Revues du ciné-club
Pierre Clémenti: la liberté à tout prix
Pierre Clémenti: la liberté à tout prix
La Revue du Ciné-club universitaire, avril 2014
Édito
Rares sont les comédiens qui ont su préserver leur liberté d’homme et d’artiste dans le monde du septième art. Refusant toute compromission et privilégiant la création sous toutes ses formes, Pierre Clémenti fut de ceux-là.
Né en 1942 de père inconnu et de mère concierge, il se découvre presque par hasard un talent pour le théâtre et le cinéma. On lui promet une carrière aussi brillante que celle de Gérard Philippe: sa beauté magnétique, son extraordinaire photogénie, son élégance naturelle lui ouvrent toutes grandes les portes des studios, mais c’est le cinéma d’auteur qui l’attire avant tout. Visconti, Buñuel, Bertolucci, Pasolini lui confient tour à tour quelques-uns des rôles les plus marquants des années 1960. À la fois ange et démon, il incarne des personnages qui laissent transparaître sous la grâce des gestes et la beauté du visage les tourments du corps et les tumultes de l’âme: sadisme chez Buñuel, dédoublement à la Dr Jekyll et Mr Hyde chez Bertolucci, cannibalisme chez Pasolini, etc.
Sa quête de liberté apparaît transgressive, son indépendance d’esprit dérange, son goût des paradis artificiels choque. Et c’est le drame: le 24 juillet 1971, à Rome, les carabiniers arrêtent Pierre Clémenti pour détention et consommation de stupéfiants; il est condamné à deux ans de prison; finalement libéré pour insuffisance de preuves, il passe tout de même près de dix-huit longs mois dans les geôles italiennes. Si cette douloureuse expérience lui inspire un livre magnifique, Quelques messages personnels (1973), elle marque sans aucun doute un avant et un après dans sa carrière, qui se fera de plus en plus discrète.
Passant du cinéma d’auteur à la télévision, du court-métrage indépendant au théâtre, sans oublier la radio (fictions, lectures de poèmes) et la musique, il retrouvera rarement l’aura de ses débuts, malgré ses collaborations avec des cinéastes aussi intéressants que Makavejev, Rivette ou Monteiro. Le seul fil qui ne s’est jamais réellement brisé est celui de la réalisation: en 1967, il s’achète une caméra qui l’accompagnera dans tous ses déplacements. Événements privés (famille, amis) et publics (Mai 68) formeront le répertoire d’images dans lequel il puisera inlassablement pour construire ses œuvres.
Fidèle interprète de Philippe Garrel, Pierre Clémenti a réalisé quelques-uns des plus beaux films du cinéma underground, qui éblouissent par leur montage virtuose et leur lyrisme hypnotique: La révolution n’est qu’un début, continuons le combat… (1968), Film ou Visa de censure no X (1967-1975), Soleil (1988). Une œuvre à redécouvrir d’urgence, qui révèle une facette méconnue de cette figure indomptable du cinéma européen des années 1960 et 19 70, disparue il y a tout juste quinze ans.
Sommaire
- Marco Sabbatini, Édito, p.1
- Lionel Dewarrat, Pierre Clémenti: Un acteur engagé au cinéma comme dans la vie, p.3-8
- Stéphan Lévy-Kuentz, Fulgurances d’un ange (noir): Portrait de Clémenti, pp.9-11 (in Tombeau de Pierre Clémenti 1942-1999, Éditions derrière la salle de bains)
- Astrid Maury, Ange ou démon?, p.12
- Marco Sabbatini, Italie, tour, détour: Pierre Clémenti à Cinecittà, pp.13-23
- Pietro Guarato, Partner, les deux visages d’un acteur pour un film schizophrène, pp.25-28
- Ana Luisa Castillo, Pierre Clémenti, cinéaste, pp.29-41
La revue au format papier
Pour recevoir, gratuitement et par courrier postal, un exemplaire de la Revue, merci d'écrire à en précisant le numéro choisi (Pierre Clémenti: la liberté à tout prix – Avril 2014) et l'adresse postale de livraison.
La revue au format numérique
Pour télécharger ce numéro «Pierre Clémenti: la liberté à tout prix», avril 2014 de la Revue, suivre ce lien.
