Juin 2021

Entretien

La parole à... M. Karim Bouarar

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M. Karim Bouarar a obtenu, en 1985, une Maîtrise en traduction arabe de l’École de traduction et d’interprétation (ETI), ancien nom de l’actuelle Faculté. De langue maternelle berbère, M. Bouarar parle l’arabe, le français, l’anglais, l’espagnol et a des bonnes connaissances en allemand et en russe. Il a travaillé pendant plus de 27 ans pour le Comité international de la Croix-Rouge à Genève, dont il a été, pendant cinq ans au début des années 90, le porte-parole en langue arabe. Dans le cadre de son travail, il a rendu visite à des prisonniers/ères (Europe, Palestine, Afghanistan et Guantanamo Bay) et a participé à des échanges de haut niveau. Il a également assuré l’interprétation consécutive et simultanée de nombreuses conférences internationales sur le droit humanitaire international, la loi de la charia, le droit des réfugiés ou encore le droit pénal international. Il a travaillé avec des magistrat-es, des doyen-nes académiques, des professeur-es de droit international, des diplomates, des militaires, des officiers de police, des islamologues, des représentant-es de cours internationales pénales, des professionnel-les de la santé, etc. Il a aussi participé à de nombreuses missions sur le terrain au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique du Nord, en Afrique de l’Ouest et de l’Est, en Afrique sub-saharienne, dans les pays arabes, en Extrême-Orient, etc. Enfin, il a donné des cours de formation en traduction et interprétation à Genève et en zones de conflit au Kurdistan irakien, en Egypte, en France, en Grande-Bretagne et en Russie. Les actions humanitaires et leurs bases légales en temps de conflit constituent son domaine de spécialité.

M. Bouarar a commencé à enseigner à la FTI en 2015 et a enseigné le cours Traduction argumentée français-arabe aux étudiant-es de Ma et le cours Pratique de la traduction français-arabe et anglais-arabe aux étudiant-es du Ba.

Monsieur Bouarar, pouvez-vous nous dire ce que signifie pour vous être traducteur/interprète et enseigner la traduction et l’interprétation ?

Être traducteur/interprète est une profession noble mais elle est aussi pleine de défis. C'est un métier exigeant qui demande beaucoup de maîtrise, de patience, de culture générale et de connaissances linguistiques. C'est la raison pour laquelle j'ai toujours conseillé à mes étudiant-es et à mes subordonné-es traducteurs/trices de lire dans toutes leurs langues de travail. Non seulement des journaux et des revues, mais surtout des livres. Il faut aussi faire preuve de curiosité et s'intéresser à des sujets différents. Voyager dans les pays de la langue de travail est un bon moyen d’améliorer ces deux derniers aspects de l’apprentissage. C’est intellectuellement enrichissant. En ce qui concerne l’enseignement de la traduction/l’interprétation, c’est une grande tâche qui demande beaucoup d'énergie et de patience. Pour moi, il s'agit de transmettre un savoir, un métier à nos futur-es traducteurs/trices et interprètes. Je ressens une grande satisfaction chaque fois que mes étudiant-es disent avoir appris quelque chose de mes cours. Je leur transmets, par exemple, ce que j'ai appris de mes propres professeur-es à l'époque de l'ETI.

Comment avez-vous vécu les derniers mois avec le confinement et l’enseignement à distance ?

L'expérience de l'enseignement à distance a été très frustrante, pour les enseignant-es comme pour les étudiant-es. Il n'y a pas mieux que le présentiel dans lequel l'échange est direct et facile. Au début, mes étudiant-es étaient découragé-es et déprimé-es. C’est tout à fait normal : ils/elles sont encore jeunes et désireux-ses d’apprendre. J'en ai moi-même fait l'expérience en tant qu'étudiant à la Maison des Langues. Si la tâche s’est avérée plus ou moins aisée au début du semestre d'automne 2020, des problèmes techniques intermittents sont ensuite venus compliquer l’exercice, créant des difficultés de connexion ou rendant le travail de groupe difficile. Certain-es étudiant-es ont aussi manqué de motivation.

Enfin, pouvez-vous nous dire deux mots de vos projets pour la retraite ?

Mon projet de retraite est de poursuivre mes cours de russe à la Maison des Langues et d’effectuer des séjours linguistiques en Russie cet été ou l’automne prochain pour avancer dans l’apprentissage de la langue et approfondir mes connaissances. Cela me permettra de découvrir encore d'autres peuples, d’autres cultures et d’autres civilisations. Apprendre les langues étrangères et voyager ont toujours été mes deux grandes passions. Toutefois, il n’a pas toujours été facile pour moi de m’y adonner en étant employé à plein temps, malgré mes nombreux déplacements à travers le monde.