Les arbres réagissent aux perturbations externes - laves torrentielles, chutes de pierres, glissements de terrain, avalanches, modification du milieu par l’intervention humaine, etc.- lorsqu’elles dépassent un certain seuil. Un arbre meurtri va fabriquer du tissu calleux et des canaux résinifères pour cicatriser et se protéger contre les attaques d’insectes. S’il est à moitié enseveli, sa croissance va être ralentie et ses cernes seront donc plus petits. Ou s’il a subi la pression d’une coulée, il va produire ce que l’on appelle du bois de compression pour se redresser.
Ces « réponses » sont enregistrées dans les cernes, tandis que des anomalies morphologiques peuvent apparaître au niveau du tronc et des branches. Pour les analyser, les chercheurs prélèvent des carottes dans les troncs d’arbres, en les perçant jusqu’au cœur à l’aide d’une tarière - une vrille de menuisier d’un centimètre de diamètre.
C’est grâce à la présence de ces divers traumatismes qu’il est possible de dater avec une précision annuelle, voire saisonnière, les différents événements survenus dans le passé. Cette méthode, mieux connue sous le nom de dendrogéomorphologie, permet le plus souvent de reconstituer l’activité des aléas naturels sur plusieurs siècles dans des zones pour les lesquelles les mairies ou les cantons n’ont que très peu d’informations. La dendrogéomorphologie peut donc aider les collectivités territoriales à mieux définir les zones à risques où il serait dangereux de construire et d’habiter.
Si les traces les plus anciennes de laves torrentielles remontent au 16ème siècle, elles ont probablement toujours existé. Leur augmentation supposée au 20ème siècle n’est qu’apparente, car il y a eu davantage d’événements au cours du XIXème siècle. Au vu des étés plus secs qui s’annoncent, il y aura sans doute moins de coulées de laves torrentielles, mais elles seront d’une plus grande ampleur. En outre, il faut également s’attendre à un déplacement de ces événements de l’été vers les saisons «intermédiaires»: dès le mois de mars, en cas de dégel soudain cumulé à des précipitations, ou au mois de décembre.