Pour citer la Revue
La Revue du Ciné-club universitaire: Pierre Clémenti: la liberté à tout prix. Avril 2014 (2).
Pour citer un article de la Revue
Sabbatini, Marco. (2014). Italie, tour, détour: Pierre Clémenti à Cinecittà. La Revue du Ciné-club universitaire: Pierre Clémenti: la liberté à tout prix., avril 2014 (2), 13-23
Production
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Né en 1942 de père inconnu et de mère concierge, il se découvre presque par hasard un talent pour le théâtre et le cinéma. On lui promet une carrière aussi brillante que celle de Gérard Philippe: sa beauté magnétique, son extraordinaire photogénie, son élégance naturelle lui ouvrent toutes grandes les portes des studios, mais c’est le cinéma d’auteur qui l’attire avant tout. Visconti, Buñuel, Bertolucci, Pasolini lui confient tour à tour quelques-uns des rôles les plus marquants des années 1960. À la fois ange et démon, il incarne des personnages qui laissent transparaître sous la grâce des gestes et la beauté du visage les tourments du corps et les tumultes de l’âme: sadisme chez Buñuel, dédoublement à la Dr Jekyll et Mr Hyde chez Bertolucci, cannibalisme chez Pasolini, etc.
Sa quête de liberté apparaît transgressive, son indépendance d’esprit dérange, son goût des paradis artificiels choque. Et c’est le drame: le 24 juillet 1971, à Rome, les carabiniers arrêtent Pierre Clémenti pour détention et consommation de stupéfiants; il est condamné à deux ans de prison; finalement libéré pour insuffisance de preuves, il passe tout de même près de dix-huit longs mois dans les geôles italiennes. Si cette douloureuse expérience lui inspire un livre magnifique, Quelques messages personnels (1973), elle marque sans aucun doute un avant et un après dans sa carrière, qui se fera de plus en plus discrète.
Passant du cinéma d’auteur à la télévision, du court-métrage indépendant au théâtre, sans oublier la radio (fictions, lectures de poèmes) et la musique, il retrouvera rarement l’aura de ses débuts, malgré ses collaborations avec des cinéastes aussi intéressants que Makavejev, Rivette ou Monteiro. Le seul fil qui ne s’est jamais réellement brisé est celui de la réalisation: en 1967, il s’achète une caméra qui l’accompagnera dans tous ses déplacements. Événements privés (famille, amis) et publics (Mai 68) formeront le répertoire d’images dans lequel il puisera inlassablement pour construire ses œuvres.
Fidèle interprète de Philippe Garrel, Pierre Clémenti a réalisé quelques-uns des plus beaux films du cinéma underground, qui éblouissent par leur montage virtuose et leur lyrisme hypnotique: La révolution n’est qu’un début, continuons le combat… (1968), Film ou Visa de censure no X (1967-1975), Soleil (1988). Une œuvre à redécouvrir d’urgence, qui révèle une facette méconnue de cette figure indomptable du cinéma européen des années 1960 et 19 70, disparue il y a tout juste quinze ans.
Sommaire
- Marco Sabbatini, Édito, p.1
- Lionel Dewarrat, Pierre Clémenti: Un acteur engagé au cinéma comme dans la vie, p.3-8
- Stéphan Lévy-Kuentz, Fulgurances d’un ange (noir): Portrait de Clémenti, pp.9-11 (in Tombeau de Pierre Clémenti 1942-1999, Éditions derrière la salle de bains)
- Astrid Maury, Ange ou démon?, p.12
- Marco Sabbatini, Italie, tour, détour: Pierre Clémenti à Cinecittà, pp.13-23
- Pietro Guarato, Partner, les deux visages d’un acteur pour un film schizophrène, pp.25-28
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La revue au format papier
Pour recevoir, gratuitement et par courrier postal, un exemplaire de la Revue, merci d'écrire à en précisant le numéro choisi (Pierre Clémenti: la liberté à tout prix – Avril 2014) et l'adresse postale de livraison.
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La Revue du Ciné-club universitaire: Pierre Clémenti: la liberté à tout prix. Avril 2014 (2).
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