Contribution à la faune de la Haute-Savoie : malacologie de Duingt et des environs (1913) a

Le présent catalogue comprend les mollusques que j’ai pu rencontrer aux environs immédiats du village de Duingt, sur les rivages du lac d’Annecy entre Saint-Jorioz et le « Bout-du-Lac », aux alentours de La Thuile et de Doussard, le long du Taillefer, dans la vallée d’Entrevernes ainsi qu’aux environs de Filly et de Saint-Jorioz. J’ai en outre fait une excursion dans la vallée du Laudon, à Leschaux et sur le versant oriental du Semnoz, jusqu’à la crête. Bien que mon relevé soit nécessairement incomplet, je le publie néanmoins pour contribuer à la connaissance, encore insuffisante, des mollusques de la Haute-Savoie. Dans l’Histoire des mollusques terrestres et d’eau douce vivants et fossiles de la Savoie et du bassin du Léman, que Dumont et Mortillet firent paraître en 1853-1854, ainsi que dans le Catalogue critique et malacostatique des mollusques terrestres et d’eau douce de la Savoie et du bassin du Léman de ces mêmes auteurs (1857), on ne rencontre que très rarement la mention des localités que j’ai visitées.

À côté de ces quelques renseignements publiés il y a un demi-siècle, j’ai trouvé au musée d’Annecy plusieurs espèces de La Thuile, récoltées par Mortillet, mais dont quelques-unes seulement sont citées dans ses travaux ; je les mentionnerai dans mon catalogue. Quant à la bibliographie, je ne renverrai qu’aux mémoires traitant spécialement de la Haute-Savoie, ou, à l’occasion, quand cela pourra présenter quelque intérêt, à des articles concernant les régions limitrophes, à propos d’espèces à distribution géographique caractéristique.

Enfin, je me fais un plaisir de remercier bien vivement M. le Dr Le Roux, directeur du Musée d’Annecy, qui m’a obligeamment fourni des documents bibliographiques.

I. Cl. Gastropoda

A. Ord. Pulmonata

1. S. Ord. Stylommatophora

Fam. Vitrinidæ

Gen. Limax MĂĽll.

1. Limax (Heynemannia) maximus L.

Limax maximus Dum. et Mort., 1853, p. 195-199.

Limax maximus Dum. et Mort., 1857, p. 13-14.

Limax maximus Payot, 1864, p. 25.

Pas très commune : Duingt, Bredannaz, vallée d’Entrevernes (La Planche et Membert) et au-dessus de Doussard.

Var. cinerea (List.)

Bredannaz, environs de Duingt, Héré, Semnoz (jusqu’à 1600 m).

Var. cinereo-niger (Wolf.)

Vallée d’Entrevernes, Héré, environs de Doussard.

2. Limax (Heynemannia) tenellus Nils.

Limax tenellus Dum. et Mort., 1853, p. 202.

Assez rare : forêts au-dessus de Doussard et dans les bois d’Héré, près Duingt.

Dumont et Mortillet disent n’avoir jamais rencontré cette espèce en Savoie, et n’en parlent que pour mettre en doute le signalement qu’en avait fait Collet à Chamonix. Serait-ce le Limax cereus (Coutagne, 1902, p. 139) et le L. sylvaticus (Dum. et Mort., 1853, p. 190-192, 1857, p. 11-12, Payot, 1864, p. 24-25) ? Mais je crois que c’est peu probable, malgré le rapprochement que fait Coutagne de ces formes avec l’Agriolimax tenellus de Lessona et Pollonera. Le vrai L. tenellus est répandu dans les régions limitrophes de Suisse (Godet, 1907, p. 113 ; Piaget, 1912, p. 75, et 1913, sous presse ; etc.).

Gen. Agriolimax Morch.

3. Agriolimax agrestis (L.)

Limax agrestis Dum. et Mort., 1853, p. 186-188.

Limax agrestis Dum. et Mort., 1857, p. 10-11.

Limax agrestis Payot, 1864, p. 24.

Très commune : Doussard, Lathuille, Bout-du-Lac, La Porte, Chaparon, tout le pied du Taillefer, Bredannaz, Duingt, Héré, toute la vallée d’Entrevernes, Filly, Saint-Jorioz, Epagny, toute la vallée du Laudon et au Semnoz, du pied jusqu’au sommet (1704 m).

Gen. Vitrina Drap.

4. Vitrina (Phenacolimax) pellucida MĂĽll.

Vitrina pellucida Dum. et Mort., 1854, p. 215-218.

Vitrina pellucida Dum. et Mort., 1857, p. 19-20.

Vitrina pellucida Payot, 1864, p. 27.

Assez commune : forêts de Doussard. Duingt, Taillefer, vallée d’Entrevernes (les Maisons, près d’Entrevernes, Membert), Héré, vallée du Laudon (près Machevaz et Entredozon : déjà signalée par Dumont et Mortillet entre Saint-Jorioz et Leschaux, à 800 m).

5. Vitrina (Phenacolimax) elliptica Brown

Vitrina Draparnaldi Dum. et Mort., 1854, p. 211-214.

Vitrina major Dum. et Mort., 1857, p. 18-19.

Vitrina major Payot, 1864, p. 27.

Vitrina Audebardi Brot (1896), mss.

Vitrina elliptica Kampmann, 1909, p. 235.

Vitrina elliptica Clessin, 1887, p. 57.

Vitrina pellucida f. major, Bollinger, 1909, p. 43-44.

Pas très commune : Mortillet en a recueilli au-dessus de Lathuile (coll. loc.) — Taillefer, Héré, vallée d’Entrevernes (environs des Maisons), au-dessus de Filly et sur les pentes du Semnoz (800-1400 m environ, ce qui élèverait de 200 m la limite supérieure de Payot).

La distribution géographique de ce mollusque est bien caractéristique et j’y reviendrai dans les conclusions. Les renvois bibliographiques indiquent déjà quelques étapes successives.

Gen. Hyalina Fér.

6. Hyalina (Euhyalina) glabra

Helix glabra Dum. et Mort., 1854, p. 253-256.

Helix glabra Dum. et Mort., 1857, p. 36.

Helix glabra Payot, 1864, p. 30.

Hyalinia glabra Coutagne, 1902, p. 141.

Hyalina glabra Kampmann, 1909, p. 236.

Helix glabra Brot (1896) mss.

Helix glabra Charp., 1837, p. 13, pl. f. 22.

Hyalinia glabra Bollinger, 1909, p. 47.

Hyalinia glabra Boettger, 1880, p. 32.

Hyalina glabraPiaget, 1913.

Plus rare : Chaparon, Bredannaz, Taillefer, Héré ; rochers à Duingt, où Dumont et Mortillet le signalent.

D’après la liste bibliographique ci-dessus, on voit que cette espèce a pu apparaître aussi bien depuis le Jura que depuis les Alpes, sans du reste être commune nulle part.

7. Hyalina (Euhyalina) cellaria (MĂĽll.)

Helix cellaria Dum et Mort., 1854, p. 245-248.

Helix cellaria Dum. et Mort., 1857, p. 34.

Helix cellaria Payot, 1864, p. 30.

Commune : Forêts de Doussard, Bout du Lac, Bredannaz, Duingt, Héré, Taillefer, Vallée d’Entrevernes (Les Maisons. La Planche, Membert, etc.), Fargy, Gilly, Saint-Jorioz ; forêts du Semnoz, jusqu’à environ 1650 m.

Var. subglabra (Bourg)

Hyalina subglabra Kampmann, 1909, p. 236.

Hyalina subglabra Godet, 1907, p. 114 ; etc., etc.

Assez rare : Héré et dans le bas de la vallée d’Entrevernes, jusqu’aux Maisons.

8. Hyalina (Polita) nitidula (Drap.)

Helix nitidula Dum. et Mort., 1854, p. 242-245 ; 1857, p. 33-34.

Helix nitidula Brot (1896) mss.

Hyalinia nitidula Andreae, 1880a, p. 38 ; 1880, p. 37.

Hyalinia nitidula Boettger, 1880, p. 32.

Disposé d’abord à considérer les Hyalina nitidula et nitens comme deux espèces distinctes à cause de leur distribution horizontale caractéristique, malgré le manque de différences anatomiques, j’ai dû y renoncer après avoir trouvé aux environs de Duingt, où vivent côte à côte les deux Hyalina, une série d’individus intermédiaires entre les deux types extrêmes. En effet, le dernier tour de spire y est rarement tout à fait dilaté comme chez les nitens typiques, ou tout à fait régulier comme chez le type nitidula, mais ordinairement il est à moitié dilaté, plus ou moins large, l’ouverture est plus ou moins obliquement allongée, plus ou moins ovale, de manière à produire des variations à l’infini qu’il est souvent impossible de répartir sûrement soit dans la nitidula, soit dans la nitens. Je considère donc cette dernière comme une simple sous-espèce.

Le type nitidula est assez répandu : forêts de Doussard, Bout-du-Lac, Chaparon, Bredannaz, Duingt, Taillefer, vallée d’Entrevernes (de Duingt jusqu’à Membert environ), Saint-Jorioz, Machevaz, vallée de Laudon et sur les flancs du Semnoz jusqu’à 1400 m à peu près.

Dans toutes ces localités, j’ai trouvé la forme intermédiaire.

Var. subintens (Bourg).

À côté de ces deux Hyalina, on rencontre la

Subsp. nitens (Mich.).

Helix nitens Dum. et Mort, 1854, p. 287-242 ; 1857, p. 31-33.

Helix nitens Payot, 1864, p. 29.

Elle est plus commune que le type nitidula et vit sur tous les mêmes points ; en outre elle atteint au Semnoz la limite supérieure des forêts.

Var. detrita Dum. et Mort.

Var. detrita Dum. et Mort.

H. nitens f. minor Clessin, 1887, p. 78.

H. nitens var. Dutaillyana Piaget, 1912b, p. 76 ; 1913, sous presse.

Assez rare : forêts au-dessus de Doussard et sur les flancs du Semnoz, à environ 900-1650 m. Je crois que le nom de la nouvelle espèce de Mabille (Zonites Dutaillyanus Mabille, Revue et Mag. Zool., 1868, p. 145) n’est qu’un synonyme de la variété detrita, qui est répandue dans le Jura et sans doute dans toutes les Alpes.

9. Hyalina (Polita) pura (Ald.)

Helix nitidosa Brot (1896) mss. (Salève et Saint-Gervais).

Hyalina pura Godet, 1907, p. 114.

Hyalina pura Bollinger, 1909, p. 49-50.

Hyalina puraPiaget, 1913, sous presse.

Assez commune : forêts au-dessus de Doussard, Chaparon, Bredannaz, Taillefer, Duingt, Héré, vallée d’Entrevernes (Les Maisons, La Planche, etc.), vallée du Laudon (Cublier, Entredozon, la Touvière, Leschaux, etc.), Semnoz (jusqu’à la limite supérieure des forêts : 1650 m environ).

Il est fort curieux qu’à part Brot, ni Dumont et Mortillet, ni Payot, ni Coutagne, ni Kampmann ne signalent en Savoie cette espèce, qui est fort répandue dans toutes les montagnes de Suisse.

10. Hyalina (Polita) radiatula (Ald.)

Helix radiatula Dum. et Mort., 1854, p. 233-237 ; 1857, p. 30-31.

Helix radiatula Payot, 1864, p. 29.

Plus rare que la précédente : Chaparon, au pied de Taillefer, Bout-du-Lac, Duingt ; au-dessus de Lathuille (leg. Mortillet : coll. loc.).

Gen. Crystallus Lowe

11. Crystallus diaphanus (Stud.)

Helix hialina Dum. et Mort., 1854, p. 222-225.

Helix hyalina Dum. et Mort., 1857, p. 26-27.

