Le Rhône, de Genève à Avignon - Restauration d’un fleuve : Mesurer les effets sur la biodiversité

Entamé en 2004, un programme de restauration hydraulique et écologique du Rhône vise à augmenter le volume d’eau circulant dans les tronçons les plus naturels et à redynamiser ses chenaux secondaires.
Simultanément, des chercheurs mesurent l’effet de la restauration sur l’écosystème. Résultat: la diversité des habitats et des communautés a augmenté dans les secteurs restaurés. Mieux encore, des modèles prédictifs transposables à d’autres bassins fluviaux peuvent être développés.

Le contexte

Un programme pour redonner vie aux bras du Rhône


Depuis 1933, 22 ouvrages hydroélectriques ont été érigés sur le Rhône, entre Genève et Avignon. Ces aménagements ont modifié la dynamique de l’eau, asséché certains chenaux latéraux, les « lônes », et ont ainsi altéré l’écologie du fleuve. Depuis 2007, un programme de restauration vise à augmenter les débits d’eau non utilisés par les installations hydroélectriques, et à redonner vie aux bras du Rhône, en améliorant les connexions entre le « vieux-Rhône » et les chenaux latéraux.
La restauration porte sur 9 secteurs courciruités par les installations hydroélectriques. Elle s'accompagne d’un suivi scientifique destiné à en mesurer l’impact.

La recherche

Les invertébrés, marqueurs de la biodiversité

Les chercheurs de l’Université de Genève étudient les effets de la restauration sur les invertébrés aquatiques (Insectes, Mollusques, Crustacés,...) , qui sont un maillon important de la chaîne alimentaire et des indicateurs du fonctionnement et de la qualité du milieu. Pour ce faire, ils suivent les changements des communautés d'invertébrés aquatiques et de leurs habitats après la restauration des sites et les comparent aux observations pré-restauration. Des modèles prédictifs sont élaborés pour orienter la restauration d'autres systèmes comparables.
La recherche sur l’impact de la restauration du Rhône se distingue par son ampleur, tant sur le plan du nombre de sites étudiés que par la durée des observations, qui continuent dix ans après la restauration. Le Rhône représente ainsi un laboratoire grandeur nature qui permet aux scientifiques de tester des approches prédictives.

les résultats et recommandations

Une plus grande diversité biologique

Selon les scientifiques, la restauration du Rhône a favorisé les espèces associées à des conditions plus courantes, mais aussi augmenté la diversité des conditions de vie à l'échelle des secteurs aménagés.

Lien établi entre degré d’irrigation et évolution des invertébrés

Selon les scientifiques, la restauration du Rhône a favorisé les espèces associées à des conditions plus courantes, mais aussi augmenté la diversité des conditions de vie à l'échelle des secteurs aménagés.

Des modèles prédictifs fiables

Enfin, les résultats Du suivi ont permis de confirmer l’intérêt des modèles prédictifs établis avant la restauration, bien qu’ils soient plus exacts pour le chenal prinicipal que pour les lônes. Ces modèles peuvent par conséquent être utilisés pour prédire l’évolution après restauration d’autres sites du Rhône, voire même d’autres bassins fluviaux.

Et maintenant ?

La dynamique positive créée par la restauration du Rhône va-t-elle perdurer ou les bras du Rhône vont-ils à nouveau s’endiguer ? quel sera l’effet du réchauffement climatique sur le débit du fleuve ? Quel sera l’impact des espèces invasives ? Telles sont les questions qui se posent désormais aux chercheurs.