 mètres.
Remarque. — Chez les individus jeunes, le sommet dépasse à peine le bord supérieur, ce qui les fait vaguement ressembler au Pisidium Yungi. On distinguera facilement dans ce cas, les deux espèces, par le test, non ou très peu brillant, blanchâtre, subdiaphane, par le sommet plus éloigné du bord postérieur et toujours un peu saillant du Pis. infimum, dont la forme est, du reste, constamment quadrangulaire, quoique plus obtusément dans la variété suivante.
Var. noviodunensis nov. var.
(Pl. IX, fig. 21)
Coquille très petite, plus obtusément quadrangulaire, parfois même presque triangulaire, l’angle situé entre les bords supérieur et antérieur faisant plus ou moins défaut, moins fragile, aplatie, à peine plus brillante, moins transparente, blanchâtre un peu plus laiteuse ; épiderme à peine brillant. Sommet semblable à celui du type, dépassant à peine le bord supérieur, situé normalement. Côté antérieur non pas plus allongé mais moins subtronqué, par conséquent un peu acuminé ; côté postérieur normal. Bord supérieur régulièrement arqué mais descendant plus rapidement en formant le bord antérieur, dont il est séparé par un angle plus obtus, à peine distinct. Les autres bords, le ligament, la charnière et les dents semblables à ceux du type. Nacre moins mince, à peine plus blanche.
Taille normale.
Habitat. — En face de Nyon, par 47 m de fond ; entre Lutry et Cully (30-50 m).
Remarque. — Cette nouvelle espèce et surtout sa variété noviodunensis n’ont pas, en elles-mêmes, une forme bien caractéristique, mais je n’ai pu les identifier à aucun Pisidium connu, quoiqu’elles soient surtout voisines de six Clessinia ;
1° Le P. Foreli Cless. est beaucoup plus ramassé, il a un sommet plus proéminent et est passablement plus obtusément quadrangulaire, mais surtout beaucoup moins aplati.
2° Le P. profundum Cless. présente, pour la forme générale, des affinités avec la var. noviodunensis mais le sommet est bien différent, pointu, très saillant au-dessus du bord supérieur et moins normalement placé.
3° Le P. occupatum Cless., du lac de Neuchâtel, a une forme générale différente et un sommet rapproché du bord postérieur.
4° Le P. tritonis Cless., du Greifensee, a un bord supérieur moins régulièrement arqué, une partie antérieure plus acuminée, quoique l’angle qui sépare les bords antérieur et supérieur soit bien marqué. Le sommet est en outre moins obtus, moins saillant et très rapproché du milieu de la coquille.
5° Le P. quadrangulum Cless., du lac des Quatre-Cantons, est bien plus obtusément quadrangulaire, a une partie antérieure plus allongée et un sommet plus éloigné du bord postérieur.
6° Il en est de même pour le P. prolongatum Cless., du même lac, qui a en outre un bord supérieur beaucoup moins arqué que le P. infimum.
10. Pisidium (Clessinia) candidum nov. sp.
(Pl. IX, fig. 22, 23)
Testa pro ceteris satis magna, acuminato-ovalis, altera parte satis elongata et obtuse acuminata, parum fragilis, parum tenuis, complanata, tenuiter et sub lente perspicue striata, valde nitens, omnino opaca, candida-subflavescens ; epidermis albescens, nitens. Umbo latus, obtusus, marginem superiorem parum superans, inter mediam concham et marginem posteriorem situs. Pars anterior satis elongata, parum acuminata ; pars posterior subtruncato-rotundata. Margo posterior satis rapide descendens, gibbam obtusissimam post umbonem formans ; margo superior prope umbonem parum recta, inde regulariter arcuata ; margo anterior valde arcuata, acuta ; margo inferior parum sed regulariter arcuata, bene acuta. Ligamentum angustum, breve. Margarita albida, nitens. Commissura angusta, tenuis, satis arcuata. Dentes cardinales parvuli, satis eminentes, internus gibbosus acutiusculus, externus minor, arcuatus ; valvæ dextræ unus cardinalis, vix arcuatus. Dentes laterales multo eminentiores, lævæ simplices, dextræ duplices, anteriores quam posteriores valde longiores.
Long. 3,5 mm ; lat. 2,7 mm.
Coquille assez grande relativement aux autres espèces de la section Clessinia, ovale acuminée, d’un côté passablement allongée et très légèrement en pointe, peu fragile, peu mince, aplatie, finement mais très distinctement striée sous la loupe, très brillante, tout à fait opaque, de couleur blanche, légèrement laiteuse ; épiderme blanc jaunâtre, brillant. Sommet large, obtus, ne dépassant que peu le bord supérieur, normalement placé entre le milieu de la coquille et le bord postérieur. Côté antérieur passablement allongé, très peu en pointe ; côté postérieur subtronqué arrondi. Bord postérieur descendant assez brusquement, de manière à produire une légère bosse, très obtuse, derrière le sommet ; bord supérieur un peu droit près du sommet ; puis régulièrement arrondi. Bord antérieur très arqué, tranchant, bien en pointe. Ligament court et étroit. Nacre blanchâtre, brillante. Charnière mince, étroite, assez arquée. Dents cardinales petites, assez saillantes, accolées plus ou moins obliquement, l’interne en forme de proéminence peu pointue, l’externe plus petite, arquée ; la valve droite n’a qu’une dent cardinale, à peine arquée. Dents latérales beaucoup mieux marquées et plus saillantes, simples à gauche, doubles à droite, les antérieures passablement plus grandes que les postérieures.
Habitat. — Entre Cully et Lutry, par 30-50 m de fond (seulement 2 exemplaires, mais caractéristiques).
Le Pis. candidum diffère du P. Studeri Cless., par son bord supérieur beaucoup moins droit, son côté antérieur plus court, plus arrondi, et par sa taille plus grande.
Il se distingue du P. Asperi Cless., par son sommet beaucoup moins proéminent, normalement placé, par le test aplati et la grande taille. Il est en outre voisin du P. luganense Cless., mais a un côté antérieur plus obtus, un bord supérieur moins régulièrement arqué, une couleur différente et un lest plus aplati.