Erasmus : le récit d'un voyage

Une autre journée tranquille. Le lit n'est vraiment pas confortable, je sens les ressorts qui pressent sur mes cotes. Nous allons dans une espèce de magasin "deuxième main" pour régler le problème. J'acquiers pour 35 euros un lit, un matelas et un sommier fait de bandes de cuir. On s'enfonce un peu dedans quand on s'allonge. Ca rappelle le hamac. Je me demande si je n'aurais pas du aller chez Ikea. Au fait l'oreiller ca va pas non plus. C'est deja difficile pour s'endormir en temps normal, mais si le lit n'est pas ok, il faut de l'alcool.

Retour sur Lyon un peu précitpité mercredi avec mes deux amis: l'une a un rendez-vous pour son inscription universitaire jeudi matin. Pic-nic au Luxembourg, une cannette de red bull pour tenir le coup, arrivée à Lyon en début de soirée.

Je rentre à Maastricht le 6 septembre, après avoir rattrappé un examen.

Evènement phare de la journée: l'excursion à Aix-la-Chapelle. Parcous touristique clasique, consommation usuelle, retour. La voiture montre exceptionnellement toute son utilité, surtout pour les courses à l'hypermarché local après. Cela sera probablement sa dernière utilisation. Tant mieux on ne l'a que jusqu'à vendredi. Au Limbourg comme dans les régions voisines, le vélo est roi.

L'ambiance est plus détendue ce soir. Colocatrice et autres amis commencent à se connaitre et certaines discussions ont eu lieu entre une de mes amies et moi. C'est nécessaire de s'enquérir de l'état mental de ses amis. Et cela fait du bien de se rassurer mutuellement des fois, surtout quand les choses changent, ou que l'on croit qu'elles changent.

La péniche passe. Peut-être à heure fixe? A voir.

Arrivée de ma charmante colocatrice. On se retrouve à quatre dans le loft. En bons français, un repas s'impose pour échanger les souvenirs de vacances, les impressions sur l'appartement, les futurs achats à faire. Après cela, nous faisons un petit tour en vélo hasardeux dans la campagne environnante. Nous grimpons la seule colline des Pays-bas dixit la propriétaire. En vain nous cherchons la vue "imprenable" sur la ville. C'est un peu brumeux cet aprem.

Les champs de betterave sucrière nous entourent. Ca et là des terres en friche et des champs de choux, plus petits. Puis nous trouvons le tennis-club, but de notre ballade. Après une discussion très sympathique et pleine d'humour avec deux des membres, nous décidons de taper la balle sur un des terrains impeccables du club. Notons au passage que les toilettes et les douches sont impeccables aussi.

Alors ici tout le monde est gentil? Personne ne vole? N'importe qui peut rentrer, il n'y a même pas de gardien ou de porte. Le respect des règles est-il le sport national de ce pays? Ou y a-t-il tout simplement une plus grande confiance qui règne entre citoyens? Une rumeur court que certaines personnes vont faire leurs courses en vélo et ne l'attachent pas. Là je demande à voir quand même, ça se trouve c'est aussi vrai que les automobilistes qui éteignent leur moteur au feu rouge à Genève.

Bonnefanten rentrera dans l'histoire comme le moment du jour. Après de nombreuses photos et quelques instants hilares, l'après-midi se termine sur un ballade en vélo à St Pieter. Rues calmes, commerces désertés, le sud est décidément abandonné en ce samedi aprè-midi. Le retour se fait attendre. Qu'advient-il de ce fleuve qui coule paisiblement à notre porte? Et ce petit basilic? prend-t-il pied dans son nouveau jardin?

No stopping for nicotine! La petite maison blanche a la tête haute. Le calumet de la paix que l'on y fume est long. Long, long, long. Assez long pour aller se coucher. Il est l'heure.

Arpès quelques courses, un bon repas et un bon gateau, l'heure est à la visite de la propriétaire. Son petit chien est bien gentil - i'm a doghater! Les palabres vont bon train, elle refuse ma charmante invitation à un café, tant pis, on le boira tous les trois. Reste à réparer le pneu crevé de mon vélo.