Helix hyalina Payot, 1864, p. 28.

Assez commun : forêts de Doussard, Chaparon, Taillefer (tout le long de la chaîne), Duingt, Héré, vallée d’Entrevernes, vallée du Laudon (La Touvière, Leschaux), Semnoz (jusqu’à 1650 m).

On en rencontre souvent beaucoup dans les laisses du lac, près de Duingt.

12. Crystallus subrimatus Reinh.

Crystallus subrimatus Kampmann, 1909, p. 236.

Crystallus subrimatus Godet, 1908, p. 106.

Crystallus subrimatusPiaget, 1912b, p. 77.

Crystallus subrimatus Bollinger, 1909, p. 52-54, f. 3.

Rare : environs de Duingt, Héré, pentes du Laudon.

Les quelques points que cette espèce habite en Savoie sont à la périphérie de son aire de dispersion dans le Jura, car elle ne paraît pas être bien répandue dans les Alpes.

13. Crystallus crystallinus (MĂĽll.)

Helix cristallina Dum. et Mort., 1854, p. 225-228.

Helix crystallina Dum. et Mort., 1857, p. 27-28.

Helix crystallina Payot, 1864, p. 27-29.

Moins commun que le diaphanus : forêts de Doussard, Bout-du-Lac, Taillefer, Héré, vallée d’Entrevernes (Les Maisons, Entrevernes).

Gen. Zonitoides Lehm.

14. Zonitoides nitidus (MĂĽll.)

Helix nitida Dum. et Mort., 1854, p. 256-260 ; 1857, p. 36-37.

Helix nitida Payot, 1864, p. 31.

Commun près d’eau, au bord du lac, dans les roseaux, dans les marais et les prairies humides : Bout-du-Lac, laisses du lac à Duingt, environs de ce village, marais de Filly, de Saint-Jorioz ; bords du lac d’Annecy, entre Duingt et Saint-Jorioz.

Fam. Naninidæ

Gen. Euconulus Reinh.

15. Euconulus fulvus (MĂĽll.)

Helix fulva Dum. et Mort., 1857, p. 51-52.

Helix fulva Payot, 1864, p. 33.

Très commun : au-dessus de Lathuille, 900 m (leg. Mortillet : coll. loc.), forêts au-dessus de Doussard, Bout-du-Lac, Taillefer, Duingt, Héré, Filly, vallée d’Entrevernes (à peu près partout), vallée du Laudon (Leschaux) ; Semnoz (toutes les forêts jusqu’à environ 1650 m).

Var. Alderi Gray.

Variété plus petite, plus foncée, aimant les endroits très humides : bords du lac d’Annecy, entre Duingt et Saint-Jorioz.

Fam. Arionidæ

Gen. Arion Fér.

16. Arion empiricorum Fér.

Arion rufus et ater Dum. et Mort., 1853, p. 169-174 ; 1857, p. 4-6.

Arion rufus et ater Payot, 1864, p. 23.

Extrêmement commun dans presque toute la contrée, sauf dans la région supérieure du Semnoz, où il est remplacé par l’A. subfuscus. Il s’élève jusqu’à environ 1400 m, au-dessus de Leschaux, ce qui correspond à peu près à la limite altitudinaire que j’ai observée au Valais. Mais dans la Tarentaise, M. Coutagne (1902, p. 167) ne l’a pas observé à plus de 1250 m. Dans le Jura suisse, il atteint facilement 1200 m.

Mut. atra (A. ater auct.) Environs de Chaparon et de Bredannaz.

Mut. brunnea, la plus commune.

Mut. olivacea ; assez rare, Duingt.

Mut. aurantiaca ; lisière des forêts et bords du lac.

17. Arion subfuscus (Drap.)

Arion cinctus Dum. et Mort., 1853, p. 176-178 ; 1857, p. 7-8.

Arion subfuscus Payot, 1864, p. 23-24.

Arion subfuscusPiaget, 1912b, p. 78 ; 1913, sous presse.

Arion subfuscus Blum, 1883, p. 163.

Arion subfuscus Sterki, 1881, p. 34.

Assez rare : partie supérieure du Semnoz, jusqu’à 1700 m environ.

C’est une espèce à distributions horizontale et verticale intéressantes. Il est probable qu’elle vit dans tout le Jura et que le Semnoz est la continuation de ce courant (cf. Fruticicola montana, villosa, Vertigoalpestris, etc.) Quant à la répartition altitudinaire, Dumont et Mortillet ne mentionnent cet Arion que jusqu’à 1000 m et Payot jusqu’à 1200 m ; la station du Semnoz les dépasse donc de beaucoup. Dans le Valais, j’ai relevé des altitudes de 500 (vallée du Rhône) à 2735 m (Mont-Gelé).

18. Arion hortensis Fér.

Limax hortensis Dum. et Mort., 1853, p. 182-183.

Arion hortensis Dum. et Mort., 1857, p. 9.

Arion hortensis Kampmann, 1909, p. 237.

Moins commun que l’A. empiricorum mais pourtant très répandu : environs de Doussard (dans les forêts et dans les champs), Bredannaz, Duingt, vallée d’Entrevernes (un peu partout), Filly, Saint-Jorioz, Epagny, toute la vallée de Laudon et au Semnoz jusqu’à environ 1650 m.

Il est assez curieux que Dumont et Mortillet n’aient pas trouvé cette espèce en Savoie ; Coutagne (1902, p. 167) la signale dans la Tarentaise et Kampmann la dit commune aux environs de Genève.

Fam. Polyplacognatha

Gen. Punctum Morse

19. Punctum pygmæum (Drap.)

Helix pigmæa Dum. et Mort., 1854, p. 260-262.

Helix pygmœa Dum. et Mort., 1857, p. 37-38 ; Payot, 1864, p. 31.

Pas très commun : forêts au-dessus de Doussard, Bredannaz, rochers à Duingt, Saint-Jorioz, Semnoz (jusqu’à environ 1600 mètres, en compagnie de Vertigo alpestris).

Fam. Patulidæ

Gen. Pyramidula Fitz.

20. Pyramidula rupestris (Drap.)

Helix rupestris Dum. et Mort., 1854, p. 262-265 ; 1857, p. 38-39.

Helix rupestris Payot, 1864, p. 31.

Très commune. Dumont et Mortillet la signalent dans leurs deux ouvrages à Duingt et à Saint-Jorioz, où je l’ai retrouvée.

Forêts de Doussard, Chaparon, rochers au pied du Taillefer, Bredannaz, Héré, tout le long de la chaîne du Taillefer, vallée d’Entrevernes (un peu partout), par-ci par-là dans la vallée du Laudon et au Semnoz jusqu’à 1650 m.

Gen. Patula Held.

21. Patula (Discus) rotundata (MĂĽll.)

Helix rotundata Dum. et Mort., 1854a, p. 289-244 ; 1857, p. 41-42.

Helix rotundata Payot, 1864, p. 81-82.

Très commune : forêts de Doussard, Bout-du-Lac, Chaparon, Bredannaz, Duingt, Taillefer, toute la vallée d’Entrevernes, Héré, Fargy, Filly, Saint-Jorioz, toute la vallée du Laudon et du Semnoz jusqu’à 1650 m. Dumont et Mortillet la signalent au-dessus de Lathuille (900 m).

L’altitude qu’atteint cette espèce au Semnoz est intéressante. M. Coutagne disait en 1902 (p. 142) : « Toutes les observations de Dumont et de Mortillet, de M. Pollonera et de moi-même, sont donc concordantes : la P. rotundata ne monte pas dans les Alpes, sous la latitude de la Savoie, au-delà de 1300 à 1350 mètres, 1400 au maximum. » Payot donne comme maximum à cette espèce 2000 m ; mais il eût bien fait de dire où, car la localité la plus élevée qu’il signale est « les bois aux Brévents, à 1600 m ». Bollinger (1909, p. 57-58) relève cette même station comme maximum altitudinaire. Au Valais, j’ai trouvé cette Patula à 1600 m au Val Ferret et Loèche-les-Bains ; à Ferret elle s’élève même jusqu’à 1800 m. 1

Fam. Eulotidæ

Gen. Eulota Htm.

22. Eulota fruticum (MĂĽll.)

Helix fruticum Dum. et Mort., 1857, p. 55-56.

Helix fruticum Payot, 1864. p. 34.

Pas très commun : Bout-du-Lac, Bredannaz, Duingt, vallée d’Entrevernes (jusqu’à environ 1000 m à Membert), Filly. Je n’ai jamais trouvé que des mut. alba ou alboluteola.

Fam. Helicidæ

Gen. Vallonia Risso

23. Vallonia pulchella (MĂĽll.) sensu latiore

Helix pulchella et costata Dum. et Mort., 1857, p. 69-70.

Helix pulchella et costata Payot, 1864, p. 36-37.

Assez commune. On trouve des quantités d’intermédiaires entre toutes ces formes suivantes.

F. typica. Le type ne se rencontre que près de l’eau : Bout-du-Lac, Bredannaz, Duingt.

Var. petricola Clessin

Petite forme à peu près lisse des rochers calcaires : pied de Taillefer, près de Chaparon, Bout-du-Lac (2 mm de long au maximum.)

Var. helvetica (Sterki)

Vallonia costata var. helvetica Godet, 1907, p. 117.

Formes à côtes moins marquées et plus espacées que chez la var. costata ; c’est un intermédiaire entre cette dernière et la pulchella type. Assez commune : environs de Doussard, Bout-du-Lac, Chaparon, Bredannaz, Duingt, Filly, vallée d’Entrevernes, vallée du Laudon (disséminée).

Var. costata (Müll.)

Helix costata Dum., Mort, et Payot, loc.cit.

Variété à côtes très marquées et rapprochées ; plus rare que la dernière forme, mais disséminée dans les mêmes stations ainsi qu’à Saint-Jorioz.

Var. excentrica (Sterki)

Vallonia excentrica Godet, 1907, p. 118.

Variété à peu près lisse, à ombilic excentrique. Assez rare, en compagnie du type pulchella (Bout-du-Lac, Bredannaz, Duingt) et au pied du Taillefer, aux environs de Chaparon.

Var. Godeti nov. nom.

Vallonia costata var. excentrica Godet, 1907, p. 117.

Variété à côtes marquées et à ombilic excentrique. Assez rare, en compagnie des formes précédentes.

Considérant toutes ces formes de Vallonia comme les nombreuses variations d’une seule espèce, à cause de la progression insensible des intermédiaires qu’on trouve entre chacune d’elles, j’ai été forcé d’adopter ce nouveau nom pour la forme découverte dans le Jura neuchâtelois par le docteur Godet et nommée par lui dans son catalogue V. costata var. excentrica. Ce nom excentrica doit tomber parce qu’il a déjà été employé antérieurement par Sterki pour une forme différente.

Gen. Helicodonta Risso

24. Helicodonta (Trigonostoma) obvoluta (MĂĽll.).

Helix obvoluta Dum. et Mort., 1857, p. 75.

Helix obvoluta Payot, 1864, p. 38.

Très commune : forêts des environs de Doussard, Chaparon, Bredannaz, Duingt, Héré, vallée d’Entrevernes, Filly ; au Semnoz, elle arrive à 1550 m. Cette altitude est rarement atteinte par l’H. obvoluta : Payot lui donne comme limite supérieure 1500 m ; Dumont et Mortillet ne la signalent pas à plus de 1200 m, Coutagne (1902, p. 144) à 1300 m, Blum (1881, p. 140) à 1400 m, Bollinger (1909, p. 65-66) à 1100 m (Jura) et 1300 m au Tyrol. Je l’ai cependant trouvée au Valais, à 1500 m (Loèche-les-Bains).

Gen. Fruticicola Held.

