bassin genevois - Le peuplement du bassin genevois entre lac et terre ferme

A la fin de la préhistoire, les habitats du bassin genevois sont construits parfois sur terre ferme, parfois au bord du lac. Pour la compréhension des sociétés du Néolithique et de l'âge du Bronze en Europe, l'étude des habitats littoraux, dont les éléments en bois présentent un excellent état de conservation, apporte de précieuses informations qui sont complétées par les connaissances provenant des sites terrestres. Les fouilles archéologiques menées par l'UNIGE sur des sites lacustres et terrestres visent à mieux comprendre la dynamique du peuplement du bassin genevois pendant la préhistoire.

Le contexte

Les sites palafittiques, source unique d'informations

Au cours de la préhistoire récente de nos régions (4000-800 ans av. J.-C.), les habitats sont construits parfois sur terre ferme, parfois au bord des lacs (habitats palafittiques).
En 2011, un ensemble de 111 sites palafittiques situés dans six pays entourant l’Arc alpin, est classé patrimoine mondial par l’UNESCO. 56 sites se trouvent en Suisse. Grâce à la conservation exceptionnelle des éléments en matière organique, les vestiges des villages préhistoriques préservés dans les milieux humides constituent une source unique d'informations sur l'histoire des premières sociétés du Néolithique et de l'âge du Bronze en Europe. Ils sont complétés par les connaissances - certes plus ténues, mais essentielles - provenant des sites terrestres.

LA PROBLÉMATIQUE ET LA RECHERCHE

Le bois permet des datations très précises

Les bonnes conditions de conservation du bois permettent d’obtenir des datations très fines des occupations grâce à la dendrochronologie. Il est dès lors possible de reconstituer des plans de maisons et de villages en regroupant des séries de pilotis de même âge.

Déterminer la dynamique du peuplement grâce aux fouilles lacustres et terrestres

Les recherches visent à préciser l'environnement pendant l’occupation du village (niveau de l’eau et sa fluctuation) ainsi que les modes architecturaux des villages et des maisons.
L’étude des habitats lacustres permet également une meilleure compréhension de la région en évaluant le rythme d’occupation des rives et sa relation avec l’habitat terrestre de l’arrière-pays. Les phases d’abandon de l’habitat lacustre sont en effet souvent liées à de mauvaises conditions climatiques, bien qu'elles puissent aussi dépendre de facteurs culturels encore difficiles à appréhender.
La compréhension de ces dynamiques doit intégrer autant les informations des sites palafittiques que celles issues des habitats terrestres.

LES RÉSULTATS

Plusieurs habitats littoraux fouillés

A certaines périodes, le niveau du Léman se trouvait deux à cinq mètres plus bas qu’aujourd’hui. La rade de Genève présentait alors une vaste terrasse argileuse, recouverte de sable, sur laquelle de nombreux villages ont été construits entre le Néolithique moyen (vers 4000 av. J.-C.) et le Bronze final (vers 1000 av. J.-C.). Plusieurs habitats littoraux ont fait l’objet de fouilles archéologiques menées par l'UNIGE, dont la station du Plonjon fouillée entre 2009 et 2013.

Vestiges néolithiques au Grand-Saconnex

Dans le bassin genevois, on trouve également des traces d’occupation en milieu terrestre: un habitat daté du Néolithique moyen a été découvert à l’emplacement du temple de Saint-Gervais. Des fouilles menées à Satigny-Crédery, entre 2005 et 2007, ont mis en évidence trois phases d’occupation du IIIe millénaire av. J.-C., tandis qu'en septembre 2014, un menhir de 1,5 mètre de hauteur était mis au jour au Grand-Saconnex. Cette dernière découverte, ainsi que la présence de vestiges néolithiques, ont motivé une campagne de fouilles menée actuellement.

Notre patrimoine archéologique: un trésor à sauvegarder

L’inscription des sites palafittiques au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2011 implique des mesures de conservation de l'ensemble de ce patrimoine archéologique et culturel et favorise la mise en place de mesures de sensibilisation auprès des autorités et du grand public. Beaucoup plus ténus que les trouvailles des sites littoraux, les vestiges des habitats terrestres sont néanmoins essentiels pour comprendre les modalités d’occupation d’un territoire et la relation entre ces deux écosystèmes.

L’anthropologie archéologique

Ce que les restes osseux humains nous apprennent

L'anthropologie archéologique vise à identifier l'histoire et les comportements des populations du passé à partir des restes osseux humains. Plusieurs thématiques peuvent être abordées par son intermédiaire: la modalité de traitement du corps défunt, l'état sanitaire de ce corps, les activités passées de l'individu, la proximité biologique entre individus ou populations, l'alimentation passée, les mouvements de population...

Méthodes

Les chercheurs développent actuellement des méthodes de l’anthropologie de terrain (archéothanatologie), basées sur l’examen de l'identité biologique (sexe et âge), de marqueurs d'activités, de la paléopathologie, des traits épigénétiques et de géochimie des isotopes (strontium, oxygène, azote et carbone).

Collections

Les collections bioanthropologiques – environ 10'000 squelettes couvrant une période allant du Néolithique à l’époque moderne et provenant principalement de fouilles archéologiques de Suisse romande – constituent une base d'études et de comparaison privilégiée. Parmi celles-ci, la collection SIMON (comprenant près de 500 individus à ce jour) est une collection de référence de squelettes récents vaudois en cours d'élaboration par le Laboratoire d'archéologie de l'UNIGE.