2004

Les plateformes technologiques SVS

 

Programme SVS: quand la technologie favorise les collaborations

 

Si les idées s'échangent aujourd'hui d'un bout à l'autre de la planète à la vitesse de l'éclair, les infrastructures technologiques dont dépendent les chercheurs restent soumises aux bonnes vieilles lois de la gravité: pas de partage sans proximité géographique. Le 11 mars dernier, les trois partenaires du programme Science, Vie, Société (SVS) - Universités de Genève et de Lausanne, plus EPFL - inauguraient ainsi deux plateformes d'analyse génétique (DAF). L'événement a mis en évidence l'un des aspects les plus visibles des collaborations entre les trois hautes écoles lémaniques dans le domaine des sciences de la vie.

"Nous souhaitons bien entendu que cette coopération débouche aussi sur des recherches communes", indique Jean-Dominique Vassalli, responsable du volet sciences de la vie du programme SVS pour l'Université de Genève. "Mais il s'agit là d'une première étape qui nous permet de montrer très concrètement les bénéfices de notre programme de collaboration."

Ces deux plateformes d'analyse génétique devraient être suivies par d'autres équipements indispensables au développement des sciences de la vie dans l'arc lémanique.

Partage de compétences
Partager des infrastructures signifie non seulement diviser par deux ou trois les coûts d'achat des équipements, mais aussi assurer leur entretien et leur utilisation optimale par des personnes qualifiées. Cela est d'autant plus vrai dans un secteur de recherche sur des organismes vivants. Les trois partenaires de SVS ont ainsi décidé de coordonner leurs efforts pour se doter d'animaleries répondant aux exigences scientifiques les plus pointues.

 

"Il est nécessaire que chaque partenaire dispose d'une animalerie de proximité", explique Jean-Dominique Vassalli. On voit mal en effet des chercheurs lausannois devoir se rendre à Genève chaque fois qu'ils ont besoin d'une banale souris pour leurs expériences. En revanche, l'élevage des animaux suppose notamment la présence de pathologistes vétérinaires, afin de prévenir ou signaler les maladies susceptibles d'influencer le résultat des expériences. Or ces pathologistes ne courent pas les rues. Les partenaires de SVS envisagent donc de mettre en commun leurs ressources dans ce domaine.

Pilotage léger pour terrain en constante évolution
Les choix technologiques sont certes rendus plus difficiles au fur et à mesure qu'augmente le nombre de partenaire, chacun ayant ses propres priorités. Toutefois, relève Jean-Dominique Vassalli, "le pilotage léger que nous avons mis en place démontre là toute son efficacité. Le développement des technologies est extrêmement rapide et nous pouvons ainsi modifier le cap si nécessaire, sans devoir passer par tout un processus bureaucratique." Et le professeur en médecine de rappeler que certains projets initiaux de SVS ont été abandonnés, tandis que d'autres émergeaient en cours de route, sans que cela n'affecte la dynamique de coopération.

Une structure ouverte
Les plateformes technologiques ont également montré la nécessité d'une structure de coopération à géométrie variable. Les partenaires SVS se sont ainsi associés à l'Institut suisse de bio-informatique et à l'Université de Bâle pour développer des capacités de calcul dans l'analyse des structures des protéines et des acides nucléiques. "Cela montre que ces plateformes ne sont pas des structures fermées. De cas en cas, nous collaborons avec les institutions avec lesquelles nous partageons des objectifs et des besoins communs."

Pour les chercheurs, il y a bien entendu de nouvelles habitudes à prendre. Dans certains cas, il faut surmonter l'inconfort lié au déplacement dans une des institutions partenaires. Mais "c'est à ce prix que les chercheurs peuvent avoir accès à des infrastructures et des compétences qui ne seraient tout simplement pas à leur disposition autrement", note Jean-Dominique Vassalli.

Vision financière à long terme
L'efficacité de ces infrastructures va se mesurer sur le long terme. Aussi Jean-Dominique Vassalli voit mal comment les cantons et la Confédération, qui doivent renouveler cette année leur soutien aux différents programmes de coopérations SVS, abandonneraient leur effort au milieu du gué. "Le programme est désormais bien lancé et c'est une chance pour la région, d'autant plus qu'il y a de nombreuses synergies qui se mettent en place entre sciences de la vie et sciences humaines. La génomique appelle des réflexions en éthique, en droit ou encore en informatique", observe Jean-Dominque Vassalli.

Le soutien financier des cantons et de la Confédération ces prochaines années est d'autant plus pertinent, selon lui, que les coûts liés à SVS pourraient être pris en charge par le budget des universités dès l'horizon 2006-2007, au moment où les hautes écoles pourront dégager des nouvelles ressources sur la base de réallocations internes.

Pour en savoir plus:
Communiqué de presse sur l'inauguration de la plateforme DAF

Jacques Erard
Université de Genève
Presse Information Publications
Avril 2004

5 avril 2004
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