Lauréat-es du Prix Genre 2024
Lauréat-es
Manuel Gobet | Faculté des sciences de la société | Mémoire de bachelor
"Et après ce moment-là, j'ai pu prendre du plaisir à recevoir des cunnis" : pour une sociologie des liens entre genre, sexualité et transitude.
Ce projet de bachelor a deux problématiques : comprendre le lien inextricable entre genre et sexualité, et appliquer cette grille de lecture à la sexualité des personnes trans, notamment pour comprendre les effets de la transition sur celle-ci. Il commence par explorer les analyses féministes matérialistes des liens entre genre et (homo)sexualité, pour montrer la pertinence de leur analyse conjointe en sociologie. En effet, avant d'être séparées conceptuellement par les mouvements LGBTIQ+ il y a moins d’un siècle, genre et sexualité étaient intrinsèquement liées. De ce lien historique reste un fort lien sociologique, qu’on peut illustrer avec la célèbre tournure de Monique Wittig « les lesbiennes ne sont pas des femmes ». En effet, pour ne prendre que cet exemple, les gays et lesbiennes occupent une place particulière dans le système de genre. Dans la deuxième partie, il applique ce cadre de lecture à l'évolution de la sexualité souvent vécue par les personnes trans. La littérature sur le sujet explique principalement ces évolutions par des arguments médicaux (l'effet des hormones) ou psychologiques (l'individualité des personnes). Contre ces théories biologisantes et psychologisantes, ce travail montre que ces changements gagnent à être analysés sociologiquement. Conceptualiser le genre et la sexualité comme intrinsèquement liées permet de montrer comment ces deux systèmes de domination affectent la vie, et donc la sexualité, des personnes trans.
Mirjam Kielholz | Faculté de médecine | Mémoire de master
Improving Knowledge about the Histology of the Clitoris and Penis at the University of Geneva: A Pilot Study.
Améliorer les connaissances des étudiant-es de médicine de l'Université de Genève sur l'histologie du clitoris et du pénis : une étude pilote. Bien que le clitoris ait gagné en visibilité et en intérêt publique ces dernières années, son anatomie et son histologie restent méconnues des professionnel-les de santé. Afin de fournir aux étudiant-es de médecine les connaissances fondamentales pour une compréhension inclusive et plus complète des organes génitaux, nous avons inclu des coupes histologiques du clitoris et du pénis dans les travaux pratiques d’histologie de 2ème année de médecine à l'Université de Genève. Des coupes histologiques standard colorées à l'hématoxyline et à l'éosine, au trichrome de Masson et immunohistochimiques (coloration à la protéine S100 pour identifier le tissu nerveux) du clitoris et du pénis, provenant du Service de Pathologie des Hôpitaux Universitaires de Genève, ont pu être numérisées et rendues disponibles sur le microscope virtuel Cytomine. Sur ces coupes, les étudiant-es ont pu observer et identifier des structures homologues du clitoris et du pénis impliquées dans la réponse sexuelle tels que les tissus tumescents, de nombreux corpuscules génitaux, ainsi que l’importante innervation de ces organes. Ce travail de Master montre que les connaissances fondamentales sur les organes impliqués dans la réponse sexuelle peuvent être mises à disposition des futures professionnel-les de santé avec une relative facilité et en utilisant des ressources existantes.
Projet conçu dans le cadre du Progamme Sciences, sexes, identités de la Faculté de Médecine.
Christopher Salvans | Global Studies Institute | Mémoire de bachelor
Le rôle des normes internationales : La Chine et les Droits LGBT.
De plus en plus médiatisée et politisée en Occident, la question des Droits LGBT s’invite aussi dans le reste des pays, la Chine ne faisant pas exception. Le projet de recherche examine le rôle des normes internationales dans la politique chinoise concernant les Droits LGBT. Il explore le principe stratégique de “ni encouragement, ni désapprobation, ni promotion” adopté par le Parti communiste chinois ainsi que les positions variables des gouvernements successifs du pays. L’étude retrace l’évolution juridique et politique de la communauté LGBT en Chine, en tenant compte des influences externes, des positions gouvernementales et de la politisation de ce sujet. Elle analyse comment l’émergence de la Chine en tant que Puissance mondiale affecte la promotion des Droits LGBT depuis le début du 21ème siècle. La recherche s’appuie sur un cadre théorique constructiviste pour comprendre les concepts de “Droits LGBT” et de “Puissance mondiale”, en émettant l’hypothèse d’un lien entre le statut de Puissance de la Chine et la promotion des droits LGBT au sein du pays. Elle permet de capturer les raisons derrière l’ambivalence du Parti communistes chinois envers cette question, et permet ainsi de comprendre l’attitude de la Chine vis-à-vis d’un thème polémique. Le document conclut que la Chine se réapproprie la définition des Droits LGBT pour consolider son pouvoir national et international.
