Erasmus : le récit d'un voyage

A peine le séjour commencé, déjà il est sujet de sa fin. Le retour est fixé pour le 4 février, bien qu'à la base je devais partir 9 mois. Cela s'explique par le fait que l'unviersité de Genève, ou du moins ses conseillères aux études responsables de la reconnaissance des cours suivits par les étudiants (au sein ou à l'extérieur de la faculté), demandent que les cours suivis en échange soit sur le fond équivalents à ceux suivis à Genève. Le nombre de crédits n'étant que de 12 (sur 120 que l'on doit faire en 2 ans), les possibilités de suivre des cours qui sortent du programme sont très restreintes. Cela pose un problème lorsque l'on fait un échange, car l'université d'accueil ne propose logiquement pas les mêmes cours que celle d'où on vient. Sinon quel serait l'intérêt de partir? Le programme de Maastricht ne laissant pratiquement pas de choix parmi les cours, soit ces derniers vont avec ceux de Genève, soit ils ne vont pas. Et dans quelle situation je me retrouve?

Mais bon ce qu'il faudra retenir de ce semestre, ça ne sera pas les cours, mais l'aspect "culturel" du vivre à l'étranger. Pas forcément faire ce que l'on ose faire chez soi, mais vivre à fond à fond à fond. L'intérêt de partir n'est pas dans le contenu des enseignements, mais dans tout le reste.

Un autre enseignement est appellé Negociation skills. Il y a un cours magistral définissant les concepts généraux, des lectures entre autres sur la négociation, son lien avec la culture (cf. Guy-Olivier Faure et International negotiation: the cultural dimension), un séminaire PBL habituel et des simulation games. Ces jeux consistent à reconstituer des négociations multilatérales (UE et OGM dans un premier temps, puis UE et la guerre en Bosnie-Herzegovine) où chaque étudiant représente un pays ou une institution, doit défendre sa position, obtenir les modifications que celui qu'il/qu'elle représente aux accords ou législations souhaite. Pour cela il faut s'informer sur le sujet et ses partenaires, préparer ses arguments, savoir ce que l'on souhaite obtenir si possible, ce que l'on souhaite obtenir à tout prix, et, finalement, négocier. Bref, c'est quelque chose de passionnant.

travail, travail. Ces derniers jours ne sont pas à la détente, car il y a du pain sur la planche. Chaque semaine qui passe est associé à un, voire deux travaux écrits conséquents à rendre. J'apprends au passage qu'un seul des 6 rendus pendants les deux mois de cours sera lu et noté.

La pédagogie locale est très spéciale. D'ailleurs il serait peut-être temps d'en toucher deux mots. Elle s'apparente à un "learn-it-yourself" dirigé nommé problem based learning. Il s'agit en fait répondre à des questions que l'on nous soumet à l'avance. Puis, une fois par semaine, avec les autres étudiants, on se retrouve en petits groupes et on discute, sous l'égide d'un prof ou d'un assistant, des résultats que chacun a obtenu lors de son travail. Ces séminaires ne servent qu'à comparer, rectifier, compléter les résultats que chacun trouvé. Un cours magistral très succint t'accueille le lundi matin en tout début de semaine et te voilà relancé pour une semaine de déboires avec les traités de la CE et de l'UE, sans parler de l'indispensable caselaw qui les accompagnent.

Premier fête d'anniversaire avec l'amie polonaise à l'un des guesthouses de l'université. Les guesthouses sont des sortes de grandes collocations louées à la journée, soit dans un grand bâtiment appartenant à l'université (main guesthouse), soit dans de petits immeubles répartis un peu partout dans la ville. Charme (naturel) français et Martini ne permettent pas de conclure, quelqu'un a déjà eu la même idée trois ans auparavant. La soirée se termine sans moi, la journée a été dure et le lit se fait désirer.

Aujourd'hui, grande ballade de 40km à travers le Limbourg pour aller visiter le château Hoensbroek [Hounsbrouk]. Le sens commun voudrait que la Hollande soit un pays plat. Cela est le cas, à l'exception du Limbourg! Quelques montées et descentes plus loin, une petite forteresse à trois ponts-levis nous attend. Nous sommes partis sans carte de la région, le trajet a donc été quelque peu rallongé par endroits, mais chaque personne à qui nous avons demandé notre route s'est fait un plaisir de nous renseigner, et en anglais s'il vous plaît!

La campagne est plus une sorte de banlieue parsemée de champs avec une population très similaire à celle que l'on trouve en ville qu'un endroit à l'écart du reste du monde délaissé par la modernisation. On ressent une continuité entre le milieu citadin et la nature, comme si la ville pouvait réapparaître à tout moment.

Deux jours sans sortir de chez soi, ça le fait. Il fait froid dehors et la caisse commune est vide. Du coup on mange ce qu'il y a. Broccolis à l'eau, omelette, riz, gratin de pâtes, on se débrouille toujours. Du coup pas de soirée étudiante au Twee Heeren, pub des Erasmus. Demain il y a cours, puis rendez-vous avec la charmante polonaise pour terminer le travail écrit à rendre, ça sera au moins aussi intéressant.

Les vaches broutent et le train passe. Quelques mamies parcourent la belle campagne hollandaise à vélo. Le découpage régulier des parcelles par de petits canaux servant de clôture, l'herbe verte foisonnante, l'absence de terrains laissés à l'abandon et les rares reliefs formés par des digues et autres accotements modélisent le paysage.

Le soleil brille le lendemain de fête, mais les nombreux Bierkästen qui trainent un peu partout rappellent vite que ce samedi est réservé au repos.

En plus de l'amie d'Enschede, deux autres amies de Berlin sont là aussi pour le weekend. Ensemble nous nous motivons pour aller faire quelques courses tout en découvrant la ville durant l'après-midi. C'est un milieu moins bourgeois, plus simple et toujours fréquenté par de nombreux allemands. La brique rouge caractérise tout le centre ville.

Le soir, nous sortons au Gogbot Festival. Musique déjantée, jeux interactifs, projections et montages vidéos en tout genre, oeuvres d'art et autres objets artistiques remplissent l'Oude Markt, la place traditionnelle de la ville, et son église. La combinais high-tech et art me plait beaucoup.

Petit weekend à Enschede [énsrédeih!]. Plus de quatre heures de train à 30€ l'aller en traversant presque tout le pays. Je me demande s'il existe un itinéraire national plus long. Sans musique et sans lecture, j'attends la soirée à venir avec impatience. Elle en vaudra certainement le voyage.

Cela sera la première fête étudiante étdiannte en Erasmus, curieusement pas avec les collègues de mon université. En parlant d'eux, ils sont très majoritairement allemands, au point de se demander s'il y a des néerlandais. Quelques français sont aussi éparpillés ça et là.

De la visite! Ca fait toujours plaisir. Je retrouve une amie qui étudie à Enschede (NL) en ville. On passe la journée ensemble, avec quelques autres de ses collègues. J'incruste la visite guidée à laquelle ils participent. Du coup cela permet de faire ce que je n'ai pu faire avec mes propres collègues il y a deux semaines. Il ne manquera plus que la visite des catacombes. En effet, un dédal de galeries semble percer les souterrains de la ville, mais ça sera pour une autre fois.

Jambes fatiguées, tête un peu pleine, mais ça doit repartir ce soir, dernière soirée de mon ami genevois oblige. Le temps semble passer vite.