25. Fruticicola (Perforatella) edentula (Drap.)

Helix edentula Dum. et Mort., 1857, p. 50-52.

Helix edentula Payot, 1864, p. 33.

Plutôt rare : au-dessus de Lathuille (Dum. et Mort.), environs de Doussard, Duingt, vallée d’Entrevernes (Les Maisons, La Planche, etc.), Semnoz (1650 m).

26. Fruticicola (Fruticicola s. str.) sericea (Drap.)

Helix sericea Dum. et Mort., 1854a, p. 246-247 ; 1857, p. 43-44.

Helix sericea Payot, 1864, p. 82.

Dumont et Mortillet la signalent dans le bassin d’Annecy mais la disent très rare en Savoie ; elle ne l’est certes pas aux environs de Duingt : Doussard (dans les forêts et les jardins), Bout-du-Lac, Chaparon, Bredannaz, Duingt, Taillefer, vallée d’Entrevernes (un peu partout), Filly, vallée du Laudon (pas commune), Semnoz (abondante jusqu’à 1650 m).

Var. plebeia (Drap.)

Helix plebeia Dum. et Mort., 1857, p. 44-45.

Helix plebeia Payot, 1864, p. 33.

Assez fréquente aux environs de Filly. — Je ne crois pas que cette forme soit une espèce différente de la Fr. sericea, étant donné la quantité d’individus critiques, intermédiaires surtout entre la var. corneola Cless. et la Fr. plebeia.

27. Fruticicola (Fruticicola) hispida (L.)

Helix hispida Dum. et Mort., 1857, p. 46-48.

Helix hispida Payot, 1864, p. 33.

Très commune : environs de Doussard ; au-dessus de Lathuille (leg. Mortillet, coll. loc.), Bout-du-Lac, Chaparon, Bredannaz, Duingt, vallée d’Entrevernes en entier, Filly, Saint-Jorioz ; commune dans la vallée du Laudon.

Var. nana Jeffr.,

Var. conica Jeffr.,

Var. concinna Jeffr.,

Var. globulosa Dum. et Mort. — Ces quatre variétés se rencontrent plus ou moins fréquemment avec le type.

28. Fruticicola (Fruticicola) rufescens (Penn.) et var. montana (Stud.)

Fruticicola rufescens et var. montana Godet, 1907, p. 119.

Fruticicola rufescens et var. montana Piaget, 1912b, p. 79.

Fruticicola rufescens Blum, 1881, p. 140.

Fruticicola rufescens Bollinger, 1909, p. 69-70.

Helix montana Charp., 1837, p. 11, pl. I. f. 14 ; Brot (1896), mss.

Helix montana Dum. et Mort., 1857, p. 45-46.

Helix montana Payot, 1864, p. 32.

Frut. rufescens var. montana Kampmann, 1909, p. 238.

Assez commune au Semnoz, de 1200 à 1650 m environ. Cette station est intéressante et semble être la continuation du Jura, car cette espèce est rare dans les Alpes. Charpentier et Clessin affirment même qu’elle ne s’y trouve pas, mais Dumont, Mortillet et Payot ont donné un démenti pour la Savoie ; Godet l’a recueillie à Château-d’Œx (Alpes vaudoises) et je l’ai d’Adelboden.

Nous lisons dans Coutagne (1902, p. 160) : « Bourguignat dit avoir trouvé une coquille de cette espèce — (Helix lavandulœ) — près d’Aix-les-Bains, c’est-à-dire sur le revers occidental des Bauges ; mais n’aurait-il pas pris pour une A. lavandulæ une simple H. montana ? Celle-ci, qui est si commune dans le Jura et le Haut-Bugey, traverserait-elle le Rhône et s’étendrait-elle jusqu’aux bords du lac du Bourget ? » Suivent quelques considérations qui montrent la facilité qu’on a à confondre ces deux mollusques.

29. Fruticicola (Fruticicola) villosa (Drap.)

Helix villosa Dum. et Mort., 1854a, p. 244-246 ; 1857, p. 42-43.

Helix villosa Payot, 1864, p. 32.

Fruticicola villosa Kampmann, 1909, p. 289 (seulement dans le Jura).

Rare, dans les forêts du Semnoz, en compagnie de l’espèce précédente, jusqu’à 1650 m.

30. Fruticicola (Monacha) incarnata (MĂĽll.)

Helix incarnata Dum. et Mort., 1857, p. 52-53.

Helix incarnata Payot, 1864, p. 34.

Pas commune et vivant solitaire : Duingt et vallée d’Entrevernes (Les Maisons, Entrevernes, Membert, etc.).

31. Fruticicola (Euomphalia) strigella (Drap.)

Helix strigella Dum. et Mort., 1857, p. 57-58.

Helix strigella Payot, 1864, p. 34-35.

Commune : Bredannaz, Duingt, Taillefer, vallée d’Entrevernes (par-ci par-là, aux endroits plutôt secs).

Gen. Isognomostoma Fitz.

32. Isognomostoma personatum (Lam.)

Helix personata Dum. et Mort., 1857, p. 72-73.

Helix personata Payot, 1864, p. 37.

Pas commune : au-dessus de Lathuille, à 900 m (Dum. et Mort.), forêts des environs de Doussard, Duingt, Filly ; pentes du Semnoz jusqu’à 1650 m. Cette altitude intéressante est supérieure de 150 m au maximum de Payot, de 90 m à celui de Bollinger (Calfeisental) et de 50 m au mien, pour le Valais (val Ferret) 2.

Gen. Chilotrema Leach.

33. Chilotrema lapicida (L.)

Helix lapicida Dum. et Mort., 1857, p. 70-72.

Helix lapicida Payot. 1864, p. 37.

Commune : environs de Doussard, Bredannaz, Duingt, Taillefer, vallée d’Entrevernes (Dumont et Mortillet la signalent à Entrevernes, 1044 m), Filly ; Semnoz, jusqu’à 1650 m. Cette altitude est rarement atteinte en Suisse par le Chilotrema lapicida, mais elle paraît être de beaucoup dépassée sur le versant sud des Alpes (Pollonera : 1700 m, Payot : 2000 m).

Gen. Arianta Leach.

34. Arianta arbustorum (L.)

Helix arbustorum Dum. et Mort., 1857, p. 78-79.

Helix arbustorum Payot, 1864, p. 37.

Assez commune : environs de Doussard, Bout-du-Lac, Bredannaz, Duingt, vallée d’Entrevernes et vallée du Laudon.

La taille, qui est très grande sur les bords du lac d’Annecy, diminue passablement à mesure qu’on s’élève dans les vallées.

Var. alpicola Charp.

Var. alpicola Charp., 1887, p. 5-6.

Helix alpestris Dum. et Mort., 1857, p. 80-81.

Helix alpestris Payot, 1864, p. 40.

Var. alpicola Kampmann, 1909, p. 239.

Var. alpicola Piaget, 1912b, p. 79 ; 1913, sous presse.

F. minima Godet, 1907, p. 121.

Au-dessus de Lathuille, à la faible altitude de 990 mètres (coll. loc. : leg. Mortillet) ; Semnoz, à la partie supérieure.

Dans les Alpes suisses, on ne trouve guère cette variété en dessous de 1300 m 3, mais dans le Jura elle descend passablement plus bas.

Gen. Helix L., sensu stricto

35. Helix pomatia L.

Helix pomatia Dum. et Mort., 1857, p. 93-95.

Très commune dans toute la région, sauf dans les forêts et à la partie supérieure du Semnoz. Comme partout, elle est très variable de coloration, de taille et de forme. On peut citer à côté du type les variétés :

Var. Gessneri Htm. Vallée d’Entrevernes, etc., et var. compacta Haz., un peu partout.

Gen. Tachea Leach.

36. Tachea sylvatica (Drap.)

Helix sylvatica Dum. et Mort., 1857, p. 88-92.

Helix sylvatica Payot, 1864, p. 41.

Pas commune : forêts au-dessus de Doussard, Duingt, vallée d’Entrevernes, surtout à la partie supérieure : la Planche, Membert, etc.) ; Semnoz, dans les forêts inférieures.

Dans les forêts de Doussard, on trouve fréquemment de grosses formes déprimées et complètement albinos, semblables à celles qui sont si communes au Valais : val Ferret, Sion, Sierre, Loèche-les-Bains, etc. — J’ai recueilli au val d’Entrevernes un exemplaire monstrueux, dont l’ouverture s’était cassée en ne laissant plus qu’un moignon de péristome, recouvrant en partie l’ombilic. Mais le dernier tour de spire, ainsi raccourci d’environ 1 centimètre s’est raccommodé au point d’être bordé à nouveau d’un péristome parfait, rosé, et collé au moignon de l’ancienne ouverture.

Var. montana Stud.

Var. alpicola Charp., 1837, p. 6.

Var. alpicola Payot, 1864, p. 41.

F. minima Godet, 1907, p. 154.

Var. montana Piaget, 1912b, p. 80 ; 1913, sous presse.

Assez commune dans la partie supérieure du Semnoz, à partir d’environ 1400 m. On trouve aussi, mais plus rarement que chez le type, des exemplaires albinos.

37. Tachea hortensis (MĂĽll.)

Helix hortensis Dum. et Mort., 1857, p. 86-88.

Helix hortensis Payot, 1864, p. 40-41.

Pas commune : au-dessus de Doussard, Duingt, Taillefer, vallée d’Entrevernes. De Saint-Jorioz à Leschaux, 920 m (Dum. et Mort.) ; plus commune dans les forêts du Semnoz, jusqu’à 1650 m, alors que Payot indique comme maximum 1052 m (Chamonix) et que la plus haute altitude que j’aie observée dans les Alpes est 1200 m.

On trouve parfois des exemplaires albinos.

38. Tachea nemoralis (L.)

Helix nemoralis Dum. et Mort, 1857, p. 81-85.

Helix nemoralis Payot, 1864, p. 40.

Très commune partout jusqu’à l’altitude d’environ 1000 m, comme l’a observé Payot aux environs du Mont-Blanc.

Gen. Xerophila Held.

39. Xerophila (Xerophila s. str.) ericetorum (Müll.)

Helix ericetorum Dum. et Mort., 1857, p. 58-60.

Helix ericetorum Payot, 1869, p. 35.

Commune : environs de Doussard, Bout-du-Lac, Chaparon, Bredannaz, Duingt (Dum. et Mort, l’y ont déjà trouvée), Héré, vallée d’Entrevernes, Saint-Jorioz, toute la vallée du Laudon et par-ci par-là sur le Semnoz, jusqu’à 1700 m. Cette altitude est rarement atteinte par le Xerophila ericetorum : Bollinger l’indique à Mürren, 1700 m, mais Dumont, Mortillet et Payot ne la connaissent pas à plus de 1300 m.

40. Xerophila (Candidula) candidula (Stud.)

Helix unifasciata part. Dum. et Mort., 1857, p. 62-64.

Helix unifasciata part. Payot, 1864, p. 35-36.

Xerophila candidula Kampmann, 1909, p. 242.

Le type candidula est assez rare : Duingt, Saint-Jorioz et disséminé dans la vallée du Laudon.

Var. thymorum Alt.

Helix unifasciata v. striata. part. Dum. et Mort., loc. cit. ?

Helix unifasciata v. striata. part. et sublœvis, part. Payot, loc.cit. ?

Xerophila candidula var. thymorum Kampmann, loc. cit.

Xerophila candidula var. thymorum Godet, 1907. p. 127.

Plus commune que le type : environs de Doussard et de Duingt, disséminée depuis Saint-Jorioz jusqu’au fond de la vallée du Laudon, au-dessus de Leschaux ; vallée d’Entrevernes jusqu’à son extrémité, près Membert.

