Nos premiers résultats

Béatrice Joyeux-Prunel & Nicola Carboni

Clones par milliers

Observons pour commencer les grappes d’images rapportées par la machine.

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Exemple d'un cluster formé par la même image répétée 1105 fois dans tous les numéros du périodique L'Avenir illustré.

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La plateforme qui nous les affiche, Explore, produit de nombreux groupes d’images toutes identiques – des paquets de clones -  qui souvent ne nous intéressent pas.

Les moins intéressantes, mais les plus nombreuses, sont ces marques laissées sur les imprimés par les archivistes, bibliothécaires et autres gestionnaires de nos sources dans leur version papier.

Sans intérêt ? Quoique...

Tampons, cotes, codes-barres, c’est une courte histoire de la conservation qu’ils racontent. Et cette histoire est mondiale.

Du tampon à l’étiquette de bibliothèque portant un code de classement, puis au code barre accolé aux revues, se raconte en filigrane la lutte perpétuelle des métiers de la conservation patrimoniale contre la destruction par le temps, contre le chaos et le désordre.

 

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Bien des exemplaires sont tamponnés - cachet de la bibliothèque de Heidelberg, de la Bibliothèque nationale… Message subliminal pour les éventuels voleurs de bibliothèques !

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Les codes-barres constituent le groupe d’images le plus international et de plus permanent de notre corpus de périodiques. Ils témoignent du passage au catalogage numérique des revues, bien avant leur numérisation.

Ici, c'est en fait une mondialisation des archives et des bibliothèques qui se dessine.

Du moins trouvons-nous dans ces sources les traces des pratiques des institutions les plus équipées, pratiques élaborées de génération en génération et dont la numérisation des périodiques est l'un des aboutissements. Sans ces pratiques internationales, sans ces formats partagés, ces collections complètes, ces données disponibles, le projet Visual Contagions n'aurait même pas pu être imaginé.

Visual Contagions est autant le produit de la mondialisation des images, qu'il veut en étudier les prémisses.

Notre projet dépend de cette mondialisation qu'il prétend étudier.

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Ces quadrillages colorés si nombreux, rapportés par la machine, sont les reliquats du processus de numérisation d’un document. Ils servent d'abaques pour calculer les couleurs et les dimensions réelles de l’objet.

Avant d'aller plus loin dans l'obervation de nos données, il nous faut nous rendre à l'évidence: la mondialisation par l'image dans les imprimés fut surtout celle des formats.

 

Parmi les images les plus répandues dans notre corpus imprimé, la machine nous rapporte des bandeaux, des lettrines, des culs de lampe, des logos, des publicités en trop grand nombre.

Ces images ont été publiées souvent dans une seule ville et un seul organe de presse, sur une période assez longue. Ce n’est donc pas, à première vue, ce qui intéresse un spécialiste de la mondialisation. Pourtant, elles ont aussi fait la mondialisation visuelle. Elles ont dessiné un contexte visuel général, partagé par les producteurs de revues illustrées ; un panorama visuel relativement homogène selon qu’il s’agit d’une revue plus intellectuelle, ou d’un organe de presse à grand tirage.

Les mises en page se ressemblent toutes ; les formats sont similaires.

Le texte prédomine ; l’image s’impose progressivement, d’abord en noir et blanc ; puis progressivement en couleur.

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