Les bibles atlantiques

La réforme ecclésiastique de la seconde moitié du XIe siècle nous a légué une typologie de livre à l’aspect majestueux et massif : les bibles atlantiques.

C’est Pietro Toesca (Toesca P., La pittura e la miniatura nella Lombardia. Dai più antichi monumenti alla metà del Quattrocento, Torino, 1912.) qui, au début du XXe siècle donne cette définition de Bibbie atlantiche à ces manuscrits, précisément à cause de leurs dimensions.

Jusqu’ici, on a pu en recenser une centaine d’exemplaires. Il s’agit de manuscrits au format géant (en moyenne 550x350 mm), qui ont été produits entre le milieu du XIe et la seconde moitié du XIIe siècle en Italie centrale.

 

Rapport dimensionnel :
Bible atlantique de Genève, f. 94r, 610x394 mm ;
feuillet format A4, 297x210 mm (ISO 216 : 1975).

 

Mis à part le gigantisme, qui tout en étant un trait frappant n’est certainement pas leur caractéristique exclusive, l’élément qui constitue l’originalité absolue des bibles atlantiques est l’homogénéité de leur aspect et de leur facture. Ces bibles ont été réalisées dans une minuscule caroline fortement uniformisée et présentent un apparat iconographique spécifique, qui se caractérise par des initiales de style géométrique placées au début de chaque livre biblique. Elles contiennent le texte complet de la Vulgate.

Le format géant, la facture matérielle, la recension textuelle sont autant d’éléments qui ont été conçus dans un but précis : faire des bibles atlantiques le symbole matériel mais également idéologique du mouvement de renouveau religieux promu par l’Église romaine. La production des bibles atlantiques nous offre un exemple emblématique de la façon par laquelle la définition d’une typologie de livre traduit des exigences politiques et idéologiques bien déterminées. Leur étude s’avère dès lors fondamentale si l’on veut mettre en lumière tous les aspects du XIe siècle, une époque de grandes mutations dans l’histoire de la chrétienté occidentale.