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22 septembre 2016 (salle B001)
Séance introductive 
   
29 septembre 2016 (salle B001)
Hy Dao et Louca Lerch
Des images aux algorithmes: l'information géographique entre visibilité et lisibilité. Pistes de réflexion
L'information géographique numérique, dont la production est passée d'un quasi-monopole expert étatique à une prolifération souvent citoyenne et privée, est à la fois un puissant instrument de visibilisation pour de nombreux acteurs et un instrument permettant de "lire" (Scott) les systèmes de relations (spatiales mais pas seulement) entre les individus, les organisations, les territoires. En même temps que les interfaces et les données se diffusent et se démocratisent, la mécanique de leur acquisition et de leur traitement devient de plus en plus algorithmique, complexe, voire incompréhensible, créant ainsi des enjeux d’analyse critique des dispositifs de régulation. Nous présenterons des pistes de questionnement à l'aide de quelques exemples concrets issus de nos pratiques de la géomatique et de la cartographie appliqués aux domaines du développement durable.
Hy Dao est professeur au Département de géographie et environnement de l’Université de Genève. Il est également géographe au Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE). Il est titulaire d’un diplôme post-grade en écologie du paysage de l’International Institute for Aerospace Surveys and Earth Sciences (ITC, Enschede, Pays-Bas) et d’un doctorat en géographie humaine de l’Université de Genève. Il est en charge de plusieurs cours et programmes académiques dans le domaine de l'information géographique. Il a été responsable et expert dans plusieurs projets européens sur la cohésion territoriale. Il a dirigé plusieurs projets d’indicateurs de développement durable pour le compte du gouvernement suisse. Il a récemment mené deux projets sur les limites planétaires: Environmental limits and Swiss Footprints based on Planetary Boundaries and blueDot - Environmental footprints of nations. Hy Dao est représentant officiel de l’Université de Genève dans le Système d’information du territoire à Genève (SITG).

Louca Lerch est géographe (PhD), spécialiste des enjeux de politiques de développement territorial et information géographique numérique. Après une première expérience dans le domaine de l'urbanisme à Genève, il a travaillé, dès 2008 avec l'UNIGE, au développement de politiques publiques de l'information géographique en Amérique du Sud, notamment par la mise sur pied d'une Infrastructure de Données Géographique pour le gouvernement bolivien et la FAO. Ce parcours, entre techno-sciences et politiques, l'a mené à développer une réflexion stratégique sur les instruments électroniques de gouvernement et une perspective critique face aux problèmes posés par la gestion néolibérale du territoire et la population, aussi bien au Nord qu'au Sud. 

   
6 octobre 2016 (salle B001)

Christian Joschke
L'histoire de l'art, les études visuelles et la tradition de la Bildwissenschaft

Dans l'espace francophone se développe aujourd'hui un nouveau champ d'études sur les images, qui, sous le nom d' "études visuelles", semble s'inscrire dans le prolongement d'une mutation opéré plus tôt dans les pays anglo-saxons et germaniques : les visual studies et la Bildwissenschaft. Alors que ces deux derniers mouvements semblent arriver à la fin d'un cycle, les études visuelles semblent au contraire prendre leur essor dans les pays francophones. Il en découle des spécificités méthodologiques et disciplinaires. Quelles sont ces spécificités ? Comment le dialogue interdisciplinaire autour des images se met-il en place?
Christian Joschke est professeur suppléant à l'Université de Lausanne pour l'année 2016-2017 et chargé de cours à l'Université de Genève. Après des études d'histoire de l'art et d'études germaniques, il a soutenu en 2005 à l'EHESS une thèse intitulée « Les yeux de la nation. Photographie amateur et société dans l'Allemagne de Guillaume II ». Il a été successivement ATER au Collège de France, attaché à la chaire européenne occupée par le Professeur Hans Belting, puis à l'Université Marc Bloch de Strasbourg, post-doctorant au Centre allemand d'histoire de l'art de Paris puis au Centre Marc Bloch de Berlin. En 2007 il a été nommé maître de conférences à l'Université Lumière Lyon 2, puis à l'Université Paris Ouest Nanterre La Défense. Il a été également chercheur invité à l’INHA, professeur suppléant à l’Université de Lausanne et Research Fellow à l'Internationales Forschungszentrum Kulturwissenschaften (Vienne, Autriche).
   
