Laurence Bachmann

Research

[Bio] [Recherches] [Enseignements] [Publications]

La transformation de soi / la transformation du genre

Mon prochain ouvrage, intitulé Des hommes appréciables. Transformation du genre à l’ère du développement personnel (Ithaque, coll. « Theoria Incognita », à paraître en 2018) porte sur la transformation du masculin. Il s’appuie sur une recherche postdoctorale (FNS) effectuée auprès d’hommes sensibilisés aux questions de genre vivant dans un contexte géographique et culturel très marqué par le féminisme, le développement personnel et l’entreprenariat de soi : la baie de San Francisco. Dans ce cadre, je montre que l’acquisition de connaissances en sciences sociales articulée à des pratiques de développement personnel s’avère particulièrement efficace pour transformer le genre en soi et chez autrui. En se transformant, ces hommes acquièrent en outre de nouveaux codes sociaux portés par le développement personnel (réflexivité émotionnelle, empathie, souplesse, ouverture, collaboration, etc.) qui relèvent d’une précieuse ressource personnelle, professionnelle, politique et morale.

Mes résultats m’ont dès lors incité à entreprendre une nouvelle recherche (avec Anne Perriard) qui explore les enjeux sociaux des nouveaux codes sociaux portés par le développement personnel.

Mon étude californienne s’inscrit dans le prolongement de ma précédente recherche FNS (2008-2011, Etudes genre, unige) sur ce qui incitent les femmes à penser ou à agir le genre. J’ai analysé l’effet de différentes instances de socialisation (famille, école, travail, etc.) sur la constitution ou la consolidation de dispositions subversives. J’ai notamment mis en exergue l’influence des relations d’amitié entre femmes (Bachmann, 2014) et du support de la lecture de textes portant des idées féministes (Albenga et Bachmann, 2015 ; Bachmann, 2010).

Lire l'article On ne naît pas féministe, on le devient [article du Courrier sur le devenir féministe « Devenir féministe_Le Courrier]

 

L’appropriation des sciences sociales, la sociologie de la réception

Ma thèse de doctorat ainsi que mes deux recherches postdoctorales (Genève/Berkeley) m’ont permis d’analyser la manière dont les individus s’approprient les sciences sociales(et notamment des études genre) hors du milieu académique, en vue de transformer certaines de leurs dispositions genrées. Dans ma recherche sur le « devenir féministes » à Genève, je mets en exergue les types de textes variés portant des idées féministes, des Frustrés de Claire Bretécher au Deuxième sexe de Simone de Beauvoir, de Waris Dirié à Tolstoï. Dans ma recherche californienne sur les hommes dits « progressistes » (Des hommes appréciables. Transformation du genre à l’ère du développement personnel, à paraître), j’analyse minutieusement la manière dont sciences sociales transforment la manière de croire, penser, sentir et agir de mes enquêtés. Je poursuis ces réflexions dans le cadre de mes enseignements en étant attentive aux différents canaux de diffusion des sciences sociales.

 

Le couple et la famille

Dans mon ouvrage issu de ma thèse de doctorat De l’argent à soi. Les préoccupations sociales des femmes à travers leur rapport à l’argent (PUR, 2009), j’explore la manière dont les femmes manifestent un souci de soi en termes d’autonomie et d’égalité à travers des gestes ordinaires relatifs à l’argent dans le couple. Leurs exigences éthiques, révélées dans leur rapport à l’argent, se réfèrent implicitement aux rapports de domination entre les sexes dont certains aspects ne sont plus tolérés. Les femmes donnent ainsi du sens à l’argent dans un contexte d’idéal d’émancipation, mais aussi d’inégalités objectives entre les sexes. En montrant qu’aujourd’hui les femmes travaillent leur émancipation sur un mode individuel et non collectif, et sans mobiliser la critique des rapports sociaux de sexe, cette recherche renouvelle la question de l’héritage du féminisme des années 1970.

De l’argent à soi dans l’émission La Smala, RTS 

Mes deux recherches postdoctorales sur la transformation du genre (Genève/Berkeley) m’ont en outre permises d’explorer le poids de la socialisation familiale sur l’émergence de dispositions critiques. Enfin, j’ai publié, avec M. Modak et P. Gaberel, La parentalité. Perspectives critique, ouvrage destiné aux professionnel∙le∙s en travail social.

 

Le rapport à l’argent

Dans le prolongement de mes réflexions sur le rapport à l’argent, le genre et les inégalités, j’ai mené une étude avec Sophie Rodari sur le processus d’attribution d’aides financières aux personnes surendettées par les assistantes sociales et les assistants sociaux à Genève. Nous nous sommes centrées sur la pratique des professionnel∙le∙s en fonction dans les services qui prennent en charge les personnes et leurs familles en proie à d’importantes difficultés financières.

Je me suis aussi intéressée au rapport à l’argent des femmes cadres, sollicitée en tant qu’experte scientifique par un réseau international de femmes cadres, le PWN Paris, dont certaines de leurs membres étaient interpellées par la réticence que les femmes ont à demander des augmentations.

Voir leur documentaire sur la question