Mémoires de jeunes filles (dé)rangées, Genève, 1900-2000

Filles en correction, en crises, indisciplinées, ou rebelles, mais aussi filles ignorées, isolées, malmenées, violées. Telles sont ces figures invisibles dont la mémoire sera ici ravivée. Privées d’un parcours éducatif ordinaire, elles se retrouvent reléguées vers des espaces de non-droit à l’éducation, au nom de leur protection contre leur supposé pire ennemi : elles-mêmes…. Dérangeantes parce qu’estimées dérangées, ces filles sont les incasables d’un système qui faute de pouvoir les réformer se contente de les confiner.

Traversant tout le siècle, la série des portraits qui va suivre illustre les espoirs d’une politique de protection de la jeunesse autant que ses impasses, ou ses impairs.

Cette histoire s’accélère dès le 19e siècle. C’est alors que la plupart des États occidentaux se donnent pour mission d’assurer aux enfants la protection et l’éducation qui en feront des citoyen·nes équilibré·es, responsables et productifs·ives. En Suisse comme ailleurs, l’instruction publique se développe, de même que les œuvres privées d’assistance ou d’éducation (hôpitaux, asiles, orphelinats).

Puis à la toute fin du siècle, cet élan s’attache aussi à identifier et prendre en charge les enfants malheureux ou maltraités dans leur famille, pour les confier à des milieux éducatifs jugés plus appropriés.

Mais quel traitement était réservé à ces jeunes en déshérence, hors-jeu et hors champ des parcours éducatifs ordinaires ? Invisibles car relégué·es souvent dans des espaces clos (orphelinats, maisons d’éducation), quels ont été les parcours de ces populations juvéniles ? Et quelles spécificités des trajectoires féminines permettent-elles d’observer ?

À travers une série de séquences restituant les évolutions de ces politiques, contrastées par des portraits des jeunes filles qui ont vécu ces dispositifs de l’intérieur, cette exposition vous invite à tourner une page méconnue de notre histoire.