Edition 2023

Lauréat-e-x-s

Sidonie Atgé-Delbays| Faculté des sciences de la société |Mémoire de master

Bricoler et construire en mixité choisie : quand les corps et les outils se rencontrent

Sidonie_Atgé-Delbays.JPGCe mémoire analyse la manière dont bricoler et construire en contexte de mixité choisie représente un outil pratique et politique permettant de lutter contre les formes d’hétéronomies que connaissent les personnes ayant vécu une socialisation féminine. Il s’inscrit dans une approche ethnographique, féministe et multisite.
En premier lieu, il dessine les contours de ce que signifie, au sein des différents espaces d’enquête, le fait de s’organiser en mixité choisie entre femmes, personnes transgenres et non-binaires.

Ensuite, il détaille les modes d'exclusion des espaces de chantier expérimentés par les personnes ayant vécu une socialisation féminine dont font état les données récoltées et la littérature existante. Il déploie une analyse proposant de concevoir le fait de pratiquer le bricolage et la construction en mixité choisie, à la lumière de ces dynamiques d’exclusion, comme relevant d’une forme d’autodéfense par le déploiement collectif des corps et les modes de subjectivations qui émergent. Il développe ainsi l’idée selon laquelle les espaces de chantier permettent des formes d’écriture d’un soi genré alternatives et autonomes.

Dans un dernier chapitre, il montre comment les modes de travail et de transmissions collectives qui ont lieu sur les chantiers représentent des formes de résistances face à l’hétéronomie constituée par le capitalisme patriarcal.

Enfin, de manière transversale, ce mémoire articule une réflexion théorique faisant dialoguer perspectives matérialistes et théories queer.

 

Romane Chantre | Faculté des sciences de la société | Mémoire de bachelor

L'art de la riposte. Pratiques et imaginaires des violences politiques dans les mouvements féministes à Genève, années 1970-1980

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En Europe occidentale, la fin du 20ème siècle est marquée par la présence de violences politiques (allant de grèves ouvrières à assassinats politiques) au nom de groupes d’extrême-gauche, qui revendiquent leur opposition aux structures étatiques et institutionnelles. Cependant, les luttes féministes, pourtant en partie issues de ces mêmes milieux, semblent manquer à l’appel. Ce travail cherche donc à mettre en lumière l'usage des violences politiques comme outil de lutte dans les mouvements féministes à Genève, dans le contexte des années 1970 et 1980, qui constituent l'apogée de la seconde vague féministe, ainsi que du recours à certaines formes de violences politiques.


L’analyse qualitative d’un corpus d’archives, issu du Fonds Mouvement de Libération des Femmes – Genève, ainsi que l’élaboration d’un cadre conceptuel compréhensif et interactionniste, ont permis de faire ressortir différentes thématiques caractéristiques des luttes féministes de l’époque. À travers ces thèmes, et au prisme de définitions constructivistes des États et des violences politiques, ce mémoire souhaite constituer une ébauche de recension des différents recours aux violences politiques dans les milieux féministes. La conclusion est sans appel : les violences politiques féministes ont bel et bien existé en Europe à cette époque, et la Suisse ne fait pas exception à la règle, fortement influencée par les pratiques des militantes en France, en Italie et en Allemagne.

Manon Détraz | Faculté des lettres | Travail de recherche en master

Petites Diablesses et pères au foyer - Des Genres et de la désobéissance chez la comtesse de Ségur

Detraz.JPGPour légitimer sa place de femme de lettres au XIXe siècle et son œuvre alors régulièrement accusée de dépasser les bornes de l’acceptable, la comtesse de Ségur s’est toujours présentée comme une gentille grand-mère aristocrate, qui n’écrit que pour sa famille et refuse le statut de personnage public. Ceci a fortement impacté la réception de ses romans, dans lesquels la critique du XXe siècle n’a souvent perçu qu’une éducation à l’ordre bourgeois et à la morale chrétienne. Ce travail propose de relire autrement ces classiques de la littérature jeunesse (Les Malheurs de Sophie, Un bon petit diable, etc.) pour mettre en lumière les nombreuses transgressions de leurs personnages aux normes genrées de leur époque. Chez Sophie de Ségur, les hommes parfaits sont pères au foyer, les familles heureuses s’écartent presque toujours du modèle traditionnel de famille nucléaire hétérosexuelle, et les enfants jouent et désobéissent avant tout comme des enfants, et non comme des filles ou des garçons. En se penchant sur le détail de ces textes et des dédicaces qui les précèdent, il apparaît que la vision du monde proposée dans les romans de cette matriarche qu’on nommait la « Balzac des enfants » est particulièrement dénuée d’essentialisme.