13 octobre 2016 (salle B001)
Grégoire Chambaz
La vidéo comme terrain. Le cas de la production média des groupes armés jihadistes (EI, Boko Haram)
Depuis le jihad tchétchène, les groupes armés jihadistes se sont saisis de la vidéo comme un important outil de leur propagande. Durant cette intervention, il s'agira dans un premier temps d'aborder le potentiel de ce terrain du point de vue à la fois anthropologique et militaire en partant des vidéos du groupe État islamique et Boko Haram. Dans un deuxième temps, de transmettre une ébauche de méthodologie dans l'analyse et classement de ces vidéos. Et enfin, il s'agira dans un troisième temps d'illustrer ce propos par plusieurs études de cas.
Capitaine à l'armée suisse et diplômé de géographie de l'université de Lausanne, Grégoire Chambaz a étudié pendant près d'une année les groupes armés jihadistes à travers la vidéo. Tout d'abord dans un but de renseignement, puis d'analyse militaire, pour enfin pour s'aventurer sur le terrain de l'anthropologie du phénomène guerrier chez l'Etat islamique et Boko Haram. Après d'un stage-recherche à l'école spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (France), ce travail a été publié en deux volets dans la Revue militaire suisse, où Grégoire Chambaz est également rédacteur adjoint.
   
20 octobre 2016 (salle B001)
André Gunthert
Croire pour voir. Les paradoxes du "visual turn"
Les usages sociaux des images et le développement des approches culturalistes ont encouragé l'intérêt pour les sources visuelles. Cet intérêt suffit-il décréter un "visual turn"? Alors que le "linguistic turn" devait son essor à l'efficacité d'outils théoriques largement exportables, l'apport épistémologique de la prétendue "science des images" reste indiscernable. A rebours de l'hérméneutique héritée de l'histoire de l'art, l'approche des images s'effectue dans de nombreuses disciplines de manière sauvage, appuyée sur la conviction de leur transparence documentaire. Ce constat doit être à la base d'une analyse scientifique des usages visuels. Loin de toute essentialisation ou mystique de l'image, celle-ci doit au contraire prendre en considération le réseau complexe des signifiants non-visuels et des dynamiques interprétatives qui lui donnent sens. Puissant outil de naturalisation et de normalisation, la part visuelle des récits contemporains ne dispose d'aucun autre pouvoir que celui conféré par les croyances sur l'image.

André Gunthert est maître de conférences en histoire visuelle à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS). Auteur de nombreuses études en histoire de la photographie, du daguerréotype à l’image numérique, il est l’un des principaux spécialistes français de la culture visuelle. Ses recherches actuelles sont consacrées aux systèmes narratifs des industries culturelles. Fondateur de la revue Etudes photographiques en 1996, il a notamment dirigé avec Michel Poivert L’Art de la photographie (Citadelles-Mazenod, 2007). Son dernier ouvrage, L’Image partagée. La photographie numérique (Textuel, 2015) propose une première histoire du basculement vers l’image numérique. Il publie régulièrement ses travaux récents sur le blog L’image sociale.

 
27 octobre 2016 (salle B001)

Matthew Sparke
Surveillance and the meta-visualization of life and death amidst globalization

This talk explores the ways in which new online forms of visualizing life and death amidst globalization can also provide opportunities for critical meta-reflection on the ways surveillance technologies can as often enable or extinguish life as illustrate and index its complexity and fragility. Examples taken from the re-presentation of CCTV and drone surveillance, and from neo-geovisualizations of global health help highlight how critical theories of supplementation, objectification, exception, biopolitics, necropolitics, structural violence and the governmentalization of the global are useful for realizing these meta-reflective opportunities.

Matt Sparke is Professor of Geography, International Studies and Global Health at the University of Washington, where he also serves as the Director of Integrated Social Sciences. He is the author of Introducing Globalization: Ties, Tensions and Uneven Integration (New York: Wiley-Blackwell, 2013), In the Space of Theory: Post-foundational Geographies of the Nation-State (Minneapolis: University of Minnesota Press) and diverse articles, chapters reviews, and online lectures accessible on Academia.edu.  Based on support from the American National Science Foundation, Mellon, Brocher and other foundations, his research is focused on the uneven geographies of globalization, including most recently, the epidemiology of inequality embodied in biological citizenship and proliferating forms of global subcitizenship.
 