41. Xerophila (Candidula) striata (MĂĽll.)

Helix unifasciata var. striata Dum. et Mort., loc. cit.

Helix unifasciata var. striata Payot, loc. cit.

Xerophila striata Kampmann, 1909, p. 242.

Commune : Bout-du-Lac, pied de Taillefer, Chaparon, Bredannaz, Duingt, Héré, vallée d’Entrevernes (jusqu’à Entrevernes, 800 m), Saint-Jorioz et au bas de la vallée du Laudon.

42. Xerophila (Carthusiana) carthusiana (MĂĽll.)

Helix carthusiana Dum. et Mort, 1857, p. 53-54.

Helix carthusiana Payot, 1864, p. 34.

Helix carthusiana Charp., 1837, p. 11 ; Brot (1896) mss.

Xerophila carthusiana Kampmann, 1909, p. 242.

Xerophila carthusiana Godet, 1907, p. 127.

Xerophila carthusianaPiaget, 1912b, p. 82.

Carthusiana carthusiana Bollinger, 1909, p. 91-92.

Pas très commune : Bout-du-Lac, Duingt, Héré, Saint-Jorioz, Bredannaz. Elle n’atteint jamais la taille qu’elle offre fréquemment dans le Midi, mais est plus grande que la plupart des individus du Plateau suisse.

Var. rufilabris Jeffr.

Helix rufilabris Dum. et Mort., 1857, p. 54-55.

Var. rufilabris Kampmann, loc. cit.

Variété plus petite, à péristome plus rouge : Saint-Jorioz, pas commune.

Fam. Buliminidæ

Gen. Buliminus Ehr.

43. Buliminus (Zebrina) detritus (MĂĽll.)

Bulimus detritus Dum. et Mort., 1857, p. 97-99.

Bulimus radiatus Payot, 1864, p. 42-43.

Rare. Je n’en ai trouvé qu’un bon exemplaire, dans la vallée du Laudon, au-dessus de Leschaux, à 1000 m environ.

44. Buliminus (Ena) montanus (Drap.)

Bulimus montanus Dum. et Mort., 1857, p. 99-100.

Bulimus montanus Payot, 1864, p. 48.

Pas commun : au-dessus de Lathuille, dans les forêts de l’extrémité de Taillefer (Dum. et Mort.), dans la partie supérieure de la vallée d’Entrevernes et sur les flancs du Semnoz, de 1200 à 1650 m environ.

45. Buliminus (Ena) obscurus (MĂĽll.)

Bulimus obscurus Dum. et Mort, 1857, p. 101-102.

Bulimus obscurus Payot, 1864, p. 43.

Assez commun : forêts au-dessus de Doussard, Bredannaz, Duingt (Dum. et Mort. l’y ont déjà trouvé), Héré, vallée d’Entrevernes, Filly, Saint-Jorioz, toute la vallée du Laudon et au Semnoz jusqu’à 1650 m (Payot donne comme maximum 1000 m !).

Aux Maisons (dans la vallée d’Entrevernes), contre les rochers qui bordent la route, on voit dans les dépressions de la pierre, sur un fond gris, légèrement terreux, de petits amas de boue sèche ayant plus ou moins la forme d’un cône grossier à surface tout à fait irrégulière, sans aucune apparence de tours de spire. Ces amas de 5 ou 6 millimètres de hauteur, sont fixés immobiles au rocher. Si l’on détache ces petites pyramides de terre, on est tout étonné d’y trouver à la base une ouverture, brune à l’intérieur, par où passe un petit mollusque. Et, en nettoyant le tout, on reconnaît enfin un Buliminus obscurus couvert de dépôts boueux, qui se dissimulait parfaitement dans le milieu ambiant, par sa couleur d’emprunt. Cette espèce présente ainsi un bon exemple de mimétisme par adjonction — quoique involontaire ! — d’objets étrangers, meilleurs que celui qu’offrent ordinairement les Pyramidula rupestris et Pupa avenacea, dans l’écorce terreuse desquels on devine le plus souvent la spire et ses tours.

Gen. Chondrula Beck.

46. Chondrula quadridens (MĂĽll.)

Bulimus quadridens Dum. et Mort., 1857, p. 103-104.

Bulimus quadridens Payot, 1864, p. 44.

Pas très commune : pied du Taillefer près de Bredannaz, Duingt, Héré, crête du Taillefer, vallée d’Entrevernes, vallée du Laudon, par ci par là sur les flancs du Semnoz, jusque vers 1400-1500 m.

Gen. Acanthinula Beck.

47. Acanthinula aculeata (MĂĽll.)

Helix aculeata Dum. et Mort., 1854, p. 265-268 ; 1857, p. 39-40.

Assez rare : Duingt (sous les feuilles mortes et contre les rochers moussus), Héré (sous le bois pourri et le feuillage mort).

Fam. Cochlicopidæ

Gen. Cochlicopa Risso

48. Cochlicopa lubrica (MĂĽll.)

Achatina lubrica Dum. et Mort., 1857, p. 95-96.

Achatina lubrica Payot, 1864, p. 42.

Commune : environs de Doussard, au-dessus de Lathuille (Dum. et Mort.), le long du pied du Taillefer, Chaparon, Bredannaz, Duingt, Héré, toute la colline du Taillefer, vallée d’Entrevernes, Filly, Saint-Jorioz, vallée du Laudon, Semnoz (jusqu’à 1650 m).

Var. nitens Koch,

Var. minima Siemaschko,

Var. columna Clessin. Ces trois variétés sont disséminées avec le type, mais plus ou moins rares.

Gen. Cæcilianella Stab.

49. Cæcilianella acicula (Müll.)

Achatina acicula Dum. et Mort., 1857, p. 97.

Achatina acicula Payot, 1864, p. 42.

Pas commune : Duingt (au bord du lac) et dans les environs de Saint-Jorioz.

Fam. Pupidæ

Gen. Pupa Drap.

50. Pupa (Modicella) avenacea (Brug.)

Pupa avena Payot, 1864, p. 46.

Très commune : environs de Doussard, Bout-du-Lac, Chaparon, Bredannaz, Duingt, Héré, Taillefer, vallée d’Entrevernes, Saint-Jorioz, toute la vallée du Laudon et par-ci par-là sur le Semnoz, jusqu’à environ 1650 m (Payot donne 1500 m comme maximum).

51. Pupa (Torquilla) secale Drap.

Pupa Secale Payot, 1864, p. 46.

Très commune : Doussard, Chaparon, Bredannaz, Duingt, Héré, Taillefer, toute la vallée d’Entrevernes, Filly, Saint-Jorioz, disséminée dans la vallée du Laudon ; tout le Semnoz, jusqu’à la même altitude que l’espèce précédente, alors que Payot lui donne aussi 1500 m comme maximum hypsométrique.

52. Pupa (Torquilla) frumentum Drap.

Pupa frumentum Payot, 1864, p. 46.

Rare : Taillefer et avant d’arriver aux Maisons (dans la vallée d’Entrevernes).

Dans la contrée que j’ai visitée, cette espèce ne dépasse pas 800 mètres d’altitude, comme l’a observé Payot aux environs du Mont-Blanc, tandis qu’ailleurs elle s’élève un peu plus (Bollinger donne 1000 m pour la Suisse et 1300 pour le Tyrol).

53. Pupa (Torquilla) variabilis Drap.

Pupa variabilis Payot, 1864, p. 46-47.

Torquilla variabilis Coutagne, 1902, p. 143.

Pupa variabilis Charp., 1837, p. 16 ; Brot (1896), mss.

Pupa variabilis Kampmann, 1909, p. 243.

Pupa variabilis Andreæ, 1880a, p. 39.

Pupa variabilisPiaget, 1913, sous presse.

Commune par places : pied et crête du Taillefer, près de Chaparon, Bredannaz, Duingt, Saint-Jorioz.

Il est intéressant d’étudier l’invasion progressive de cette espèce dans les montagnes savoyardes et suisses ; nous y reviendrons plus loin.

Gen. Orcula Held.

54. Orcula doliolum (Brug.)

Pupa doliolum Payot, 1864, p. 45.

Pas rare par places : Duingt (et dans les laisses du lac), vallée d’Entrevernes (disséminée un peu partout) et la vallée du Laudon (environs d’Entredozon et de Leschaux).

Gen. Pupilla Leach.

55. Pupilla muscorum (L.)

Pupa marginata Payot, 1864, p. 44-45.

Assez commune : Chaparon, au pied du Taillefer, Bredannaz, Duingt, Saint-Jorioz, vallée du Laudon (disséminée jusqu’à Leschaux).

56. Pupilla triplicata (Stud.)

Pupa tridentalis Payot, 1864, p. 44.

Plus rare que la précédente : Chaparon, Bredannaz, Duingt, Taillefer.

Gen. Odostomia Flem.

57. Odostomia cylindracea Dacosta

Pupa umbillicata Payot, 1864, p. 45.

Pupa umbilicata Charp., 1837, p. 15.

Commune à Duingt, sur les rochers du débarcadère.

On ne connaît pas de stations intermédiaires entre la Savoie et la Suisse orientale, où habite cette espèce.

Gen. Sphyradium (Charp.) West.

58. Sphyradium edentulum (MĂĽll.).

Pupa edentula Payot, 1864, p. 49.

Rare : forêts au-dessus de Doussard.

Var. inornata (Mich.).

Vertigo inornata Coutagne, 1902, p. 142.

Sphyradium inornatum Kampmann, 1909, p. 237.

Sphyradium inornatum Godet, 1907, p. 116.

Var. Gredleri Bollinger, 1909, p. 109-110.

Rare : dans un bois du château d’Héré.

Je ne crois pas que cette variété soit identique au Sph. Gredleri de Clessin, qui est moins grêle, à tours de spire plus convexes et de couleur plus pâle 4.

Gen. Vertigo MĂĽll.

59. Vertigo (Alæa) pygmæa (Drap.)

Pupa pygmæa Payot, 1864, p. 48-49.

Pas commune : vallée d’Entrevernes, Saint-Jorioz, bords du lac à Duingt.

60. Vertigo (Alæa) alpestris Ald.

Pupa alpestris Boettg., 1880, p. 34.

Vertigo alpestrisPiaget, 1912b, p. 88-84 ; 1913, sous presse.

Vertigo alpestris Godet, 1907, p. 132.

Vertigo alpestris Bollinger, 1909, p. 111-112.

Pupa alpestris Sterki, 1883, p. 73.

Partie supérieure du Semnoz, à environ 1600-1650 mètres, sur les blocs moussus.

61. Vertigo (Vertilla) pusilla MĂĽll.

Vertigo pusilla Kampmann, 1909, p. 244 ; etc., etc.

Rare : vallée d’Entrevernes (près de la Planche), Duingt, sur les rochers.

Gen. Isthmia Gray.

62. Isthmia muscorum Drap.

Pupa muscorum Payot, 1864, p. 48.

Assez commune : Bout-du-Lac, Bredannaz, Duingt, Saint-Jorioz (bords du lac).

Fam. Clausiliidæ

Gen. Balea Prid.

63. Balea perversa (L.)

Pupa fragilis Payot, 1864, p. 48.

Rare : Duingt (sur les rochers) ; Bredannaz (sur de vieux murs, sous le lierre).

Gen. Clausilia Drap.

64. Clausilia (Clausiliastra) laminata (Mtg.)

Clausilia bidens Payot, 1864, p. 50.

Assez commune : environs de Doussard, Duingt, Héré, vallée d’Entrevernes, Semnoz jusqu’à 1650 m.

Var. pellucida Bœttg.

F. pellucida Andræe, 1880a, p. 39. Gorges du Chaudron, près Montreux.

Var. viridula Bourguignat, mss. in coll. Gorges du Chaudron, près Montreux.