 

Aneta Havranova |Geneva school of economics and management | Travail de recherche en master

Increasing Women’s Agency: Are multi-component interventions the way forward?

photo AH.jpegL'article aborde différents aspects de « women’s agency » et les façons dont l'inégalité de genre se manifeste, en particulier dans les pays à faible et moyen revenu. Malgré les progrès réalisés, il reste encore beaucoup à faire. L'article examine les recherches précédentes, soulignant que les interventions simples et peu coûteuses ne produisent pas toujours les résultats escomptés en raison de la complexité de la question et de la persistance de normes de genre restrictives. Pour être efficaces, les interventions doivent prendre en compte plusieurs contraintes et renforcer « women’s agency » sur tous les indicateurs. Les interventions proposées sont divisées entre interventions micro et macro, ciblant les femmes au niveau individuel et l'ensemble de la population, respectivement. Les interventions micro se concentrent sur les ressources, les skills et l'autonomisation, tandis que les interventions macro abordent les normes sociales et les facteurs juridiques et politiques. Pour avoir un impact significatif, les interventions visant chacune des trois catégories micro doivent être mises en œuvre simultanément. L'article met également l'accent sur l'importance de l'engagement des hommes et la nécessité d'aborder les normes sociales qui peuvent compromettre l'efficacité des interventions au niveau micro.

 

Mica Palaz | Faculté des sciences de la société |Mémoire de master

Déconstruire la médiatisation des pratiques drag : de la formation identitaire à la critique contre-hégémonique. Une étude de la réception de RuPaul's Drag Race au sein de la communauté LGBTQI+

 

Mica Palaz.jpgCette recherche s’intéresse à la réception d’une émission de téléréalité à succès mettant en scène des drag queens. Partant du constat que le drag se soit progressivement propulsé hors des marges par le biais des médias pour devenir “mainstream”, elle propose d’aborder ce phénomène à partir d’une approche dialogique. À ce jour, l’étude de la médiatisation du drag a principalement été abordée dans la littérature au prisme de la récupération néolibérale de codes et pratiques subculturels. Or, l’angle de la réception permet de mettre en lumière les formes d’agentivité déployées par les groupes subculturels médiatisés face à l’incorporation médiatique. Ainsi, à partir du paradigme des audiences actives, l’objectif est d’analyser la manière dont les communautés LGBTQI+ forment une identité individuelle et collective non-normative en relation avec un produit culturel de grande envergure tel que l’émission états-unienne RuPaul’s Drag Race. Une enquête empirique en Suisse romande révèle alors que ces nouveaux contenus médiatiques sont saisis et réappropriés par les communautés LGBTQI+ pour donner sens à leur identité, leur appartenance et leurs pratiques. Elle met en évidence que les représentations drag accompagnent la formation de communautés LGBTQI+ agentives qui renforcent leurs liens d’appartenance par le biais d’une négociation active du contenu télévisuel.

 

Shanu Rani Buff | Faculté des lettres | Mémoire de bachelor

Arthur Schnitzlers unsolidarische Frauen

Shanu.jpgCe travail pose la question de la solidarité entre femmes dans une sélection d’œuvres d’Arthur Schnitzler. L’auteur autrichien est connu en tant qu’auteur d’histoires de femmes, 'Frauengeschichten'. Dans les récits analysés, Schnitzler décrit en détail la vie des femmes de son époque dans tous ses aspects négatifs, dont l'inégalité de la morale sexuelle, la dépendance économique et l’illégalité de l’avortement. À la fin de ces histoires, les femmes en question reconnaissent l’injustice présente dans la société, mais elles n’arrivent pas à s’en sortir ni à se défendre. Elles restent des victimes.

À l’aide de la théorie sur la solidarité entre femmes de la philosophe Beate Rössler, nous avons retenu et employé deux critères de solidarité afin d’examiner les relations entre les personnages féminins chez Schnitzler. Cette approche permet de voir à quel point la solidarité aurait pu et dû s’installer pour que les femmes puissent s’organiser et combattre contre leur sort. 

 

 Prix d’encouragement

Divya Vogel |Faculté de traduction et d’interprétation | Travail de recherche en bachelor

A long way to gender-neutral translation: An analysis of the German, French, and Spanish translations of “The Long Way to a Small, Angry Planet”

Vogel.JPGL'usage désormais courant du pronom singulier « they » dans la littérature, dans les universités et dans la presse témoigne de l’implantation des pronoms non genrés dans la vie quotidienne du monde anglophone. Toutefois, les langues à genre grammatical rencontrent encore des difficultés à introduire des pronoms neutres en raison de leurs propriétés grammaticales qui compliquent la tâche. Cette étude de cas explore les traductions allemande, française et espagnole d'un roman de science-fiction utilisant les pronoms « they » et « xe ». Les choix des équivalents dans les traductions, la cohérence de leur utilisation ainsi que les problèmes grammaticaux pouvant survenir y sont étudiés. L’analyse comparative révèle que les traducteurs ont réussi à intégrer des pronoms neutres, les traductions allemande et espagnole comportant des pronoms non établis et la traduction française le pronom neutre le plus courant. Bien que leur utilisation n'ait entraîné aucune faute de grammaire, ils n'ont pas été employés de manière systématique, la facilité de compréhension ainsi que la fluidité de la lecture étant probablement considérées comme primordiales. L'auteure elle-même n'a pas été tout à fait cohérente dans son utilisation non plus. Nous pouvons en déduire que l’emploi des pronoms non genrés ainsi que les questions grammaticales qu’elle soulève, tant dans les textes originaux que dans les traductions, sont encore en développement.

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