Campus n°85

A lire

Questions de genre

A l’heure où la perspective de genre trouve progressivement sa place dans les cursus universitaires, Lorena Parini, maître d’enseignement et de recherche suppléante au sein de la Faculté des sciences économiques et sociales, propose un ouvrage conçu pour servir d’appui pédagogique aux enseignants et enseignantes désireux de développer ce sujet dans leurs classes. Outil d’initiation concis et bien pensé, le texte s’ouvre sur une brève partie historique qui permet à l’auteure de présenter les convergences et les divergences qui caractérisent les trois grands courants qui traversent la problématique des rapports sociaux de sexe: les «Etudes femmes», les «Etudes féministes» et les «Etudes genre». Dans un deuxième temps, Lorena Parini analyse la dichotomie qui existe entre la notion de sexe (qui renvoie à une dimension biologique) et celle de genre (qui fait davantage référence au contexte social). L’auteure poursuit par un chapitre consacré aux questions de reproduction, de division sexuée du savoir et du travail, ainsi que de politique. Plus particulièrement centrée sur les thématiques liées à l’égalité, la fin du volume revient sur les approches marxistes, libérales et radicales de la pensée féministe, ainsi que sur l’opposition entre vision universaliste et différencialiste de la pensée genre. Pour conclure, Lorena Parini explore les différentes théories politiques proposant un modèle d’intégration des femmes dans la citoyenneté, avant de proposer quelques pistes de réflexion pour l’avenir.

V.M.

«Le système de genre. Introduction aux concepts et théories», par Lorena Parini, ed. Seismo, 129 p.

Comment lancer une start-up?

C’est un véritable petit manuel de la réussite entrepreneuriale. Le dernier ouvrage de Raphaël Cohen, «Concevoir et lancer un projet, de l’idée au succès», se vend en tout cas comme une marche à suivre à destination de ceux qui sont séduit par la création d’entreprise, le lancement d’un nouveau produit ou service, un changement de processus ou d’approche marketing. Raphaël Cohen a conçu et dirige le «Certificat universitaire de formation exécutive en entrepreneurship» de l’Université de Genève ainsi que le cours de gestion pour les médecins et cadres des Hôpitaux universitaires de Genève. Il se définit lui-même comme un «sérial-entrepreneur» ou business angel et fait valoir ses 30 ans d’expérience dans le domaine du lancement de start-up. Sa méthode concerne en réalité une phase très précise. Il ne s’attarde pas sur la recherche d’une bonne idée, ce qui est à la portée de tous, mais à sa mise en œuvre et, plus précisément à la validation d’un projet. Son modèle, appelé IpOp est «l’inventaire des questions clés que se posent ceux qui réussissent, mais aussi qu’omettent de se poser les malheureux qui échouent». On y trouve les outils pour identifier les opportunités, analyser leur faisabilité, élaborer un stratégie efficace pour les exploiter et, surtout, convaincre les investisseurs et décideurs.

A.Vs

«Concevoir et lancer un projet, de l’idée au succès», par Raphaël Cohen, ed d’Organisation, 231 p.

Dans le pas des géopoéticiens

Trouver un nouveau langage pour dire les lieux où l’homme chemine, telle est l’ambition de la géopoétique. Exploration perpétuelle, entreprise en devenir, attention portée à la Terre, plutôt que méthodologie systématique, cette manière de contempler rend compte des sites, naturels ou aménagés, sur un mode plus littéraire que géométrique. Théorisée par Kenneth White, poète et penseur d’origine écossaise, elle est une «densification du langage» pour dire le paysage et le sauver en quelque sorte, avant qu’il ne s’effondre sous les coups de boutoir d’une technologie considérée comme destructrice. Dans cet ouvrage collectif, des chercheurs et des écrivains, sous la direction de Bertrand Lévy et Alexandre Gillet, donnent à comprendre, à sentir ce qui nous relie toutes et tous, nés pour arpenter, à la matrice terrestre. Des voyageurs, des artistes romantiques anglais et français, des montagnards aux prises avec les Muses de la randonnée sont ici convoqués parce qu’ils conçoivent la marche comme une finalité essentielle à l’écriture comme au développement de la pensée. Et, de fait, les plumes se délient. De Rousseau à Walser, de Shelley à Luc Weibel, c’est de la mobilité du bipède humain qu’il s’agit de se préoccuper, dans une perspective forcément écologique, mais où le langage, sans militer, tisse un lien précieux. A lire urgemment, pour sauver les déambulations possibles aujourd’hui encore. Jusqu’à quand?

SD

«Marche et paysage, les chemins de la géopoétique», sous la direction de Bertrand Lévy et Alexandre Gillet, Ed. Métropolis, Genève, 2007, 269 p.