J’ai trouvé deux exemplaires vivants de cette curieuse variété à Héré, dans le bois du château.

L’animal est beaucoup plus clair que chez le type, et la coquille est si transparente qu’on se rend parfaitement compte de l’anatomie de l’animal et qu’on voit même le cœur battre au travers du test. Les lamelles et le callus sont à peine marqués et le péristome est presque entièrement blanc. Il me semble que cette transformation est produite par certains lichens, qui ne sont pas communs aux environs de Duingt mais que j’ai trouvés en assez grande abondance dans ce bois. Ces végétaux sont fort répandus dans certaines forêts du Valais où, chose curieuse, on retrouve des variétés analogues chez d’autres mollusques : Patula ruderata var. viridana Roff. et Balea perversa var. vitrina Piaget. M. Meylan, de Sainte-Croix, a bien voulu déterminer ces lichens : ce sont des Peltigera horizontalis, canina et rufescens.

65. Clausilia (Cusmicia) parvula Stud.

Clausilia parvula Payot, 1864, p. 52.

Très commune : au-dessus de Doussard, Bout-du-Lac, Chaparon, Bredannaz, Duingt, Héré, Taillefer, vallée d’Entrevernes, Filly, Saint-Jorioz, dans la vallée du Laudon, sauf aux parties schisteuses. Cette espèce, en effet, ne vit en général que sur le calcaire. Cependant, Payot la dit très commune dans toutes les vallées des environs du Mont-Blanc, mais je n’en ai jamais vu qu’un seul exemplaire (sur des schistes, il est vrai) dans le val Ferret, où j’ai trouvé par contre un grand nombre d’espèces que Payot n’y mentionne pas.

66. Clausilia (Cusmicia) dubia Drap.

Clausilia dubia Payot, 1864, p. 51.

Pas commune : Héré, Filly ; sur les flancs du Semnoz, jusqu’à 1650 m.

67. Clausilia (Cusmicia) rugosa Drap.

Clausilia rugosa Payot, 1864, p. 51.

Clausilia rugosa Charp., 1837, p. 18 (Valais et ouest de la France).

Assez commune : Bredannaz, Duingt, vallée d’Entrevernes, Saint-Jorioz ; ordinairement dans les interstices des écorces.

68. Clausilia (Pirostoma) plicatula Drap.

Clausilia plicatula Payot, 1864, p. 52.

Pas très commune : Doussard, Duingt, vallée du Laudon ; Semnoz, jusqu’à 1650 m environ.

69. Clausilia (Pirostoma) ventricosa Drap.

Clausilia ventricosa Payot, 1864, p. 51.

Pas très commune : environs de Doussard et de Duingt.

Fam. Succineidæ

Gen. Succinea Drap.

70. Succinea (Neritostoma) putris (L.).

Succinea putris Dum. et Mort., 1857, p. 22-23.

Succinea putris Payot, 1864, p. 27-28.

Commune au bord du lac ; assez variable.

Var. limnoidea Baudon

Bout-du-Lac, avec le type de l’espèce.

Var. Charpentieri Dum. et Mort.

Succinea Charpentieri Dum. et Mort., 1857, p. 23.

Duingt, commune dans les roseaux, depuis le château jusqu’à Saint-Jorioz.

Var. Drouëtia Moquin (non Droueti Dum. et Mort.).

Environs de Duingt. Cette variété est très voisine de la précédente, qui est intermédiaire entre le type et la var. Drouetia. — Chez ces trois dernières variétés, on trouve assez fréquemment des f. marginata (Piag. et Romy, 1912, p. 147), forme à suture bordée d’une bande rouge plus foncée que le test et d’un mm d’épaisseur.

Var. nigrolimbata Locard.

Rare : au bord du lac ou dans les marais entre Duingt et Saint-Jorioz.

F. typica. — La forme typique de la S. putris se trouve par-ci par-là avec ces variétés et en grande abondance dans les marais, aux environs de Saint-Jorioz.

Quant aux quatre variétés, elles sont plus ou moins fréquentes en Suisse, aux environs de Neuchâtel, etc. (Godet, 1907, p. 137 ; Piaget et Romy, 1912, p. 147).

71. Succinea (Amphibina) elegans Risso 5

Succinea elegans Godet, 1907, p. 187.

Succinea Pfeifferi f. elegans Bollinger, 1909, p. 129-130.

Succinea Pfeifferi subsp. elegansPiaget et Romy, 1912, p. 148.

Le type est assez rare, au Bout-du-Lac et marais des environs.

Subsp. Pfeifferi Rossm. 6

Succinea Pfeifferi Dum. et Mort., 1857, p. 23-24.

Succinea Pfeifferi Payot, 1864, p. 28.

Assez commune au bord du lac d’Annecy et dans les marais : Bout-du-Lac, Duingt, Saint-Jorioz et dans la vallée d’Entrevernes (jusqu’à La Planche et Membert).

Var. propingua Baudon

Duingt, pas très commune dans les roseaux.

72. Succinea (Lucena) oblonga Drap.

Succinea oblonga Dum. et Mort., 1857, p. 24-25.

Assez rare : dans les champs humides, près de Filly.

2. S. Ord. Basommatophora

Fam. Auriculidæ

Gen. Carychium MĂĽll.

73. Carychium minimum MĂĽll.

Je n’ai rencontré le type de cette espèce que près de l’eau, comme cela a lieu aux environs de Neuchâtel : Bout-du-Lac, Duingt, sur tout le rivage entre Duingt et Saint-Jorioz.

Var. striolata Bourguignat

Carychium tridentatum Godet, 1907, p. 138.

Carychium tridentatum Clessin, 1889, p. 502, f. 340.

M. Godet a reconnu, après la publication de son catalogue, que la forme qu’il désigne sous le nom de C. tridentatum ne doit pas répondre au type de Risso ou du moins ne correspond pas à la forme que les auteurs français (Locard, Coquilles terrestres de France, f. 481) appellent ainsi. Il en est de même du reste de la figure de Clessin, figure qui doit sans doute se rapporter à une espèce comprenant les trois Carychium que Bourguignat nomme Rayianum, tridentatum et striolatum. Il est vrai que ces deux derniers sont très voisins l’un de l’autre, mais il est cependant important de les séparer.

Var. Rayiana (Bourguignat)

Cette variété, ainsi que la précédente, vit disséminée dans les forêts humides de Doussard, Héré, Filly et de la vallée d’Entrevernes.

Fam. Limnæidæ

Gen. Limnæa Lam.

74. Limnæa (Limnus) stagnalis (L.)

Limnaea stagnalis Le Roux, 1908, p. 371.

Pas commune : marais du bord du lac, entre Duingt et St-Jorioz.

75. Limnæa (Gulnaria) limosa (L.) sensu latissimo

Limnæa limosaPiaget, 1912, p. 327.

Très commune dans le lac et presque dans tous les marais ; extrêmement variable :

Var. ampla (Htm.)

Limneus amplus Andreæ, 1880a, p. 40.

Limnæa ampla Godet, 1907, p. 141.

Limnæa limosa var. ampla Piaget, 1912, p. 327-828, pl. VIII, f. 1.

Marais du bord du lac, Ă  Duingt.

Var. contracta Kobelt

Limnaea auricularia Le Roux, 1908, p. 371.

Var. ampla sub. var. contracta Piaget, 1912, p. 328, pl. VIII, f. 2, 3, 4.

Bout-du-Lac et aux environs de Duingt.

Var. canalis Villa.

Limn. limosa var. lagotis, sub. var. canalis Piaget, 1912, p. 329, pl. IX, f. 35-41.

Pas très commune : Bout-du-Lac.

Var. patula Dacosta (sensu stricto : var. acronica Stud.).

Limneus ovatus var. acronicus Charp., 1837, p. 20, pl. II, f. 16.

Limnæa ovata var. patula Kampmann, 1909, p. 247.

Limnæa ovata var. patula Godet, 1907, p. 141.

Limnæa limosa var. patula Piaget, 1912, p. 329, pl. IX, f. 33-34.

Pas commune : environs du Bout-du-Lac (J’ai trouvé une petite forme de cette variété à Annecy même, dans le port).

Var. lacustrina Clessin

Limnæa ovata var. lacustrina Godet, 1907, p. 141.

Limnæa limosa var. ovata sub. var. lacustrina Piaget, 1912, p. 330.

Le littoral compris entre Duingt et Bout-du-Lac.

Subsp. Peregra (MĂĽll.)

Limnæa peregra auct. ; Le Roux, 1908, p. 371.

Limnæa limnosa var. peregra Piaget, 1912, p. 330, pl. VIII, f. 17-18.

Très variable et commune dans presque tous les fossés et les marais.

F. typica. — Je n’ai trouvé la forme normale de cette sous-espèce que dans l’étang de la Planche, près de Saint-Jorioz, où elle se trouve en grande abondance, ainsi que près du sommet du Semnoz, vers 1680 m environ.

Var. pulchella Roff.

J’ai trouvé cette forme dans des fossés entre Duingt et Saint-Jorioz. Elle y présente tous les caractères indiqués par Roffiaen sauf le dernier, c’est-à-dire que le péristome est mince et simple. À côté de la forme normale, on rencontre une quantité d’individus intermédiaires, d’abord entre cette variété et la suivante, mais aussi entre ces deux variétés et ce que Charpentier appelle L. ovatus var. fontinalis. Cependant on ne trouve pas de fontinalis typiques. À Neuchâtel, où vit cette dernière variété et où elle est très variable comme toutes les Limnées, il y a à côté de la forme typique une quantité d’intermédiaires entre elle et la var. pulchella, toutefois sans que cette dernière soit représentée à l’état normal, de sorte qu’en considérant toutes ces formes de Gulnaria comme autant d’espèces, on serait extrêmement embarrassé de savoir si ces limnées appartiennent à la L. ovata ou à la peregra. Ces intermédiaires au contraire n’ont rien que de très naturel si on les fait rentrer dans une seule espèce aussi vaste et aussi variable qu’est la L. limosa.

Var. attenuata Clessin.

Limn. peregra var. attenuata Clessin, 1889, p. 552.

J’ai trouvé entre Duingt et Saint-Jorioz une petite forme qui ne peut être que cette variété attenuata, de Galicie, du nord du Tyrol et d’Holstein ; elle a bien tous les caractères indiqués par Clessin.

Var. elongata Clessin.

Au bord du lac, près de Duingt.

Var. Dautzenbergiana Piaget

Limn. limosa subsp. peregra var. Dautzenbergiana Piaget, 1912a, p. 339, f. 6-7 ; 1913 (sous presse).

Cette forme se trouve dans de petites mares près de Membert, au fond de la vallée d’Entrevernes ; elle y présente les mêmes caractères qu’au Valais, sauf une spire un peu mieux conservée.

76. Limnæa (Limnophysa) palustris (Müll.)

Limnaea palustris Le Roux, 1908, p. 371.

Commune dans les marécages du bord du lac et dans les étangs avoisinants : Bout-du-Lac, Bredannaz, Duingt, Saint-Jorioz, etc.

Var. corvus (Gm.)

Bout-du-Lac, Duingt, dans les marais du rivage.

Sub. var. curta Clessin. — Cette sous-variété semble produite par l’agitation relative de l’eau dans certains endroits ; on la trouve donc dans les mêmes localités que le type corvus, mais à des places moins abritées.

F. typica. — Je n’ai rencontré la forme normale de la Limnæa palustris que dans des étangs et fossés entre Duingt et Saint-Jorioz.

77. Limnæa (Fossaria) truncatula (Müll.)

Commune : Bout-du-Lac, mares au pied du Taillefer, au-dessus de Chaparon, Duingt, vallée d’Entrevernes, Saint-Jorioz, étang de la Planche, disséminée dans la vallée du Laudon et au Semnoz, jusqu’à 1680 m environ.

