Les marques du luso-tropicalisme dans les interventions du président de la République portugaise (2016-2021)
Conférence de Vítor de Sousa (Universidade do Minho)
22 novembre 2011, 16h-18h, Uni Philosophes, salle PHIL201
Résumé
Le luso-tropicalisme est un modèle social conçu par le Brésilien Gilberto Freyre, qui différencie la colonisation portugaise de celle des autres empires européens en étant, prétendument, plus “bénigne”. Elle s'appuyait sur des présupposés historiques, sur la tradition et sur le prétendu “caractère des Portugais”, à travers des lieux communs, servant de support scientifique, à travers la “mystique luso-chrétienne de l'intégration” (Freyre, 1953; 1961), pour le développement de la politique de l'Estado Novo (régime politique dictatorial, autoritaire, autocratique et corporatiste de l'État qui a fonctionné au Portugal pendant 41 ans ininterrompus, de l'approbation de la Constitution portugaise en 1933 jusqu'à son renversement par la Révolution du 25 avril 1974), s'assumant comme un pilier de la prétendue “manière particulière portugaise d'être au monde” (Castelo, 2011).
L'adoption du luso-tropicalisme par l'Estado Novo a servi à justifier sa rhétorique à l'égard des territoires d'outre-mer de l'époque. D'abord, en tant que colonies et, déjà dans les années 1950, appelées provinces. Une dynamique tendant à souligner le slogan alors en vigueur, “Le Portugal n'est pas un petit pays”, en plus de marquer une position auprès des Nations Unies, en ce sens que les mouvements indépendantistes qui ont émergé dans les “provinces d'outre-mer” ont vu leur prétention à l'autodétermination infaisable, puisqu'ils appartenaient au Portugal, à travers leur “destin historique”.
C'est d'ailleurs à cette période (années cinquante et soixante du XXe siècle) que le concept de “Portugalité” a été inventé, dans une stratégie visant à combattre, exactement, les mouvements indépendantistes qui ont émergé dans les anciennes colonies, à défendre l'appartenance de ces territoires à des Le Portugal. Ce fait serait souligné dans le discours politique de la “Portugalalité”, avec l'hypothèse du Portugal, en tant que pays unique et indivisible, à travers le slogan susmentionné: “Le Portugal du Minho au Timor” (Sousa, 2017).
Le luso-tropicalisme sert aujourd'hui à incarner le mythe de la tolérance raciale des Portugais et même un prétendu nationalisme intégrateur et universaliste. Cela se voit dans le discours politique, comme dans le cas de l'actuel président de la République portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, lors de son premier mandat (2016-2021). Leurs interventions sont cartographiées dans cette communication à travers une méthodologie composite, basée sur un échantillonnage non probabiliste, avec une certaine analyse de contenu ayant également été utilisée. Il corrobore l'idée défendue par Cláudia Castelo (2011), selon laquelle étudier la réception du luso-tropicalisme au Portugal permet de comprendre comment les idées de Gilberto Freyre résonnent encore dans le discours politique actuel, ce qui se passe dans le cas de l'actuel chef de l'État portugais, et le risque actuel, selon l'historien, réside dans le fait que le concept continue à être utilisé de manière non critique et immobiliste.
Mots-clés
Luso-tropicalisme; Interventions du Président de la République portugaise (2016-2021); Le mythe de la tolérance raciale portugaise; Le nationalisme portugais intégrateur et universaliste; Mémoire
Références bibliographiques
Castelo, C. (2011). O modo português de estar no mundo [La manière portugaise d'être au monde]. Porto: Edições Afrontamento.
Freyre, G. (1953). Um brasileiro em terras portuguesas [Un Brésilien en terres portugaises]. Lisboa: Livros do Brasil.
Freyre, G. (1961). O Luso e o Trópico: Sugestões em torno dos métodos portugueses de integração de povos autóctones e de culturas diferentes da europeia num complexo novo de civilização: o luso-tropical [Le Luso et le Trópico: Suggestions sur les méthodes portugaises d'intégration des peuples autochtones et des cultures différentes de l'européenne dans un nouveau complexe de civilisation: le luso-tropical]. Lisboa: Comissão Executiva das Comemorações do V Centenário da Morte do Infante D. Henrique.
Sousa, V. (2017). Da ‘portugalidade’ à lusofonia [De la 'portugalité' à la lusophonie]. Famalicão: Húmus
Vítor de Sousa est titulaire d'un doctorat en sciences de la communication (communication interculturelle) de l'université du Minho, avec la thèse Da 'portugalidade' à lusofonia (De la 'portugalité' à la lusophonie), d'une maîtrise (spécialisation en éducation aux médias) et d'une licence (spécialisation en information et journalisme) dans le même domaine. Parmi ses préférences de recherche figurent les questions relatives à l'identité, les études culturelles, l'éducation aux médias et les théories du journalisme. Il est chercheur contractuel au CECS-Centre d'études sur la communication et la société (Université de Minho), où il intègre le groupe d'études culturelles. Il est membre du projet "CulturesPast&Present - Mémoires, cultures et identités : comment le passé pèse-t-il sur les relations interculturelles actuelles au Mozambique et au Portugal ?" (FCT/Aga Khan), du Musée virtuel de la lusophonie et du Projet stratégique de la CECS. Il est membre de Sopcom, d'ECREA et de l'Association des amis de la bibliothèque municipale de Penafiel. Il a remporté, en 2016, le prix scientifique Mário Quartim Graça, qui a distingué la meilleure thèse réalisée au cours des trois dernières années dans le domaine des sciences sociales et humaines, au Portugal et en Amérique latine. Il a été journaliste (1986-1997) et attaché de presse (1997-2005)