Soleil, légère torpeur du post-café-clope. Le ciel est dégagé et invite à une promenade. Ou peut-être même un petit bain? Les vrombissements des bateaux se font entendre, des cyclistes passent, tout est calme. La vie ici semble plus saine, allégée d'un certain stress. Tout est parfait semble-t-il. L'environnement agit de manière coordonnée, il forme une unité regroupant une multitude de rouages qui fonctionnent en parfaite harmonie les uns avec les autres. Les cloches sonnent deux fois la demi.

Glande. Petite visite en ville l'après-midi, histoire de se procurer le nécessaire: sel, poivre, carte SIM, cafetière. Le reste avait déjà été acheté la veille. Demain il y a  rendez-vous avec la propriétaire. Ca a intérêt à être nickel. Il va falloir ranger. Cet aprem il y a eu conversation par Skype sur les hauts-parleurs et tout le monde a pu en profiter. Elle est sympa, presque un peu trop.

Quant à l'appartement, je réfléchis sérieusement à remédier au manque d'isolation. Le côté loft a pour moi déjà un peu perdu de son attrait. Un chambre fermée ça serait bien quand même. Enfin il faudra voir. Death in Vegas m'accompagne en cette fin de soirée. Il est temps d'aller dormir.

Un dernier petit tour pour prendre l'air avec Jasmin. Ohla! Je manque d'écraser malencontrueusement une grenouille. Décidément la nature prédomine en extérieur: les canards, la rosée, les étoiles. Deux clochers sonnent au loin les heures et les demi-heures. Et puis de temps à autre, on entend un léger mais profond vrombissement qu'émet une péniche passant sur le fleuve. Il fait bon d'être en Hollande.

Après un long trajet en voiture de plus de 8 heures, j'arrive enfin. Heureusement je ne suis pas seul, deux amis on fait la route avec moi depuis Lyon. En moins de 10 minutes, nous faisons connaissance avec deux voisins. Celui chez lequel nous récupérons les clés de l'appartement et la voisine de droite. L'un nous parle dans un anglais modeste et parait plutot timide, l'autre m'aborde en allemand et semble apprécier la compagnie joyeuse et fétarde des jeunes - il faudra voir par la suite. Tous deux sont très aimables, répondent à nos questions et nous propose leur aide en cas de besoin.

L'emménagement lui-même se fait petit à petit. Il s'agit avant tout d'apprécier la dernière semain de vacances avec mes amis présents et pas de tout ranger systématiquement. Notre propiétaire a prévu des sacs poubelles, du PQ, plein de petites choses très utiles lorsque l'on emménage. Tout est propre, même le frigo, les draps. L'internet fonctionne. Toutefois, j'ai remarqué que mes souvenirs de l'appartement étaient assez flous. J'avais même oublié un WC. Et petit à petit, tous ce qui est ou pourrait devenir un problème me passe par l'esprit : le porte-savon cassé, l'ampoule à changer, où est ce foutu balais?? Et puis c'est sympa l'appartement "type loft", mais d'une chambre à l'autre on entend tout dans ce cas?? Je crois qu'il est temps d'éteindre le cerveau et de dormir.

- Partir.

- Mais où ?

- Loin de papa et maman.

- Ca d'accord, mais où ?

- La hollande c'est sympa quand même. Tu te souviens de l'été dernier ?

- Ah ouais... Il faut voir si la fac a un accord dans ce cas.

- Bingo ! C'est possible avec Maastricht. C'est où en Hollande Maastricht ?

Le dossier a été facile à préparer. Trois pages roses, une photo, un petit papier à droite à gauche, rien de compliqué. Là où ça coince, c'est pour le so-called "plan d'édues". L'article 9.5 du règlement d'études 2005 de l'Université de Genève prévoit une reconnaissance des cours suivis dans d'autres facultés sous réserve d'une équivalence entre les contenus de ces cours et ceux dispensés à l'Université de Genève dans le cadre du cursus suivi. Cette équivalence est reconnue (ou non) par la conseillère aux études. Son accord est indispensable pour que les cours suivis dans la faculté d'échange soient reconnus par l'université d'origine.

Je m'inscris pour un an en échange à l'Universiteit Maastricht. Mais la date limite de reddition des dossiers n'est que le 1er avril, donc y'a le temps.