Fam. Physidæ

Gen. Aplexa Flem.

78. Aplexa hypnorum (L.)

Pas commune : aux environs de Saint-Jorioz.

Fam. Planorbidæ

Gen. Planorbis Guett.

79. Planorbis (Tropidiscus) marginatus Drap.

Planorbis marginatus Le Roux, 1908, p. 371.

Commune dans le lac et les marais, au Bout-du-Lac et à Duingt. Il y a comme partout plusieurs variations de la carène, qui est plus ou moins haut placée, en fournissant tous les intermédiaires entre le type et la var. submarginatus Jan.

80. Planorbis (Tropidiscus) carinatus MĂĽll.

Planorbis carinatus Le Roux, 1908, p. 371.

Tout aussi commun dans le lac et dans les marais : Bout-du-Lac, Duingt et mares à Saint-Jorioz.

81. Planorbis (Gyrorbis) rotundatus Poiret

Pas commun. Je ne l’ai rencontré que dans des mares, à Saint-Jorioz.

82. Planorbis (Gyraulus) albus MĂĽll.

Var. stelmachætius (Bourg.).

Commune dans le lac, sous les pierres et sur les plantes aquatiques, à Duingt et au Bout-du-Lac. Je n’ai jamais trouvé le type albus.

83. Planorbis (Bathyomphalus) contortus (L.)

Pas commun : Bout-du-Lac, dans les marécages, sur les plantes aquatiques et sous les pierres plates.

84. Planobis (Armiger) crista (L.)

Planorbis cristatus Le Roux, 1908, p. 371.

Pas commun : Bout-du-Lac, en compagnie de l’espèce précédente. Je n’ai rencontré que la forme que Draparnaud appelle Pl. cristatus, sans aucun imbricatus.

Fam. Ancilydæ

Gen. Ancylus Geoffr.

85. Ancylus fluviatilis (L.)

Ancylus fluviatilis Le Roux, 1908, p. 371.

Commun dans le lac et dans des ruisseaux assez rapides, Ă  Duingt.

Gen. Velletia Gray

86. Velletia lacustris (L.)

Rare : dans le lac, à Duingt.

B. Ord. Pneumopoma

Fam. Cyclophoridae

Gen. Pomatias Hartm.

87. Pomatias septemspirale (Raz.)

Très commun dans toutes les forêts : environs de Doussard, Chaparon, Bredannaz, Duingt, Héré, vallée d’Entrevernes, Filly, Saint-Jorioz, disséminé dans la vallée du Laudon ; Semnoz jusqu’à 1650 m.

C. Ord. Branchiata

Fam. Valvatidæ

Gen. Valvata (MĂĽll.).

88. Valvata (Gyrorbis) cristata MĂĽll.

Assez rare au Bout-du-Lac, dans les marécages, mais commune dans une grande mare près de Saint-Jorioz.

Fam. Paludinidæ

Gen. Bythinia Gray

89. Bithynia tentaculata (L.)

Bithynia tentaculata Le Roux, 1908, p. 371.

Commune dans le lac et les marais avoisinants : Bout-du-Lac, Duingt et Saint-Jorioz.

Var. producta Menke.

Mêlée au type, un peu partout.

Var. decipiens Millet sec. Locard

Bythinia decipiens Godet, 1907, p. 147.

B. tentaculata var. decipiens Piaget et Romy, 1912, p. 157.

Dans les endroits calmes et les mares, Bout-du-Lac et Saint-Jorioz.

II. Cl. Acephala

Fam. Najadæ

Gen. Anodonta Cuv.

90. Anodonta cygnæa (L.) sec. Büchner : sensu latiore

Var. longirostris Büchn.

A. mutabilis var. cellensis subvar. longirostris Godet, 1907, p. 151-152.

A. cygnæa var. longirostris Piaget et Romy, 1912, p. 158.

Dans le lac, aux endroits assez calmes, à environ 1-3 mètres de profondeur, sur un fond plus ou moins vaseux recouvert de quelques pierres : Duingt et Bout-du-Lac.

f. typica.

f. minor.

f. plus minusve rostrata, Duingt, etc.

Var. lacustrina Clessin

Anodonta mutabilis var. lacustrina Clessin, 1890, p. 709.

Anodonta mutabilis var. lacustrina Godet, 1907, p. 153-155.

Le type de cette forme se rencontre dans les endroits calmes à fond vaseux, entre Duingt et Saint-Jorioz. On le trouve avec diverses variations plus ou moins ovales, etc., en particulier la Sub. var. arealis Küst. (Godet, 1907, p. 155), près de Duingt. Il y a en outre un grand nombre d’intermédiaires entre ces formes et la variété suivante.

Var. Charpentieri Küster

Anodonta mutabilis var. lacustrina sub. var. Charpentieri Clessin, 1890, p. 711.

Anodonta mutabilis var. lacustrina sub. var. Charpentieri Godet, 1907, p. 155.

Anodonta cygnæa var. Charpentieri Piaget et Romy, 1912, p. 158-159.

On retrouve à Duingt exactement les mêmes formes qu’à Neuchâtel. Elles vivent surtout dans des fossés et dans un ruisseau au bout du village :

F. typica.

F. elongata, ovata, sinuata, etc.

mut. fusco-rufescente.

Fam. Sphæriidæ

Gen. Sphærium Scop.

91. Sphærium (Corneola) corneum (L.)

Sphærium corneum Le Roux, 1908, p. 372.

Pas rare dans les marécages du bord du lac : Bout-du-Lac et Duingt.

Var. nucleus (Stud.)

Cyclos nucleus Charp., 1837, p. 25, pl. II, f. 23, a b c.

Sphærium corneum Kampmann, 1909, p. 252.

Sphærium nucleus Andreæ, 1880a, p. 40.

Sphærium corneum var. nucleus Godet, 1907, p. 156.

Sphærium corneum var. nucleus Piaget et Romy, p. 159.

Sphærium corneum var. nucleus Piaget, 1912b, p. 88.

Fréquent dans les marais du Bout-du-Lac.

92. Sphærium (Corneola) lacustre (Drap.) 7

Plus rare ; il se trouve dans les mêmes localités.

Gen. Calyculina Clessin.

93. Calyculina lacustris (MĂĽll.)

Pas rare, en compagnie des deux Sphœrium et dans un étang à Saint-Jorioz.

Gen. Pisidium C. Pfeiff.

94. Pisidium (Flumininea) amnicum (MĂĽll.)

Pisidium amnicum Le Roux, 1908, p. 372.

Assez commun dans le lac : Bout-du-Lac et Duingt. On trouve le type de l’espèce et un grand nombre d’intermédiaires entre lui et la

Var. elongata (Baudon)

Var. elongata Godet, 1907, p. 156.

95. Pisidium (Fossarina) fossarinum (Cless.)

Commun dans les mares et les ruisseaux des environs de Duingt.

Subsp. pusilla (Gm.)

Plus rare, en compagnie du type.

On trouve dans le même ruisseau, dans la même anse vaseuse, une quantité de Pisidium dont quelques-uns sont nettement caractéristiques, soit fossarinum, soit pusillum et tous les autres intermédiaires : plus ou moins ventrus, à sommet plus ou moins rapproché du bord postérieur de la coquille et plus ou moins saillant. Il y a même plusieurs individus à sommet rapproché du milieu de la coquille, peu saillant, et qui sont très ventrus : d’autres sont aplatis mais à sommet placé normalement. Bref, on peut établir toutes les transitions voulues entre ces deux Pisidium, surtout avec les variétés que Clessin établit chez le P. fossarinum (P. modestum, par exemple).

96. Pisidium (Fossarina) obtusale C. Pf.

Assez rare : Bout-du-Lac et Saint-Jorioz.

97. Pisidium (Fossarina) nitidum Jenyns

Pisidium nitidum Kampmann, 1909, p. 252.

Rare : Bout-du-Lac, dans les laisses du rivage.

98. Pisidium (Fossarina) milium Held.

Assez rare, dans le lac et les marais, Ă  Duingt.

Conclusions

I. — Origines de la faune malacologique des environs de Duingt

En considérant les différentes formes de mollusques que je viens de cataloguer, on peut immédiatement déduire trois conclusions :

  1. Les mollusques fluviatiles sont d’une origine qui remonte à l’ancienne région danubienne.
  2. Les environs de Duingt sont à la périphérie circaméditerranéenne par l’existence de quelques formes peu nombreuses, dans une zone comprenant en outre le canton de Genève, le bassin du Léman et la vallée du Rhône jusqu’à Sion environ 8.
  3. Les environs de Duingt appartiennent à la région septentrionale, mais paraissent avoir été influencés par le Jura plus que par les Alpes. Leur faune malacologique est en tous cas très voisine de celle de la Suisse.

Ces points posés considérons-les chacun séparément.

I.

On sait que le malacologiste allemand Kobelt a établi, d’accord avec la géologie, que le plateau suisse, du Bodan au Léman, y compris les lacs d’Annecy et du Bourget, ont communiqué un jour avec le Danube, pour former un vaste bassin, dont les vestiges sont actuellement caractérisés par l’Unio consentaneus Zgl. Il est facile de remarquer cette parenté dans les matériaux recueillis aux environs de Duingt.

  1. Tout d’abord les Succinées, qui ne sont pas précisément aquatiques, mais dont l’existence est en rapport étroit avec l’élément liquide : toutes ces formes de Succinea sont fréquentes en Suisse (environs de Neuchâtel, etc.)
  2. La Limnæa ampla de Duingt est tout à fait identique aux formes des lacs suisses et même de Regensbourg (exemplaires de la coll. Godet, recueillis par Clessin).
  3. La Limn. contracta du lac d’Annecy est une forme des lacs bavarois, du Bodan, du lac de Zurich, des lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat et sans doute du Léman. (André a désigné sous ce nom une limnée draguée dans la faune profonde du Léman, par 40 m de fond.)
  4. La Limn. patula se trouve en Galicie, Hongrie, Tyrol, Bodan, dans l’Oberland bernois (Interlaken), aux environs de Neuchâtel, de Genève et dans le lac d’Annecy.
  5. La Limn. lacustrina a d’abord été découverte dans les lacs bavarois, puis aux environs de Neuchâtel.
  6. Les L. pulchella et fontinalis vivent par ci, par là, en Suisse.
  7. La L. attenuata n’est signalée par Clessin qu’en Galicie, Nord du Tyrol et Holstein ; elle se trouve en Suisse.

    M. le Dr Marc Le Roux m’a en outre communiqué toute une série de limnées caractéristiques de la région danubienne, recueillies à Albigny (près Annecy) : Limnæa limosa var. Monnardi, v. Hartmanni, v. contracta, v. albescens, v. patula, v. lacustrina typique et même la v. tumida, bien reconnaissable par sa columelle toute droite.

  8. Les Planorbis, Physa, Ancylus et Bythinia, sans avoir rien de caractéristique, se trouvent tous en Suisse, particulièrement les différentes formes de Bythinia.
  9. Les Anodonta longirostris et lacustrina sont de formes spéciales et communes à tous les grands lacs de l’ancien bassin du Danube : lacs de Bavière et du plateau suisse.
  10. L’Anodonta Charpentieri, qui vit à Duingt, est une forme caractéristique des lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat.
  11. Le Sphærium nucleus est commun dans toute la Suisse, de la Thurgovie au canton de Genève et au bout du lac d’Annecy.
  12. Le Pisidium nitidum est signalé par Kampmann au canton de Genève : c’est probablement la forme que Brot désigne sous le nom de P. pulchellum Jen. dans le catalogue des mollusques littoraux du Léman qu’il a élaboré pour les travaux de Forel (Matériaux pour servir à l’étude de la faune profonde du lac Léman, § XXXI. Esquisse de la faune littorale.) Il est répandu sur le Plateau suisse.

