Les émotions

A 8 ans, on relie spontanément l’émotion d’une voix et celle d’un visage

Les enfants doivent-ils attendre l’âge de huit ans pour reconnaître spontanément, sans consigne, une même émotion, joie ou colère, selon qu’elle est exprimée par la voix ou par un visage? Une équipe de scientifiques de l’Université de Genève (UNIGE) et du Centre Interfacultaire en Sciences Affectives (CISA) apporte une première réponse à cette question. Elle a comparé la capacité des enfants de 5, 8, 10 ans et des adultes à établir un lien spontané entre une voix entendue (voix de joie ou de colère) et l’expression émotionnelle correspondante d’un visage naturel ou virtuel (visage de joie ou de colère). Ses résultats, à lire dans la revue Emotion, montrent que les enfants à partir de 8 ans fixent plus longtemps un visage de joie s’ils ont entendu auparavant une voix de joie. Ces préférences visuelles pour l’émotion congruente témoignent de leur capacité d’un codage spontané amodal des émotions, c’est-à-dire indépendant de la modalité perceptive (auditive ou visuelle).

Lien PDF de l'article Emotion

Pour citer cet article:

Palama, A., Malsert, J., Grandjean, D., Sander, D., & Gentaz, E. (2020). The Cross-Modal Transfer of Emotional Information From Voices to Faces in 5-, 8- and 10-Year-Old Children and Adults: An Eye-Tracking Study. Emotion. Advance online publication. http://dx.doi.org/10.1037/emo0000758

Lien communiqué de presse français

Lien communiqué de presse anglais

 

Les bébés relient l’émotion d’une voix à celle d’un visage

La capacité des bébés à différencier des expressions émotionnelles semble se développer durant les 6 premiers mois. Mais reconnaissent-ils vraiment l’émotion ou distinguent-ils seulement des caractéristiques physiques des visages ou des voix ? Des chercheurs de l’Université de Genève (UNIGE) viennent d’apporter une première réponse à cette question. Ils ont mesuré la capacité des bébés de 6 mois à faire le lien entre une voix entendue (voix de joie ou de colère) et l’expression émotionnelle d’un visage vu (visage de joie ou de colère). Leurs résultats, à lire dans la revue PLOS ONE, montrent que les bébés fixent plus longtemps un visage de colère – et plus particulièrement la bouche – s’ils ont entendu auparavant une voix de joie. Cette réaction à la nouveauté témoigne ainsi pour la première fois de leur capacité précoce à transférer une information émotionnelle de la modalité auditive à la modalité visuelle.

Lien PDF de l'article PLOSONE

Pour citer cet article:

Palama, A., Malsert, J., & Gentaz, E. (2018). Are 6-month-old human infants able to transfer emotional information (happy or angry) from voices to faces? An eye-tracking study. PLOS ONE, 13(4), e0194579. https://doi.org/10.1371/journal.pone.0194579

Lien émission TV de la RTS pour la rubrique santé du 12h45 du 16 mai 2018scan_paath.png

Lien communiqué de presse français

Lien communiqué de presse anglais

Lien article du 13 avril 2018 dans le Matin

Lien émission radio CQFD

 

Retrouvez le reportage sur la reconnaissance des émotions chez les bébés dans notre Babylab pour l'émission de France 5 du 29 novembre 2016, "La maison des maternelles"

 

Retrouvez l'émission du 22 novembre 2016 "La maison des maternelles", avec Edouard Gentaz sur le thème "Comment aider l'enfant à apprivoiser ses émotions?".


Pour en apprendre plus sur les émotions chez les bébés et les enfants voici quelques documents à télécharger:

Retrouvez l'article écrit par Amaya Palama, Anne Theurel et Edouard Gentaz paru dans Médecine & Enfance en septembre 2017 sur "Le développement des émotions primaires durant l’enfance" : cliquez ici

Les émotions primaires, telles la joie, la colère, le dégoût, la tristesse, la surprise et la peur, sont des réactions affectives immédiates qui ne nécessitent pas l’appréhension des états mentaux d’autrui. De nombreuses recherches montrent que ces émotions sont associées à des expressions faciales discrètes universellement exprimées et reconnues. Nous verrons à partir de quel âge, comment et sous quelles conditions les jeunes enfants sont capables d’exprimer, de discriminer, d’identifier verbalement ainsi que de réguler chacune de ces six émotions primaires.