3 novembre 2016 (salle B001)
Laurent Matthey
Manifeste pour une éthique des interstices. Pasolini et la question des borgate
Cette intervention, qui questionne dans un premier temps les usages du cinéma en géographie, s’intéresse à la question des interstices urbains dans l’œuvre de Pier Paolo Pasolini. Ces interstices apparaissent en effet comme une alternative éthique à la production urbaine des années 1950. Pour ce faire, cette intervention mobilise un matériau filmique (Accattone, Mamma Roma, Uccelaci e Uccelini),  documentaire  (Notes pour une Orestie africaine, La forme d’une ville), mais aussi littéraire et journalistique (Lettres luthériennes, Écrits corsaires) issu de l’œuvre protéiforme de l’auteur italien.
Laurent Matthey est géographe. Il est professeur à l’Université de Genève. Ses recherches portent sur les nouvelles modalités de l’urbanisme (singulièrement du point de vue du storytelling), la production des paysages urbains et enfin l’épistémologie des études urbaines.
 
10 novembre 2016  
Semaine d'étude libre
 
17 novembre 2016 (salle B001)
Morena la Barba
« Globlivres : chez moi, chez, toi, chez nous ». Une sociologue visuelle au service de la Cité
"En 2013, Monica Prodon, co-fondatrice de la première bibliothèque interculturelle de Suisse, basée à Renens, une ville dont plus de la moitié de la population est constituée d’étrangers, évoque la nécessité de faire un film sur Globlivres pour célébrer son 25ème anniversaire. 
Moi je lui dis qu’après autant d’années de pratique de la sociologie visuelle, je trouve plus pertinent de faire un film avec Globlivres, une bibliothèque qui compte aujourd’hui environ 30'000 ouvrages en 282 langues différentes, pour 11'000 inscriptions. J’aurais voulu travailler sur la mémoire collective de ce lieu unique. Il fallait mettre en scène la parole de femmes très actives peu habituées à parler de leurs actions. C’était un vrai défi. Mais j’ai réussi à convaincre Monica.
Quand on a ouvert le chantier du film j’ai constaté que pour comprendre la mémoire de Globlivres il fallait aussi se plonger dans le présent de cet espace : observer les lieux, participer aux activités, vivre les rencontres.
Pour finir il fallait réaliser un film sociologique comme  Globlivres : être à l’écoute, comprendre, s’exprimer, construire une image reconnue et partagée. Aujourd’hui le film est de Globlivres."
La projection du film en VO française (40 minutes) sera suivie d’un débat.
Morena La Barba est réalisatrice et chargée de cours en méthodologies audiovisuelles pour les sciences sociales au département de sociologie de l’Université de Genève depuis 2004. Elle y mène des recherches et contribue aux activités de l’Unité de sociologie visuelle qu’elle a cofondée. Elle a participé à divers projets de recherche sur la migration italienne, la vie associative, le cinéma et elle a réalisé plusieurs projets filmiques sur ces thèmes.
 
24 novembre 2016 (salle B001)
Raoul Kaenzig
Utilisation des caméras de vidéosurveillance dans le quartier des Pâquis, à Genève : quel bilan ? Résultats d’une enquête menée par l’Université de Neuchâtel
La mise en service de 29 caméras de vidéosurveillance fin 2014 dans le quartier des Pâquis avait fait grand bruit à Genève. Des associations d’habitants, les syndicats de travailleuses du sexe ainsi que certains politiques s'étaient farouchement opposés à ce que l’Etat filme leur quartier 24/24h. A l’inverse, certains commerçants et habitants, ne supportant plus le bruit et les déprédations, réclamaient des mesures sécuritaires plus rigoureuses et accueillaient favorablement ce système de surveillance. Qu'en est-il, deux ans après la mise en service des caméras? Cette recherche indépendante mesure les différents impacts du dispositif de vidéosurveillance en termes de criminalité, d’opérations policières, d’élucidation ainsi que sur le sentiment de sécurité et sur les habitudes des usagers du quartier.
Raoul Kaenzig est chargé d’enseignement et collaborateur scientifique au sein de l'Institut de géographie de l'Université de Neuchâtel. Spécialisé dans la gestion de projets scientifiques et dans le déploiement de méthodologies mixtes, ses travaux de recherche portent sur la gestion et la perception du risque. Il s’intéresse en particulier aux enjeux des relations entre les changements climatiques et les migrations en Amérique latine ; c’est d’ailleurs en Bolivie qu’il a réalisé sa thèse de doctorat. En Suisse, il collabore également à des projets scientifiques portant sur des questions de risques en milieu urbain. Il termine actuellement une enquête sur la sécurité et les impacts de la vidéosurveillance à Genève.
 