Enfin tous les autres mollusques fluviatiles, qui n’ont rien de bien particulier quant à leur distribution géographique, se retrouvent dans les régions indiquées de Suisse et du Danube.

II.

Quelques espèces indiquent une parenté avec la région circaméditerranéenne :

1° Les Xerophila carthusiana et rufilabris, qui se trouvent dans tout le Midi de la France, atteignent la Savoie et suivent du reste le pied du Jura suisse, jusqu’à Bâle.

2° Le Buliminus detritus a une distribution identique, mais pénètre plus profondément, particulièrement au Valais.

3° Il en est à peu près de même pour le Chondrula quadridens.

4° Le Pupa variabilis est franchement méditerranéen. Il pénètre jusqu’aux environs de Bonneville, dans le canton de Genève, à Montreux, Perron, Ollon, Aigle, Bex, la Posse, Sion et jusqu’à Euseigne (sur Sion).

5° Le Pupa umbilicata a certainement pénétré en Haute- Savoie depuis le midi, car il n’existe pas aux environs de Genève et les stations de la Suisse orientale en sont complètement séparées.

Enfin deux espèces ont une origine assez douteuse. Ce sont :

6° Vitrina elliptica que Clessin dit différente de la Vitrina major du Midi de la France, opinion contraire à celle de Kobelt et de Locard. D’où viennent les exemplaires de la Haute-Savoie ? Nous y reviendrons tantôt.

7° Xerophila striata me paraît être plutôt méditerranéenne que germano-boréale quoiqu’il soit bien difficile de résoudre le problème. Il est cependant à remarquer que cette espèce est très répandue dans cette partie de la Haute-Savoie jusqu’au canton de Genève, qu’elle ne semble pas dépasser (pied des Voirons, Salève (Kampmann), Pâquis (Brot) dans la direction du plateau suisse).

D’autre part, elle a, à Duingt, une distribution assez caractéristique : elle n’habite que la région du littoral, dans des situations très exposées au soleil, très sèches, toujours en compagnie du Pupa variabilis, sans jamais s’élever dans les vallées (jusqu’au début de la vallée d’Entrevernes, maximum 650 m) comme le fait la X. candidula et thymorum. Mais ces faits n’ont rien de bien concluant.

III.

L’influence septentrionale, manifestée par un courant venant de Suisse, est certainement la plus importante.

1° La Limax tenellus (Doussard et Héré) est fort répandue en Suisse et en Allemagne.

2° Sans élucider le problème de l’origine méditerranéenne ou non de la Vitrina elliptica, il est à remarquer que cette forme se retrouve au canton de Genève, dans le Jura suisse et dans sa prolongation jusqu’en Alsace. C’est un bon exemple qui montre la parenté des environs de Duingt avec la chaîne du Jura et ses continuations, plus qu’avec les Alpes, où cette Vitrina n’a pas été signalée.

3° La Hyalina glabra est, il est vrai, fréquente dans les Alpes, mais aussi le long de la chaîne du Jura (Jura bernois, environs de Bâle, Randen, etc.).

4° La H. subglabra de la vallée d’Entrevernes est à peu près identique aux formes désignées sous ce nom ou sous le nom de H. helvetica bien plus abondante le long du Jura que dans les Alpes (canton de Genève, de Neuchâtel, Bienne, Weissenstein, Jura bernois, Pontarlier et environs de Bâle).

5° De même les H. nitidula et subnitens.

6° La Hyalina detrita (H. Dutaillyana) est commune dans les Alpes suisses (Alpes vaudoises, Valais, Oberland bernois), ainsi que dans tout le Jura, jusqu’au Jura bavarois où Clessin la signale sous le nom de f. minor Cl.

7° Les H. pura, radiatula et les Crystallus ont une distribution semblable.

8° Le Crystallus subrimatus particulièrement, très rare dans les Alpes, a été signalé au Salève, Jura genevois, vaudois, neuchâtelois, bernois, aux environs de Bâle et aux Mammern.

9° L’Arion subfuscus semble être assez répandu dans les Alpes, quoique peu signalé. Dans le Jura on l’a découvert dans les montagnes neuchâteloises, au Weissenstein et jusque dans la Forêt-Noire (répandu depuis les environs de Bâle).

10° La Vallonia petricola se trouve dans le Jura bernois et le Jura neuchâtelois, sans y avoir jamais encore été signalée.

11° Les Vallonia excentrica, Godeti et Helvetica sont également jurassiennes, cette dernière vivant aussi dans les Alpes (Valais).

12° Les Fruticicola plebeja et hispida sont beaucoup plus jurassiennes qu’alpines, particulièrement la première, qui a été signalée dans tout le Jura jusqu’en Alsace, Forêt-Noire, etc.

13° Charpentier et Clessin donnent les Fruticicola rufescens et montana comme vivant exclusivement dans la chaîne du Jura. Elles s’y trouvent effectivement de Genève à la vallée de la Wuttach et au Randen, mais on les retrouve aussi — quoique rarement — dans les Alpes (Château d’Œx, Adelbaden, etc.). Nous avons parlé des conjectures de Coutagne, qui semblent tout à fait correspondre à la réalité.

14° La Fruticicola villosa est très répandue dans tout le Jura, mais moins dans les Alpes (comme, du reste, les Fr. incarnata et Isognomostoma personatum).

15° Les Tachea sylvatica et montana sont aussi très répandues dans les montagnes suisses, la dernière spéciale à une certaine altitude (1000-2500 m).

16° La Xerophila thymorum est plus ou moins répandue tout le long de la chaîne du Jura.

17° Le Buliminus montanus est bien connu dans toutes les montagnes suisses.

18° Le Pupa secale vit le long de toute la chaîne du Jura, tandis qu’il n’entre pas très profondément dans les Alpes (Valais, Martigny, etc.), de même que les Pupilla muscorum, triplicata et Isthmia muscorum.

19° Le Sphyradium inornatum doit être répandu dans tout le Jura, bien qu’il ne soit signalé que par-ci par-là.

20° Le Vertigo alpestris, assez sporadique, est signalé le long du Jura (Sainte-Croix, Valangin, Montmollin, Chaumont, Lignières, Weissenstein, Jura Bernois, Argovie et aux environs de Bâle), et la station du Semnoz paraît en être la prolongation. Il est vrai qu’il est assez répandu dans les Alpes (Alpes vaudoises, Valais, etc.), mais sa distribution est encore trop mal connue pour tirer des conclusions.

21° La Clausilia parvula est extrêmement commune dans tout le Jura, sans doute sans solution de continuité avec les environs de Duingt ; elle l’est beaucoup moins dans les Alpes où elle ne vit presque exclusivement que sur terrain calcaire.

22° Les Carychium Rayianum et striolatum sont répandus dans le Jura (environs de Neuchâtel).

II. Distribution des mollusques aux environs de Duingt

Constituée de ces éléments, la faune malacologique des environs de Duingt peut être répartie en différentes régions d’habitat, que nous prendrons une à une.

1° Région du littoral

Cette région comprend tous les rivages du lac d’Annecy, plus un cordon de terrains plats de plus ou moins grande largeur : cette zone est plus considérable aux environs de Saint-Jorioz que sous Taillefer, par exemple. Les forêts inférieures, le bas des vallées, ainsi que des collines sèches limitent cette région qui correspond à ce que M. Paul Godet appelle « le Bas », sur les rives du lac de Neuchâtel (1907, p. 101). Cette partie du pays est surtout caractérisée par la grande majorité des espèces aquatiques et amphibies et par quatre ou cinq espèces circaméditerranéennes ; elle est en outre habitée par plusieurs mollusques, répandus un peu partout.

Voici la liste des formes caractéristiques :

  • Zonitoides nitidus
  • Vallonia pulchella (type)
  • Xerophila rufilabris
  • Cæcilianella acicula
  • Isthmia muscorum
  • Succinea propingua
  • Carychium minimum (type)
  • Limnæa stagnalis
  • Limnæa contracta et canalis
  • Limnæa attenuata et elongata
  • Aplexa hypnorum
  • Ancylus fluviatilis
  • Valvata cristata
  • Anodonta cygnæa var.
  • Sphærium nucleus
  • Calyculina lacustris
  • Pisidium fossarinum 9
  • Pisidium obtusale
  • Pisidium milium
  • Euconulus Alderi
  • Xerophila carthusiana
  • Xerophila striata10
  • Odostomia cylindracea
  • Succinea putris
  • Succinea oblonga 11
  • Limnæa ampla
  • Limnæa lacustrina et pulchella
  • Limnæa palustris et corvus
  • Tous les Planorbis
  • Velletia lacustris
  • Les trois Bythinia
  • Sphærium corneum
  • Sphærium Draparnaldi
  • Pisidium amnicum et var.
  • Pisidium pusillum 12
  • Pisidium nitidum

On trouve en outre :

  • Limax cinereus
  • Hyalina cellaria
  • Hyalina nitens
  • Hyalina radiatula
  • Arion empiricorum
  • Patula rotundata
  • Vallonia petricola
  • Vallonia godeti
  • Chilotrema lapicida
  • Fruticicola plebeia
  • Xerophila candidula et var.
  • Tachea nemoralis
  • Cochlicopa lubrica et var.
  • Pupa secale
  • Pupilla muscorum
  • Vertigo pygmæa
  • Clausilia parvula
  • Succinea Pfeifferi
  • Agriolimax agrestis
  • Hyalina nitidula et var.
  • Hyalina pura
  • Crystallus subrimatus
  • Euconulus fulvus
  • Arion hortensis
  • Vallonia helvetica
  • Vallonia costata
  • Vallonia excentrica
  • Fruticicola sericea
  • Fruticicola hispida et var.
  • Xerophila ericetorum
  • Buliminus obscurus
  • Pupa avenacea
  • Orcula doliolum
  • Pupilla triplicata
  • Balea perversa
  • Clausilia rugosa
  • Limnæa peregra

2° Région des collines sèches

Cette partie du pays, surtout constituée par presque toute la chaîne du Taillefer (sauf l’extrémité qui avoisine la montagne du Charbon), mais aussi par quelques collines au-dessus d’Entrevernes et certains contreforts du Semnoz, est caractérisée par une faune xérophile sans espèces spéciales :

  • Vitrina pellucida
  • Vitrina elliptica
  • Hyalina cellaria
  • Hyalina nitidula
  • Hyalina glabra
  • Hyalina pura
  • Crystallus crystallinus
  • Euconulus fulvus
  • Patula rotundata
  • Fruticicola sericea
  • Tachea hortensis
  • Helix pomatia
  • Cochlicopa lubrica
  • Pupa secale
  • Pupa variabilis
  • Clausilia parvula
  • Crystallus diaphanus
  • Pyramidula rupestris
  • Vallonia petricola
  • Chilotrema lapicida
  • Fruticicola srigella
  • Tachea nemoralis
  • Chondrula quadridens
  • Pupa avenacea
  • Pupa frumentum
  • Pupilla triplicata

Comme on le voit, la population de ces collines sèches n’a rien de bien particulier. Elle est cependant plus riche que les régions analogues du Jura suisse et il est curieux de noter certains faits qui ne se produisent que rarement : par exemple, il est peu fréquent de trouver côte à côte les Ch. quadridens, P. frumentum, variabilis, et des formes sylvatiques comme les Vitrina pellucida, elliptica et les Crystallus, qui sont tous assez communs au Taillefer, malgré sa sécheresse. Mais ces dernières espèces, qui sont fort peu xérophiles, doivent vivre très bien cachées et protégées de la chaleur, car je n’en ai rencontré que très rarement des individus vivants.

