RRENAB 2010 / Samedi 12 juin de 11h00-12h30. Salle 2106.

Titre : Des textes relisant d’autres textes. Le processus de relecture dans les évangiles et les Actes.

Animation : Daniel Marguerat (Université de Lausanne)

Thème : Le séminaire envisage le processus de relecture comme l’acte d’écriture par lequel un narrateur intègre à son récit un texte hétérogène faisant autorité. Du côté du texte relisant : comment s’effectue l’intégration? quelle fonction argumentative est-elle conférée au texte relu ? Du côté du texte relu : son statut est-il signalé par le narrateur ? Quels sont les marqueurs explicites ou implicites de sa présence ? Le champ textuel envisagé se concentre sur les évangiles et le livre des Actes. L’ambition est de percevoir par quelle stratégie d’écriture le narrateur s’appuie sur un texte qui précède son récit, et quelle autorité il lui confère. Du point de vue méthodologique, les outils narratologiques seront appliqués aux résultats livrés par la critique des sources.

Les exposés :

Simon Butticaz (Université de Lausanne)
La relecture des lapsi pauliniens dans les Actes des apôtres

Depuis les années 1950 et l’étude programmatique de Philipp Vielhauer Zum “Paulinismus” der Apostelgeschichte, la réception paulinienne des Actes est au cœur d’une vive controverse. Des pourfendeurs acharnés de la continuité Paul – Luc aux défenseurs résolus d’une généalogie littéraire et historique, la gamme des positions est impressionnante. Dans le cadre de ce séminaire intéressé au processus de relecture, c’est sur les fameuses « météorites » pauliniennes qui traversent le ciel des Actes que nous braquerons notre télescope. Précisément, nous examinerons à partir de quelques exemples classiques (10, 34-35.43b ; 13, 38-39 ; 15, 9-11 ; 21, 21 ; etc.), la manière dont l’auctor ad Theophilum relit et intègre à son récit certains théologoumènes pauliniens. Nous serons particulièrement attentifs aux stratégies de reprise et de recadrage qui caractérisent chez Luc ce processus de relecture.

Daniel Marguerat (Université de Lausanne)
Mise en discours et mise en récit en Matthieu 18

L’application de la critique des sources à l’exégèse de l’évangile de Matthieu a donné des résultats probants. Ausculté à la recherche des documents préexistant à la rédaction du récit, le texte matthéen révèle ses emprunts à l’évangile de Marc, à la (présumée) Source Q, ainsi qu’à la tradition propre de l’évangéliste. Le résultat est toutefois un démembrement du texte où l’exégète peine à ressaisir la dynamique du récit. Question : comment articuler enquête diachronique et analyse synchronique ? A l’exemple de Matthieu 18, on tentera de montrer comment les résultats de la critique des sources peuvent être enregistrés et valorisés dans une lecture sensible à la stratégie narrative de l’auteur.

Jean Zumstein (Université de Zurich)
Intertextualité et intratextualité dans la littérature johannique

Le quatrième évangile se caractérise à la fois par des procédures intratextuels (voir par exemple le phénomène de relecture, le paratexte, etc..) et intertextuels ( voir le lien avec la Bible juive, les épîtres johanniques et les synoptiques). Le récit johannique de la vie de Jésus est donc un récit en réseau et il convient de mesurer la portée herméneutique d'une telle observation pour accéder à une lecture fondée de ce document.