1er décembre 2016 (salle B001)
Ola Söderström
Vidéo et co-expérimentation dans l’analyse du rapport entre vie urbaine et psychose
L’image vidéo a pour capacité de capter la co-existence de différents éléments qui composent les lieux et leurs ambiances : des sons, des formes, des lumières. Elle donne également à voir des postures du corps : des trajectoires, des rythmes, des hésitations. Enfin, elle peut offrir, dans un dispositif d’auto-confrontation aux images filmées, un support à des énoncés, parfois à des récits qui portent sur les lieux, les corps et les émotions éprouvées. Ce sont ces trois différentes capacités médiatrices de l’image vidéo que nous mobilisons dans le cadre d’un projet interdisciplinaire entre géographie et psychiatrie portant sur le rôle de la vie urbaine dans les troubles psychotiques. Au cours de cette conférence, j’expliquerai les méthodes visuelles que nous avons développées dans le cadre de ce projet afin de mettre en place une co-expérimentation entre sciences sociales et psychiatrie. Je donnerai, sur la base d’une analyse des vidéos que nous avons réalisées avec un groupe de patients, des résultats préliminaires de cette recherche. Je terminerai par une discussion plus générale portant sur le rôle des images dans de nouvelles alliances entre sciences sociales et médecine.
Professeur ordinaire à l'Université de Neuchâtel, Ola Söderström étudie les rapports réciproques entre des idées, des relations sociales et des pratiques, d'un côté, et des formes matérielles, urbaines en particulier, de l'autre. Il a travaillé sur la construction sociale du patrimoine, le rôle du visuel et des visualisations en urbanisme, les procédures collaboratives en aménagement urbain et les processus de mondialisation des espaces urbains. De façon plus transversale à ces différents domaines, Il s'intéresse aux procédures pratiques et matérielles à l'aide desquels nous construisons et mettons en circulation des connaissances.
 
8 décembre 2016 (salle B001)
Jason Dittmer
Exploring space-time with Dave McKean’s The Rut
This paper (co-authored with Alan Latham) brings together comics studies and geography to consider how space operates both on and off the comics page. We integrate discussion of comics’ formal properties with a site-specific comics installation (Dave McKean’s The Rut) to show the intertwining of these spaces. The paper speaks to graphic narratives’ formal properties, especially their alchemic, emergent nature. Our argument begins by introducing The Rut as an example of how space and narrative can be intertwined. We then briefly describe the way The Rut is physically laid out and experienced This is demonstrated for The Rut through auto ethnographic experience of the art as well as participant observation. Finally, we highlight how actual spaces are overlaid with virtual spaces that help shape the actualized version; we illustrate this by showing how the embodied experience of The Rut’s materiality was productive of a multiplicity of experiential spaces, both actual and virtual. We close by drawing three conclusions: the first about the implications of graphic narrative’s relational ontology for how social scientists narrate socio-spatial processes; the second, a call for more empirical work examining the emergence, evolution, and dissipation of topological spaces; and the third about the political possibility of initiating new practices of ‘reading’ spaces and times to produce and access new ways of being in the world.
Jason Dittmer is Professor of Political Geography at University College London, where he researches diplomacy, geopolitics, assemblage theory, and occasionally comics. He is the author of Captain America and the Nationalist Superhero: Metaphors, narrative, and geopolitics and co-editor of Comic Book Geographies.
 
15 décembre 2016 (salle B001)
Estelle Blaschke
Corbis, Getty Images et le marché de l’image dans l’ère numérique
Depuis le début du XXe siècle, les raisons de la prospérité des agences photographiques tiennent moins à la qualité des images qu’à la rapidité et à la fiabilité de leurs services. L’avènement des nouvelles banques d’images, issus des technologies de l’information dans les années 1990, et la gestion des contenus en bases de données numérique a profondément transformé le marché et l’économie de l’image. La conférence retrace l’histoire de Corbis et Getty Images, principaux acteurs de cette transformation, et s’interroge sur le fonctionnement et le rôle des bases de données, sur l’indexabilité nouvelle de la photographie numérique ainsi que sur l’imaginaire d’une abondance et d'une distribution contrôlée des images.
Estelle Blaschke est actuellement chercheuse dans le cadre du projet FNS "Toute la culture du monde sur pellicule. Essor et imaginaire du microfilm" à Université de Lausanne. Historienne de photographie en formation et docteur en histoire visuelle, elle consacre ses recherches à l'étude de l'économie des images, l'archéologie des médias et les humanités digitales. Chargée de cours en histoire et théorie de la photographie à l'ECAL (École cantonale d'art de Lausanne), elle a codirigé l'exposition "Double Économies. Visitant une archive photographique de l'Allemagne de l'Est (1967–1990)" au Centre de la photographie Genève.
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