VIÈGE – RITIGRABEN - lire l’avenir dans des carottes de troncs d'arbres

Dans les années 1990, de violentes laves torrentielles dévastent les pentes du Ritigraben et inondent la ville de Brig. Ces phénomènes sont-ils en augmentation, conséquence peut-être du réchauffement climatique ? Pour y répondre, les chercheurs analysent étudient la morphologie des arbres et analysent leurs cernes de croissance, par le biais de carottes prélevées dans les troncs.
Résultat : ces coulées dévastatrices qui mêlent eau, terre et pierres, devraient être moins fréquentes mais plus violentes au milieu du 21ème siècle.

le Contexte

Années 1990 : des laves torrentielles se déversent sur le Haut-Valais

En septembre 1993, des laves torrentielles dévastent un chenal sur le site du Ritigraben près de Viège, charriant 60'000 m3 de matériaux, soit l’équivalent de 10'000 camions de chantier. D’autres catastrophes naturelles se produisent aussi dans les années 1990, comme l’inondation de Brigue, qui causera 650'000.- francs de dégât. Les autorités lancent alors un programme de recherche, le PNR 31, sur le sujet.

La problématique

Le réchauffement climatique entraîne-t-il une augmentation des laves torrentielles ?

La fréquence des laves torrentielles dans les années 1990 donne à penser qu’elles se sont accentuées dans la fin du 20ème siècle, signe peut-être des changements climatiques. Mais est-ce bien le cas ? Depuis quand ces phénomènes existent-ils ? Leur fréquence et leur magnitude ont-elles augmenté ? Quelles en seront les conséquences ?

La recherche

Les cernes d’arbres : Une archive inestimable pour étudier les aléas naturels et leurs risques pour les sociétés

Les arbres réagissent aux perturbations externes - laves torrentielles, chutes de pierres, glissements de terrain, avalanches, modification du milieu par l’intervention humaine, etc.- lorsqu’elles dépassent un certain seuil. Un arbre meurtri va fabriquer du tissu calleux et des canaux résinifères pour cicatriser et se protéger contre les attaques d’insectes. S’il est à moitié enseveli, sa croissance va être ralentie et ses cernes seront donc plus petits. Ou s’il a subi la pression d’une coulée, il va produire ce que l’on appelle du bois de compression pour se redresser.

Ces « réponses » sont enregistrées dans les cernes, tandis que des anomalies morphologiques peuvent apparaître au niveau du tronc et des branches. Pour les analyser, les chercheurs prélèvent des carottes dans les troncs d’arbres, en les perçant jusqu’au cœur à l’aide d’une tarière - une vrille de menuisier d’un centimètre de diamètre.

C’est grâce à la présence de ces divers traumatismes qu’il est possible de dater avec une précision annuelle, voire saisonnière, les différents événements survenus dans le passé. Cette méthode, mieux connue sous le nom de dendrogéomorphologie, permet le plus souvent de reconstituer l’activité des aléas naturels sur plusieurs siècles dans des zones pour les lesquelles les mairies ou les cantons n’ont que très peu d’informations. La dendrogéomorphologie peut donc aider les collectivités territoriales à mieux définir les zones à risques où il serait dangereux de construire et d’habiter.

Si les traces les plus anciennes de laves torrentielles remontent au 16ème siècle, elles ont probablement toujours existé. Leur augmentation supposée au 20ème siècle n’est qu’apparente, car il y a eu davantage d’événements au cours du XIXème siècle. Au vu des étés plus secs qui s’annoncent, il y aura sans doute moins de coulées de laves torrentielles, mais elles seront d’une plus grande ampleur. En outre, il faut également s’attendre à un déplacement de ces événements de l’été vers les saisons «intermédiaires»: dès le mois de mars, en cas de dégel soudain cumulé à des précipitations, ou au mois de décembre.

les résultats

Des laves torrentielles moins fréquentes mais plus violentes

Si les traces les plus anciennes de laves torrentielles remontent au 16ème siècle, elles ont probablement toujours existé. Leur augmentation supposée au 20ème siècle n’est qu’apparente, car il y a eu davantage d’événements au cours du XIXème siècle. Au vu des étés plus secs qui s’annoncent, il y aura sans doute moins de coulées de laves torrentielles, mais elles seront d’une plus grande ampleur. En outre, il faut également s’attendre à un déplacement de ces événements de l’été vers les saisons «intermédiaires»: dès le mois de mars, en cas de dégel soudain cumulé à des précipitations, ou au mois de décembre.