Saint-Cergue - Aux confins du Grand Genève… Saint-Cergue, la périurbaine

Chaque année, en moyenne, 4000 ex-résidents genevois quittent le canton pour s’installer en France voisine ou dans le district de Nyon. En parallèle, la commune de Saint-Cergue connaît les mouvements de population parmi les plus élevés de Suisse. Qui sont les habitants qui s'installent à Saint-Cergue? Qu'y recherchent-ils? Quel est leur parcours antérieur?
Une enquête quantitative et qualitative sur les trajectoires résidentielles révèle une commune à caractère très international, fortement liée à Genève, mais dont la population ne s’identifie pas nécessairement au Grand Genève.

Le contexte

A Genève, deux fois plus d'habitants que de logements construits

En 20 ans, le canton de Genève a accueilli 77'800 habitants, alors que seuls 33'700 logements étaient construits durant la même période (Observatoire statistique transfrontalier 2013). On estime ainsi que, chaque année en moyenne 4000 ex-résidents genevois quittent le canton pour s’installer en France voisine ou dans le district de Nyon.

A Saint-Cergue, fort "turn-over" de population

Parallèlement, la commune de Saint-Cergue, partie intégrante du projet d’agglomération franco-valdo-genevois, dit "Grand Genève", voit sa population drastiquement augmenter depuis 30 ans, passant de 541 habitants en 1980 à 2340 aujourd’hui. Mais ce n'est pas tout. La dynamique démographique de la commune se caractérise également par des taux d’émigration et d’immigration parmi les plus élevés de la Suisse. Beaucoup d’arrivées donc, mais aussi beaucoup de départs; en d'autres termes, un important "turn-over" de population.

La problématique

Saint-Cergue la périurbaine

La commune de Saint-Cergue est un exemple de ce que l’on appelle le périurbain, une catégorie géographique qui désigne ces espaces anciennement ruraux en voie de transformation à portée de la ville.

Nos trajectoires résidentielles, reflets de nous-même

Pour autant, Saint-Cergue n'est pas qu’une aire de déversement de l’agglomération franco-valdo-genevoise. C’est un lieu de vie que ses habitants investissent et qu’ils considèrent comme faisant partie de leur identité. A ce titre, il fait partie de leurs trajectoires résidentielles, c'est-à-dire de l'enchaînement des différents endroits habités au cours de leur vie pour y travailler, y vivre ou y passer des vacances.

Qui sont les Saint-Cerguois?

Le projet «Trajectoires résidentielles, identités et catégories géographiques» vise à identifier qui sont les habitants qui s'installent à Saint-Cergue, ce qu'ils y recherchent, quel est leur parcours préalable et en quoi ces lieux reflètent leur identité.

La recherche

Une méthodologie originale et novatrice

La recherche combine des données et des méthodes quantitatives et qualitatives. Elle a d’abord consisté à soumettre des questionnaires à un échantillon d’habitants de plusieurs communes de Suisse romande. Les séquences, basées sur des données longitudinales, ont été analysées en regroupant plusieurs trajectoires similaires. De cette manière, l’épaisseur biographique des trajectoires résidentielles a pu être reconstituée.
Une série d'entretiens qualitatifs ont ensuite été conduits dans plusieurs communes. Ceux-ci avaient pour objectif de saisir les motivations des déménagements et de faire s'exprimer les habitants sur les lieux qu’ils fréquentent et ceux où ils ont vécu, sur leurs projets et leurs valeurs personnelles. Des méthodes d’analyse de discours ont été utilisées pour faire ressortir la manière dont les individus qualifiaient les lieux.
Cette combinaison méthodologique originale et novatrice a produit des résultats pouvant être généralisés au-delà des communes qu’ils concernent.

les résultats

Saint-Cergue: une commune internationale

L'analyse des questionnaires a permis de définir un parcours typique: beaucoup de ses habitants viennent de l’étranger (Europe et international) et passent par le canton de Genève avant d’arriver à Saint-Cergue.
La commune, comptant près de 20 nationalités différentes pour un tiers de sa population non suisse, est très internationale. Les entretiens ont confirmé cette caractéristique.

Saint-Cergue et Genève: plus liées qu'il n'y paraît

Les résultats révèlent que près de 40% des habitants de Saint-Cergue viennent du canton de Genève et, bien que certains habitants disent s'y être installés pour s’éloigner de la "ville", un lien indéfectible unit les Saint-Cerguois à Genève, celle-ci demeurant la première destination des travailleurs pendulaires.
Lors des entretiens, le mot «Genève» apparaît d'ailleurs en tête de liste des mots les plus prononcés par les habitants. Cette prégnance dans leurs discours est attestée par l’évocation constante de la proximité de la ville centre, contrastant avec le rejet de la dénomination "Grand Genève" par certains habitants du district de Nyon.

Habiter le périurbain?

Le choix du périurbain semble s'imposer par l'envie de s'extraire de la ville et trouver du calme, de la verdure, de la nature, du village, de la campagne, de la montagne. Ce choix manifeste une volonté de se couper de la ville, tout en y restant connecté.