Corps au cinéma

Comment le cinéma représente-t-il les corps sains, malades ou en situation de handicap? Comment ces représentations changent-elles à travers le temps, de la naissance du cinéma à aujourd’hui? Quelles idées médicales et scientifiques s’y configurent, qu’elles soient utopiques ou dystopiques?

Cours

Ce cours, proposé par la Faculté de médecine (Radu Suciu), pose un regard critique sur l’histoire du corps et de la médecine en prenant comme source documentaire la fiction cinématographique.

Présentation

En 2024, les utopies du transhumanisme engagent la science biomédicale dans une quête inédite du « post-humain », où les professions médicales risquent une complète remise en question de leur définition. Le cinéma hollywoodien (de Gattaca à Iron Man) et celui des séries telles Westworld (2016-2022) imaginent des mondes dystopiques qui semblent accepter l’illusion scientiste d’un futur post-humain. Le corps n’est plus à guérir ou à réparer, mais il est conçu comme un «medium/outil» que l’on peut augmenter, «hacker», modifier à l’envi. Voire même délaisser comme une invention désuète. Après tout, à défaut de pouvoir guérir toutes les maladies, pourquoi ne pas nous débarrasser une fois pour toutes de ce gadget tellement has-been qu’est le corps?

Les séances du cours « Corps au cinéma » seront organisées autour de ce genre de questions volontairement polémiques que nous poserons à partir de plusieurs études de cas, où la médecine et le cinéma, mais également les arts visuels ou la littérature, seront convoqués pour exemplifier nos discussions et débats. La science médicale contemporaine sera appelée à entrer en dialogue avec l’histoire de la médecine ancienne, ainsi qu’avec sa chaîne de représentations culturelles.

À travers un programme de séminaires et d'ateliers, de conférences et de projections publiques, ce cours sera une exploration interdisciplinaire d’une multitude de corps cinématographiques: corps sains, malades, convalescents, jeunes, vieux, différents, hybrides, augmentés, «hackés», désuets, …

Nous procéderons par tâtonnements, apprenant ensemble à disséquer des documents historiques, en profitant de l’effet de distanciation que procure l’analyse d’œuvres cinématographiques ou artistiques. La science ancienne, la médecine surtout, celle qui tentait de réparer le corps par le recours aux saignées, peut souvent susciter le sourire. Mais ce cours vous apprendra justement comment ne pas rire de la science du passé et comment vous en servir pour mieux comprendre le présent dont les illusions scientifiques sont parfois tout aussi surprenantes.

Objectifs

• Réfléchir à la notion de vérité scientifique et la restituer dans un contexte historique, ou socio-culturel.
• Comprendre l’histoire des ambitions médicales et scientifiques, parmi les plus futuristes ou improbables de tous les temps.
• Développer un regard critique sur le présent et l’avenir de la recherche biomédicale.
• Apprendre à analyser / interpréter une séquence cinématographique, ainsi qu’un document historique.
• Savoir remettre les représentations, notamment cinématographiques, dans leurs contextes historiques, scientifiques et médicaux.

Participation

Le cours transversal est ouvert de manière privilégiée

• aux étudiant-es en Faculté de médecine et des Lettres
• aux étudiant-es de l’Université

qui peuvent y obtenir les crédits tels que leur programme d’étude les prévoit.

Il est également ouvert, sur inscription depuis cette page (bouton "ajouter au panier" ci-dessous),

• aux auditeur/rices libres de l’Université de Genève
• à toute personne que les rapports entre cinéma et histoire des idées intéresse.

Évaluation

• Les participant.-es préparent, en petits groupes, un dossier de recherche en lien avec la thématique du cours (présentation et analyse critique d'une séquence de film) / 50%
• Lors de la dernière séance du cours, chaque groupe présente à la classe son dossier de recherche / 35%
• Lectures et participation aux discussions / 15%

Conférences publiques

• mardi 15 octobre, 18h30, CMU | Auditoire Reverdin
  Vampire séducteur ou cadavre en décomposition? La réponse par la thanatologie, prof. Silke Grabherr (UNIGE)
• jeudi 7 novembre, 18h30, CMU | Auditoire Reverdin
  Corps blessé, corps soigné, corps examiné. Représentations par le cinéma médical, Joël Danet (Université de Strasbourg)

Projections publiques

• mardi 8 octobre, 18h30, ciné-MEA
  Frankenstein (1931), James Whale
• mardi 19 novembre, 18h30, ciné-MEA
  Cœurs cicatrisés / Inimi cicatrizate (2016), Radu Jude