Bertille Triboulet | Faculté de traduction et d’interprétation | Mémoire de master
Biais de genre dans la traduction automatique neuronale : étude des facteurs potentiels pour la traduction des noms de métiers.
Les modèles d’intelligence artificielle connaissent actuellement une croissance considérable. Malgré la confiance qui leur est accordée au quotidien, ces algorithmes peuvent pourtant être victimes de biais et produire des résultats discriminants pour les individus. La traduction automatique neuronale repose sur cette technologie, c’est pourquoi elle est également sujette à ce phénomène algorithmique. Les experts du domaine cherchent donc à identifier et réduire les biais, en s’intéressant notamment à la question du genre. En s’appuyant sur leurs études, le présent mémoire vise à analyser différents facteurs afin de déterminer s’ils influencent la présence des biais de genre dans la traduction automatique neuronale de phrases contenant des noms de métiers. À partir d’une évaluation humaine sur la traduction réalisée par cinq modèles neuronaux d’un corpus de type test suite, l’analyse confirme le rôle des stéréotypes comme source principale des biais tout en contribuant à la compréhension des autres facteurs étudiés.
Hélène Widmann | Faculté des sciences de la société | Mémoire de master
Produire ou reproduire : rapports sociaux de genre, de race et de classe et mécanismes de silenciation dans l’émergence de la musique "de création" ou politiser le travail musical par le salaire.
En retraçant la genèse d’une association locale de musicien·ne·x·s et de l’histoire de l’institutionnalisation des « contre-cultures » genevoises dans les années 1980-2000, ce mémoire s’intéresse à la construction de la rémunération du travail musical en « problème public ». Dans la veine des approches féministes-marxistes et des critical whiteness studies, il décrit comment la problématisation du « travail gratuit » fourni par les musicien·ne·x·s reproduit des exclusions de genre, de race et de classe à partir de mécanismes de silenciation. Sur la base de matériaux empiriques (observations ethnographiques, entretiens semi-directifs, archives), cette enquête montre comment la lutte pour la reconnaissance de ce travail gratuit auprès des autorités passe par une conception « productive » du travail musical « de création ». Dans sa problématisation du travail gratuit, l’association forge une identité artistico-professionnelle – un « nous musicien·ne·x·s ‘de création’ » – en opposition aux activités et aux corps construits comme « reproducteurs ». Cette identité « productive » est forgée par des rapports sociaux de genre, de race et de classe et constitue une nouvelle forme de citoyenneté désirable dans la « ville créative ». Avec pour ambition de croiser différents champs théoriques et épistémès, ce mémoire propose des éléments empiriques et analytiques pour penser plus largement les mutations structurelles du travail induites par les transformations des modes de production.
Prix d’encouragement
Amiel Guyot | Faculté de lettres | Mémoire de bachelor
Féminismes et altérité à Genève dans les années 1980 : A travers solidarité internationale, féminisme global et antiracisme.
Ce travail se propose d’approcher la question du contact du mouvement féministe genevois avec des conceptions antiracistes nouvelles durant la première moitié des années 80 à travers l’examen de différentes sources audio et papier. Quatre types de sources y ont été mobilisées, radiophoniques et papiers, à diffusion publique ou à usage restreint aux organisations militantes. Les principales sources sont issues des fonds de l’émission de radio libre Radio Pleine Lune, ainsi que d’articles des périodiques féministes Off My Backs et Isis – International Bulletin et de documents de travail de l’association genevoise Solidarité Femmes en Lutte.Le décloisonnement et l’inclusion du milieu féministe genevois dans des structures militantes internationales, mène ses activistes à se confronter à leurs positions privilégiées en tant que Suissesses vis-à-vis des femmes des pays de ce qu’on appelait communément le Tiers-Monde, mais aussi vis-à-vis de femmes « de couleur » vivant dans les pays occidentaux et y subissant le racisme. Cette ouverture, favorisée par le statut international de Genève, s’accompagne de contacts avec des activistes du monde entier, parfois réfugié.es en Suisse, et d’une solidarisation avec leurs luttes. Ces espaces permettent la discussion des systèmes de domination à partir d’une perspective féministe. De ces contacts émergent des voix discordantes témoignant de la spécificité de l’oppression des femmes racisées dans le mouvement des femmes et de l’importance primordiale que revêt pour celles-ci le combat antiraciste.