Juin 2021

Entretien

La parole à... M. Benoît Kremer

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M. Benoît Kremer, qui prend sa retraite anticipée cet été, est né en 1958. De nationalité française, il suit des études universitaires très complètes à Metz, obtenant une licence d’anglais, une licence d’allemand et une licence de langues étrangères appliquées. Il poursuit sa formation à Genève où il obtient, en 1980, un diplôme de traducteur et, en 1983, un diplôme d’interprète de conférence à l’École de traduction et d’interprétation (ETI), ancien nom de l’actuelle Faculté.

Dès 1980, il travaille en tant que traducteur indépendant, puis, à partir de 1983, complète ses activités en se lançant dans l’interprétation de conférence, toujours en tant qu’indépendant. Ses domaines de spécialité incluent le droit, l’économie, la technique et l’art. Il travaille pour des clients aussi variés que l’Office européen des brevets, l’Office fédéral de l’environnement, la Société suisse des ingénieurs et architectes, l’Agence mondiale antidopage ou encore divers cabinets d’avocats en Suisse, en France et en Allemagne.

Il est également chargé d’enseignement auprès de plusieurs universités ou écoles de traduction et d’interprétation : l’Université de Grenoble III de 1995 à 2017 (cours de traduction juridique allemand-français), le SDI Munich de 2012 à 2014 (cours d’interprétation allemand-français et anglais-français) et la FTI, où, de 1992 à 2021, il dispense des cours de traduction générale, traduction argumentée et traduction et révision anglais-français, ainsi que des cours d’interprétation consécutive et simultanée d’allemand en français et d’anglais en français, sans oublier le cours d’initiation à l’interprétation pour étudiant-e-s en traduction.

Membre de l’Association Internationale des Interprètes de Conférence (AIIC) depuis 1991, il en a été le Président de 2006 à 2012.

Monsieur Kremer, pouvez-vous nous dire ce que signifie pour vous être interprète et enseigner l’interprétation ?

La traduction est pour moi un besoin vital. Une journée sans avoir à se mesurer aux difficultés d’un texte, à en chercher les ressorts et à en surmonter les aspérités est une journée maussade, voire perdue. Chaque sujet nouveau, chaque nouvelle recherche est source d’enrichissement et d’épanouissement. Je ne cesse de m’étonner que les clients acceptent de me payer pour que j’approfondisse mes connaissances et que je perfectionne ma capacité à traduire et à interpréter !
L’enseignement m’a permis de mieux comprendre moi-même les mécanismes que j’applique au quotidien, en m’obligeant à les expliquer à d’autres. Les contacts avec les collègues m’ont conduit à faire de formidables rencontres et m’ont permis de tisser des liens de cordialité, de convivialité et d’amitié. Et surtout, j’ai pu m’émerveiller, année après année, d’assister au développement et à la maturation du talent des jeunes qui m’ont tant apporté en près de 30 années. Sur le plan pédagogique, sur le plan professionnel et sur le plan humain, rien n’est plus réjouissant que de voir une personne prendre son élan et son autonomie et trouver ensuite un emploi où elle contribuera à son tour au rayonnement de son alma mater.

Comment avez-vous vécu les derniers mois avec le confinement et l’enseignement à distance ?

L’enseignement à distance a été une lourde épreuve : après le choc d’une réorganisation aussi rapide qu’imprévue, il a fallu « tenir le coup » sur la durée et proposer aux étudiant-e-s une forme de normalité illusoire, mais nécessaire pour assurer la continuité pédagogique et éviter l’effondrement psychologique. L’endurance des étudiant-e-s s’est avérée admirable, même si je sais qu’ils et elles ont été violemment atteint-e-s par les conséquences de la pandémie sur leurs études. Grâce aux efforts fournis par les corps enseignant, estudiantin, et administratif et technique, l’essentiel a été préservé et j’espère vivement que cette triste parenthèse se refermera sans laisser de cicatrices trop visibles.

Enfin, pouvez-vous nous dire deux mots de vos projets pour la retraite ?

Je vais me consacrer davantage à l’étude historique et sociale de la région de France (le Berry) et de la ville où j’ai posé mes valises. J’ai déjà consacré deux livres à une famille locale. Le troisième, qui paraîtra cette année, est la biographie du fondateur de l’Académie du Centre. Le quatrième, consacré à un aristocrate, voyageur et écrivain, est en préparation. J’accueillerai volontiers celles et ceux qui voudront bien me rendre visite. Je ferai des puzzles et de la cuisine et je lirai des poésies le soir au coin du feu. Et bien sûr, la traduction continuera toujours à m’accompagner… pour le plaisir !