3° Région inférieure des vallées

Bien qu’aucune espèce ne caractérise cette région et que plusieurs mollusques soient communs avec les précédentes, il me paraît rationnel de séparer cette partie du pays, comprenant les vallées du Laudon et d’Entrevernes, presque en entier, et les environs de Doussard. D’une part, en effet, toutes les formes caractéristiques du littoral manquent et, d’autre part, ces terres beaucoup plus humides et plus fertiles nourrissent une faune sensiblement différente de celle des collines sèches. Voici les mollusques qu’on y rencontre :

  • Limax cinereus
  • Hyalina cellaria
  • Hyalina nitidula et var.
  • Arion empiricorum
  • Eulota fruticum
  • Patula rotundata
  • Vallonia Helvetica
  • Vallonia Godeti
  • Chilotrema lapicida
  • Fruticicola plebeja
  • Fruticicola strigella
  • Xerophila striata?
  • Tachea sylvatica
  • Tachea nemoralis
  • Buliminus detritus
  • Chondrula quadridens
  • Pupa avenacea
  • Pupa frumentum
  • Agriolimax agrestis
  • Hyalina subglabra
  • Hyalina nitens
  • Arion hortensis
  • Pyramidula rupestris
  • Vallonia costata
  • Vallonia excentrica
  • Arianta arbustorum
  • Fruticicola sericea
  • Fruticicola hispida et var.
  • Xerophila ericetorum
  • Xerophila candidula et var.
  • Tachea hortensis
  • Helix pomatia
  • Buliminus obscurus
  • Cochlicopa lubrica
  • Pupa secale
  • Orcula doliolum
  • Pupilla muscorum
  • Vertilla pusilla
  • Clausilia rugosa
  • Carychium minimum type
  • Vertigo pygmæa
  • Clausilia parvula
  • Succinea Pfeifferi
  • Limnæa truncatula

4° Région supérieure des vallées

Cette très petite région, beaucoup moins caractéristique qu’au Valais, comme il est naturel, comprend l’extrémité des vallées d’Entrevernes et du Laudon. Il est fort probable que presque toutes les espèces de la région précédente (excepté la Xerophila striata et peut-être la Tachea nemoralis) atteignent ces faibles altitudes, cependant il est facile de fixer la limite par le caractère le plus stable qu’on observe au Valais, c’est-à-dire par l’apparition de la Var. alpicola, de l’Arianta arbustorum, coïncidant à peu près avec la disparition du type de cette espèce (900-1000 m aux environs de Duingt, 1000-1500 en Valais).

5° Région inférieure des forêts

Toutes les forêts des deux vallées du Laudon et d’Entrevernes, du pied de la Dent d’Entrevernes (près Filly, etc.) et du Taillefer, des environs de Lathuille, de Doussard et les pentes inférieures du Semnoz constituent une région assez riche en espèces et offrant, comme en Suisse, des caractères spéciaux. On peut citer comme espèces caractéristiques :

  • Limax cinereo niger
  • Limax tenellus
  • Punctum pygmæum
  • Sphyradium inornatum
  • Helicodonta obvoluta *
  • Fruticicola edentula
  • Fruticicola rufescens
  • Buliminus montanus
  • Clausilia ventricosa
  • Clausilia laminata et var.
  • Carychium striolatum *
  • Sphyradium edentulum
  • Acanthinula aculeata *
  • Isognomostoma personatum
  • Fruticicola villosa
  • Fruticicola incarnata *
  • Clausilia dubia
  • Clausilia plicatula
  • Carychium Rayianum *
  • Pomatias septemspirale

Mais la plupart de ces espèces ne servent qu’à différencier cette région des précédentes et non de la suivante, car un certain nombre de mollusques habitent toutes les forêts du Semnoz, de Sévrier jusqu’à leur limite supérieure, tandis que d’autres ne dépassent pas une certaine altitude. Il est bien difficile de déterminer exactement les maxima et l’on ne peut caractériser les deux régions des forêts que dans leur milieu, loin de leurs frontières et par conséquent des influences des zones voisines. Les formes les plus typiques de la région inférieure des forêts sont les cinq marquées d’un astérisque.

On trouve en outre dans les bois :

  • Agriolimax agrestis
  • Vitrina elliptica
  • Hyalina subglabra
  • Hyalina nitidula et var.
  • Hyalina pura
  • Vitrina pellucida
  • Hyalina cellaria
  • Hyalina glabra
  • Hyalina nitens
  • Hyalina radiatula
  • Crystallus crystallinus
  • Crystallus subrimatus
  • Arion empiricorum
  • Pyramidula rupestris
  • Arianta arbustorum
  • Fruticicola sericea
  • Fruticicola hispida (rarement)
  • Tachea hortensis
  • Helix pomatia
  • Cochlicopa lubrica
  • Pupa secale
  • Clausilia parvula
  • Crystallus diaphanus
  • Euconulus fulvus (type)
  • Arion hortensis
  • Patula rotundata
  • Chilotrena lapicida
  • Fruticicola strigella
  • Tachea sylvatica
  • Tachea nemoralis
  • Buliminus obscurus
  • Pupa avenacea
  • Balea perversa

6° Région supérieure des forêts

La partie supérieure du Semnoz, à partir d’une altitude d’environ 1400-1500 m, forme à elle seule une région à part, caractérisée par les Arion subfuscus, Fruticicola montana, Tachea montana et Vertigo alpestris. La Hyalina detrita, assez spéciale à ces hauteurs, se trouve cependant depuis 900 m environ. Comme je viens de le dire, certaines formes atteignent cette zone, sans qu’il soit possible de fixer une limite exacte. Le meilleur critère pour distinguer les deux régions des forêts est sans doute le changement de la Tachea sylvatica normale en var. montana, ainsi que celui de l’Arianta arbustorum en var. alpicola.

On trouve donc à côté des espèces caractéristiques :

  • Limax maximus
  • Hyalina nitens
  • Crystallus diaphanus
  • Arion hortensis
  • Pyramidula rupestris
  • Helicodonta obvoluta 13
  • Chilometra lapicida
  • Fruticicola edentula
  • Fruticicola sericea
  • Buliminus montanus 14
  • Pupa secale
  • Clausilia laminata
  • Clausilia plicatula
  • Agriolimax agrestis
  • Hyalina pura
  • Euconulus fulvus type
  • Punctum pygmæum
  • Patula rotundata
  • Isognomostoma personatum
  • Arianta alpicola
  • Fruticicola rufescens 15
  • Tachea hortensis
  • Buliminus obscurus
  • Pupa avenacea
  • Clausilia dubia
  • Pomatias septemspirale

7° Région des pâturages

La partie supérieure déboisée du Semnoz rappelle tout à fait les pâturages du Jura suisse, que M. Godet désigne sous le nom de « région des pâturages et des sommets » (1907, p. 104). Elle est très pauvre en mollusques et équivaut à peu près par ses productions à la région alpine du Valais (2000 m et plus).

Je n’ai trouvé sur cette partie du Semnoz (1600-1700 m) que l’Agriolimax agrestis, la Xerophila ericetorum, les Limnœa peregra et truncatula.

Ouvrages cités

1880. Andreæ (Achilles) : Zur Fauna von Delsberg (Délémont) in Berner Jura (in Boettger : Zur Mollusken Fauna des Schweiz : 3), Jahrb. der Deutsch. Malakozool. Gesellsch., vol. 7, p. 37-38.

1880a. Andreæ (A.) : Zur Fauna der Genfer Sees, Kant. Waadt, ibid., vol. 7, p. 38-40.

1881. Blum (J.) : Schnecken vom Weissenstein bei Solothurn, Nachrichtsbl. der Deutsch. Malakozool Gesellsch., vol. 12, p. 138-141.

1883. Blum (J.) : Schnecken vont Weisseinstein bei Solothurn. I. Nachtrag., ibid., vol. 15, p. 161-163.

1880. Boettger (Dr O.) : Zur Mollusken Fauna des Schweiz. I. Die Mikroconchylien von Siders (Sierre) in Kanton Wallis. Jahrbuch der Deutsch. Malakozool. Gesellsch., vol. 7, p. 31-35.

1909. Bollinger (Gottfried) : Zur Gastropodenfauna von Basel und Umgebung. Basel.

Vers 1896. Brot (Dr A.) : Notes manuscrites en marge de l’ouvrage de Charpentier (1837) dans l’exemplaire qui lui appartenait, actuellement déposé à la Bibliothèque du Musée d’histoire naturelle de Genève.

1837. Charpentier (Jean de) : Catalogue des Mollusques terrestres et fluviatiles de la Suisse. Mémoires de la Société helvétique de Sciences naturelles, vol. 1, p. 1-28, pl. I et II.

1884-1885. Clessin (S.) : Deutsche Excursions Mollusken-Fauna. Nürnberg.

1887-1890. Clessin (S.) : Die Mollusken-Fauna OEsterreichs-Ungarns und der Scbweiz. Nürnberg.

1902. Coutagne (G.) : Les Mollusques de la Tarentaise. Feuille des jeunes naturalistes, vol. 31, p. 137-149 et 157-161.

Fin 1853. Dumont (François) et Mortillet (Gabriel de) : Histoire des Mollusques terrestres et d’eau douce vivants et fossiles de la Savoie et du bassin du Léman. Paris et Genève.

1854. Les pages 207-270 ont paru en 1854 (février-avril),

1854a. et la Suite de la deuxième partie, paginée p. 239-248 a sans doute paru en 1854. Je l’ai désignée : 1854a.

1856. Dumont (François) et Mortillet (Gabriel de) : Catalogue critique et malacostatique des mollusques terrestres et d’eau douce de la Savoie et du bassin du Léman. Extrait, comme l’ouvrage précédent, des Bulletins de l’Institut national genevois, 1856, p. 309 et 1857, p. 47.

1907. Godet (Paul) : Catalogue des Mollusques du canton de Neuchâtel et des régions limitrophes des cantons de Berne, Vaud et Fribourg, Bull. de la Soc. neuchâteloise des Sc. natur., vol. 34, p. 97-158. pl. I et II.

1908. Godet (Paul) : Supplément au Catalogue des Mollusques du Jura neuchâtelois, ibid., vol. 35, p. 106.

1909. Kampmann (Dr A.) : Catalogue des Mollusques du canton de Genève et des régions voisines, Bull. de la Soc. zool. de Genève, tome 1, fasc. 10.

1907-1908. Le Roux (Marc) : Recherches biologiques sur le lac d’Annecy. Ann. de biolog. lac., vol. 2, p. 220-388.

1864. Payot (Venance) : Erpétologie, malacologie et paléontologie des environs du Mont-Blanc, Lyon, (Mollusques, p. 23-53).

1912. Piaget (Jean) : Les Limnées des lacs de Neuchâtel, Bienne, Morat et des environs. Journal de conchyliologie, vol. 59 (1911), p. 311-332, pl. VIII et IX.

1912a. Piaget (J.) : Notes sur trois variétés nouvelles de Mollusques suisses, Journ. de conch., vol. 59 (1911), p. 333-340.

1912b. Piaget (J.) : Supplément au Catalogue des Mollusques du canton de Neuchâtel. Bull. de la Soc. neuchâteloise des sc. natur., vol. 39, p.74-89.

1913. Piaget (J.) : Malacologie alpestre. Revue suisse de zoologie, vol. 21 (n° 14), p. 439-576, pl. 14.

1912. Piaget (Jean) et Romy (Marcel) : Les Mollusques du lac de Saint-Blaise. Bull. de la Soc. neuchâteloise de géographie, vol. 21, p. 144-161.

1883. Sterki (Dr) : Notizen aus der Schweiz. Nachrichtsbl. der Deutsch. Malak. Gesellsch., vol. 15, p. 71-74.