Le contexte

L'essor de l'entretien différencié…

Depuis une vingtaine d'années, la gestion des espaces verts se fait de façon quasi généralisée en Europe selon un nouveau principe: "l’entretien différencié", qui consiste à gérer chaque parcelle différement, en adaptant le niveau de soins jardiniers apportés à chacune en fonction de son usage, de son histoire et de la valeur écologique souhaitée.

…et du jardinage collectif

En parallèle, les citadins émettent de nombreuses demandes à pouvoir jardiner en ville. Les services municipaux mettent alors en place des programmes de jardinage collectif, présentés comme les successeurs des jardins familiaux.

La problématique

La gestion de la nature urbaine se transforme. Quelles-en sont les implications?

Une série d'acteurs, d'outils et de discours en interrelation sont à l'origine de pratiques nouvelles, qui concourent à produire la nature en milieu urbain.

Plusieurs questions ont guidé la recherche:

• Quelles formes de gouvernance sont mises en place pour administrer les espaces verts, quels acteurs en sont partie prenante?
• Quels types de nature sont aujourd’hui favorisés en ville, pourquoi? Quelles pratiques jardinières leur sont associées?
• Quelles évolutions de la sociabilité urbaine et du rapport entre institutions publiques et société civile lit-on à travers la gestion des espaces publics végétalisés?

La recherche

Étude locale

Les recherches ont été menées dans trois communes genevoises: Vernier, Thônex et Genève.

Géographie audiovisuelle

La démarche adoptée est ethnographique et utilise la vidéo comme outil de recherche auprès de jardiniers professionnels et amateurs ainsi que de responsables administratifs, politiques et associatifs. Par ce choix, le travail de recherche participe au développement d’une «géographie audiovisuelle».

les résultats

La fabrique de la nature urbaine: entre écologisation et nouvelle régulation de l’action publique

Les recherches effectuées mettent en évidence un renouvellement de l’action publique dans le domaine de la nature en ville, qui se manifeste autant au niveau de l’organisation interne des services d’espaces verts, qui adoptent de nouveaux outils de gestion et de nouvelles pratiques d’entretien, que dans le rapport à la population, qui devient co-productrice des espaces verts urbains. Il prend corps dans une végétation particulière, s’incarnant notamment dans une figure plus «vivante», renvoyant autant à un impératif écologique qu’à des choix économiques: tolérance vis-à-vis des «mauvaises herbes», plantes vivaces et indigènes, etc.
Ce travail témoigne, enfin, de la circulation des pratiques et des modèles entre les catégories d’acteurs – amateurs et professionnels – et invite à l’analyse de l’hybridation des savoirs paysagistes en milieu urbain.