Erasmus : le récit d'un voyage

Ce soir visite de mon frère préféré pour le weekend. Presque trois mois sans le voir cela fait long quand même. Surtout qu'en vieillissant, cela n'ira sans doutes pas en s'améliorant. Demain au programme : Cantus puis éventuellement sortie plus tard.

Le Cantus est un évènement plus ou moins traditionnel où l'on se retrouve à environ 80 (dans notre cas) pour boire, chanter, jouer à des petits jeux pour faire boire les gens et vider son verre de différentes manières. Etant donné que celui-ci est organisé pour des étudiants Erasmus, nous feront sans doutes impasse sur la majorité des chants néerlandais qui sont chantés habituellement, quel dommage.

Deux jours de détente, de douceur, de caresses, deux jours de bonheur et de relaxation. Le laisser-aller a du bon. L'esprit libre, la tête vide, l'absence de contraintes, le plaisir, la sensualité, l'amusement, le délice, le bonheur, tout cela à la fois concentré dans un laps de temps et diffus à travers l'esprit et le corps. Is this all Erasmus is about? Getting drunk and gettin laid? Est-ce le seul moment de la vie où l'on peut se laisser aller à ce point ? N'y a-t-il que cela ? En tout cas ce ne sera certainement pas garni de souvenirs de satisfaction intellectuelle. N'importe, il reste deux mois pour déterminer le but de ce voyage, sous réserve qu'il en ait un précis. Peut-être peut-on partir de l'idée que plus il y a de vécu, plus la satisfaction personnelle augmente, et plus on se rapproche du bonheur. Toujours est-il que désormais, j'approcherai ce séjour d'une tout autre manière.

Pour le troisième weekend consécutif, mon amie polonaise et moi partons en ballade, cette fois ci avec 3 autres filles avec qui nous avions déjà fait le voyage "discover Holland". Après cinq heures de trajet non sans encombres, nous débarquons à midi dans la capitale des provinces. Beau temps, foule habituelle, une carte du centre ville et c'est parti. En quelques haltes aux curiosités touristiques standards, notre groupe se divise, certains préférant le musée Van Gogh, d'autres le coffeeshop à proximité. Deux petites heures après, retour au centre ville en direction du quartier rouge non sans difficultés, d'autant que j'étais le seul à avoir une carte. Ces dames tiennent absolument à visiter le quartier rouge et, contrairement aux messieurs qui flanent dans les rues en consultant de-ci de-là l'offre, de longues discussions sans ménagement de mots s'entament sur quelques unes des personnes dans les cabines.

Après un kebab dans un restaurant touristique et quelques verres dans un bar sans charme, mais tout simplement sympathique car un peu à l'écart, bon marché et accueillant pour le touriste qui a besoin de se sentir chez soi dans un endroit simple quelques instants, nous prenons le chemin de la gare où nous entamons le pot amical du retour...

Les relations domestiques sont pour le mieux. Ca plaisante à tout va et, de plus, on sort ensemble le soir, du moins hier. Les deux dernières semaines marquées par de nombreuses absences de ma part m'ont/nous ont fait beaucoup de bien. Je me suis quelque peu émancipé de notre petit foyer francophone ce qui me procure satisfaction. De plus, ma chère colloq' repart vendredi pour une bonne semaine, ce qui, à nouveau, crée un peu d'espace pour elle comme pour moi. Je me rend compte à quel point cela me manquait, moi qui pensait être si sociable...

Deux remarques futiles concernant le cinéma ici : vente de Grolsch en bouteille et pause systématique au milieu du film pour, entre autres, aller racheter une bière.

Après trois jours de repos seul à la maison, mon amie polonaise organise mercredi une petite soirée à la fois pour se remémorer le voyage en Holland et se préparer à celui en Belgique. Cette fois-ci c'est deux bus plein d'allemands qui partent pour Bruxelles et ses institutions. A part le Parlement, la Commission et la représentation permanente de la Roumanie, la bière laisse une forte empreinte dans la mémoire. L'incontournable délirium a fait des siennes et c'est le coeur gros et la tête lourde que le groupe repart pour Maastricht.

Je reste deux jours de plus pour rendre visite à un vieil ami qui étudie là-bas. Re-belotte, sauf que cette fois-ci le réveil se fait, certes avec moins de douceur, mais avec plus de temps pour décuver. Le samedi après-midi est à nouveau consacré à la visite d'un plénum, cette fois-ci celui de la région Bruxelles-capitale. La transparence prédomine, notre député-guide nous laisse toucher à tout, visite très complète, photos à gogo et simulation de vote. C'est le coeur gros que je quitte ce beau pays, certes chaotique, mais si accueillant et chaleureux.

Deux jours non-stop à travers l'est et le centre des Pays-Bas signés ESN Maastricht (spécial dédicace) ; il va falloir se reposer pour assimiler le contenu du week-end...

Départ aux aurores le samedi après une très courte nuit. Dans le bus je me retrouve à côté de ma polonaise préférée. Première étape: les moulins de Kinderdijk avec, s'il vous plaît, visite du moulin durant laquelle on rencontre quelques touristes chinois. Retour joyeux au car et petit casse-croûte (prévu), puis continuation jusqu'à l'Euromast à Rotterdam.

Ce qui me marque est le nombre de gratte-ciels et la modernité de la ville ; on a l'impression de sentir la pression territoriale. Comme à den Haag, notre prochaine étape, ancienne et nouvelle architecture sont élégamment combinées, forment un tout. Les briques, matériau "classique", sont utilisées aussi dans les bâtiments plus récents.Certains édifices anciens sont repensés et tranformés : on laisse une partie de leur structure ancienne apparente et l'on construit autour, dessus, dedans. Cela a un côté un peu futuriste, d'un temps à venir. Comme si le manque d'espace avait forcé les néerlandais à tout "faire bien" depuis le début, à tout penser rationnellement, en prenant en compte le développement des décennies à venir.