Une grande partie des recherches actuelles portant sur le développement affectif de l’enfant s’intéresse aux émotions primaires, comme la peur, la joie ou la tristesse, alors que les émotions morales, telles que la fierté, la culpabilité, la honte ou la gratitude, font l’objet de peu d’attention. Après avoir présenté les distinctions fondamentales entre émotions primaires et émotions morales, nous aborderons le développement des émotions morales et leurs liens avec l’adaptation sociale et les troubles psychopathologiques au cours de l’enfance.

Retrouvez l'article écrit par Anne Theurel, Amaya Palama et Edouard Gentaz paru dans Médecine & Enfance en décembre 2017 sur "Le développement des émotions morales durant l’enfance" : cliquez ici

Comment se développe la capacité d’identification des émotions ? Comment les jeunes enfants comprennent-ils les émotions des autres ? Comment accompagner le développement émotionnel ? Nous allons voir que la capacité à reconnaître et à comprendre les expressions émotionnelles est difficile pour les enfants, mais qu’il est possible de l’entraîner même auprès de jeunes enfants à la crèche.

« Je regrette, je n’aurais pas dû… ». Voilà des phrases que l’on est susceptible de prononcer lorsque l’on ressent de la culpabilité. Mais à partir de quel âge apparaît cette émotion ? Comment se développe-elle ensuite au cours de l’enfance ? Existe-t-il des facteurs qui influencent ce développement ?

Afin d’étudier la nature (sémantique et/ou picturale) de la reconnaissance des expressions émotionnelles, cette recherche teste l’hypothèse d’un transfert de la modalité auditive à la modalité visuelle chez 14 bébés âgés de 6 mois. Les analyses des préférences visuelles ont été effectuées à l’aide d’un système de suivi du regard ou eye-tracker (SMI RED 250). Les résultats montrent que seule l’écoute d’une voix émotionnelle de joie influence la préférence visuelle. Après l’écoute d’un son de joie, les bébés regardent plus longuement le visage non congruent, le visage exprimant la colère. Ces résultats montrent que le transfert intermodal (audiovisuel) est possible chez les bébés âgés de 6 mois seulement pour l’expression émotionnelle de joie. Ces résultats suggèrent une reconnaissance de nature sémantique pour l’expression de joie et de nature picturale pour l’expression émotionnelle de colère.

L’objectif principal de cette étude était d’évaluer la possibilité d’aider les enfants à développer leurs compétences émotionnelles à l’aide d’un entraînement dispensé pendant les heures de classe. 232 enfants âgés de 6 à 12 ans et de quatre niveaux scolaires différents ont été évalués au moyen d’un paradigme pré-test, entraînement, post-test après avoir été divisés en deux groupes : un groupe expérimental et un groupe contrôle. durant la phase d’entraînement, le groupe expérimental a bénéficié d’un programme d’entraînement portant sur les compétences émotionnelles d’identification, de compréhension et de régulation des émotions tandis que le groupe contrôle suivait des séances d’aide et de soutien scolaire. le niveau de compétences des enfants a été évalué lors du pré-test et du post-test à l’aide de trois épreuves de compétences émotionnelles. les résultats montrent que les enfants ayant bénéficié de l’entraînement ont amélioré significativement leur niveau de compétences émotionnelles en comparaison au groupe contrôle, et ce particulièrement pour les enfants les plus jeunes. les implications pratiques ainsi que les limites de cette étude sont discutées.

Cette revue présente une synthèse des études examinant la discriminatio des expressions faciales émotionnelles chez les nourrissons durant la première année de vie. Ces études montrent 1. une sensibilité aux changements d’expression faciale ainsi qu’une attirance pour les visages joyeux, probablement dès les premiers jours après la naissance et sûrement lors des premiers mois, 2. la capacité de distinguer les visages joyeux d’autres expressions après les premiers mois, 3. une attirance plus tardive, vers 6 à 7 mois, pour les visages de peur due à une modulation de l’attention, 4. l’émergence vers 6 à 7 mois de la capacité à distinguer entre elles les expressions autres que le sourire. Nous discutons enfin de l’aspect intrinsèquement émotionnel de cette discrimination précoce des expressions faciales émotionnelles, plus ou moins laissé en suspens par les études recensées, de même que l’explication causale de son développement.

La peur du noir est très fréquente chez les enfants d’âge préscolaire, et elle fait le plus souvent partie de leur développement psychologique. Il existe des outils d’évaluation pour identifier la nature de cette peur lorsqu’elle a des conséquences importantes pour l’enfant et son entourage. Plusieurs stratégies peuvent la faire diminuer. Ces stratégies et les outils d’évaluation doivent être adaptés à l’âge de l’enfant et à son développement neurocognitif.