« Mouvement », « La morte ou la nue », « Ainsi » (16 avril 1932)a
Mouvement
Ô ciel c’est par ici
dépêchons-nous !
L’explosion sera retardée
si vous m’aimez assez
on peut conserver quelque espoir
à condition de ne plus dire
un mot de ne plus
rien.
La morte ou la nue
Quand tes yeux se confondent
et que tes bras autour de moi
aux limites du monde
nouent leur effroi
je t’appelle à grande voix
sans un son sans un écho
le silence autour de toi
déroule ses lents drapeaux
dans une aube sans frontières
nos corps sont dans l’autre nuit
mais c’est ici
que je t’ai touchée pour la première fois
Ainsi
Comme on vit mal comme on vit
peu de temps
au seul désir tant de corps refusés
au seul plaisir un seul ange tombé
et celui qui roulait se consoler
sur des risques — aussi refusés
Tout se détourne en l’amour décrié
du seul instant où tu l’aurais aimé
Et les humains leur nombre dans la pluie
Autour de toi les visages qui fuient
— l’éclair noyé dans ses yeux détournés ! —
tout se refuse au tourment bien-aimé…