Après visite nocturne du "château" gouvernemental, un charmant restaurant dont les murs sont remplis de livres nous attend. Dîner correct, puis clubbing à l'Asta. La musique que certains nommeraient "mainstream" avait une dutch touch très typique. Et cela se remarque tout d'abord par les nombreux remixes "danse" et le fait que d'un coup, la foule s'agite violemment durant 2 minutes sur une chanson de transe avant de reprendre le train-train habituel. Il y avait aussi trois danseuses et deux échassiers qui faisaient animation. D'ailleurs la transe ça passe aussi dans le bus, c'est-à-dire que ça s'écoute comme le reste.

En passant les détails du retour à l'auberge de jeunesse et de la fin de soirée avec Black Absinthe, la journée du lendemain est difficilement commencée. Heureusement l'air frais de la mer n'est pas loin. Scheveningen est une station balnéaire sans plus. Une grande construction (Casino, restaurant) sur la mer et quelques tours au bord du littoral sautent aux yeux.

Après un dégrisement au Irish Coffee pour ces dames et à la bière pour ces messieurs, c'est reparti pour Utrecht. Visite du du Domtoren et du centre ville. Une très jolie ville, les canaux, ponts, rues pavées, maisons en font une ville néerlandaise plus classique. Le froid gagne l'ensemble du groupe et c'est dans un restaurant en contrebas du canal que l'on termine notre voyage. On y déguste la crêpe locale, grande et épaisse, salée ou sucrée, ou les deux (banane - fromage entre autres).

Voila, c'était un merveilleux week-end qui, grâce à une organisation sans failles et réfléchie de A à Z, a offert un bel aperçu des Pays-Bas et 36 heures de bonheur. Bien sûr la compagnie y a fait beaucoup.

A défaut de néerlandais, c'est des cours d'italien que je vais prendre désormais. Avec je changement de cours, changement de public et cela élargit quelque peu l'horizon. Chacun fait découvrir à l'autre ses découvertes et petites habitudes, avec, à des moments où l'on ne s'y attend pas forcément, quelque réluctance. Mais tout est pour le mieux. J'apprécie aussi d'être seul à la maison quelques jours.

Puis demain l'association des étudiants érasmus (ESN Maastricht) organise un voyage discover Holland auquel j'ai la chance de participer. Un programme complet avec entre autres visite de Den Haag et d'Utrecht au programme et la pluie qui semble s'installer dans le quasi-quotidien des belles couleurs d'automne.

Que réserve la journée de demain, après le départ aux aurores de mes deux amis? Sans doute du sommeil à rattraper, mais aussi un cours à suivre... Il faudra voir. Tout ne sera plus comme avant. Troujerai-je refuge dans ce studio à l'italienne? Ou bien resterai-je seul et désireux d'une petite escapade pour le weekend dans les environs?

Sa terrasse où vous pouvez déguster de la bière à la fraîcheur de l'air nocturne ou à la chaleur des lampes chauffantes, sa mezzanine qui accueille tous vos amis, aussi nombreux qu'ils soient, son bar qui vous offre une variété impressionante de délicieuses boissons et de menus dégustation, sa piste de dance enflammée au son des années 60, 70, 80 et 90. sa clientèle chaleureuse et de bonne humeur ainsi que son ambiance unique font du Falstoff un rendez-vous incontournable de la vie nocturne de Maastricht.

Depuis lundi 29 octobre, mes deux très bons amis de Lyon qui m'ont aidé lors de l'emmenagement sont à la maison pour une semaine de vacances. Cette semaine est pratiquement terminée pour eux étant donné qu'ils repartent lundi matin. Ces jours doivent être parmi les plus beaux de ma vie, me suis-je dit hier soir : semestre erasmus en Hollande, visite d'amis chers, douce soirée à la terrasse d'un café au bord du Vrijthof (grande place de Maastricht) autour d'une bouteille de vin. Que vouloir de plus? Le fait est que les relations avec ma collocataire ne sont pas des meilleures. Son petit ami lui rend également visite en ce moment ce qui fait que nous sommes 5 à partager l'appartement. Malheureusement, les relations humaines peuvent être difficiles, surtout lorsque l'on touche aux habitutes, horaires, mode de vie de chacun. Dès lors, peut-on envisager une vie communautaire (surtout lorsqu'il n'y a pas de murs) où la vie de chacun déborde de manière raisonnable sur celle de l'autre, où l'on respecte le comportement de chacun et où l'on est prêt à faire des concessions sur ses propres intérêts ? Pas sûr, du moins à ce que j'ai pu retenir de la situation de ces derniers jours.

Nombre de repas pris à cinq ? Zéro. Nombre d'activités entreprises en commun? Zéro. Nombre de propos échangés entre ma colloq' et moi-même qui ne se rapportent pas à machin fait ci et ca ne va pas comme ça ? Un concernant le travail, quelques rares concernant des détails du quotidien.

L'absence de dialogue est assez délicate, surtout quandles regards sont noirs et les références aux membres des partis antagonistes clairsemées d'ironie. Du coup c'est un peu le coup de blues, même si la vie sociale avec les personnes que j'ai rencontré ici est en pleine effervescence.

Que faire ? Que dire ? Le fait d'attendre qu'il se passe quelque chose, que ça change, pour le meilleur ou pour le pire, est lourd à supporter, alors que tout ne devrait être que réjouissant.