Colloque études genre - Profession: créatrice
Alors que la place des femmes sur le marché du travail fait la "Une" des journaux, grâce notamment à des recherches menées à l'Université de Genève, leur situation dans le domaine artistique, en revanche, ne fait guère l'objet d'études. Homme ou femme quelles différences dans le champ de la création? Pourquoi y a-t-il passablement de romancières connues mais peu de compositrices? Quel rôle ont joué les danseuses dans le mouvement d'émancipation des femmes? Y a-t-il un théâtre et un cinéma au féminin? Voici quelques-unes des problématiques qui seront abordées par le colloque "Profession: créatrice", les 18 et 19 juin prochains à Uni Mail. C'est la première fois que les Etudes Genre de l'Université proposent une telle manifestation, souhaitant ainsi mieux faire connaître leur cursus de formation et leurs activités au sein de l'Université, et aussi auprès d'un large public.
"Il est difficile aujourd'hui de se faire une idée des discriminations spécifiques dont sont victimes les femmes dans le champ artistique, raison pour laquelle nous tenions à organiser cet événement", commente Josette Coenen-Huther, maître d'enseignement et de recherche en Etudes Genre et initiatrice du colloque. "Une chose me paraît sûre: la création est une qualité masculine dans l'imaginaire social." Vraiment? L'art ne fait-il pas appel à une forme de sensibilité associée à la féminité? Sensibilité féminine, certes, mais surtout utilisée dans le domaine de l'exécution: "la femme, quand elle est artiste, a essentiellement rempli un rôle d'agrément des salons, elle chantait pour la bonne société ou faisait du piano. Aujourd'hui, elle s'exerce au macramé… Les hommes inventent le monde, les femmes le gèrent", observe Josette Coenen-Huther. Mais les choses sont en train de changer, très lentement. La création exige du talent. Elle sous-entend aussi la capacité à tisser des relations au plus haut niveau pour faire connaître son oeuvre. Un artiste sans carnet d'adresses survit difficilement. Or les femmes partent avec un handicap dans ce domaine. "Etre femme ou homme dans les mondes de l'art n'est pas sans impact sur la visibilité sociale, la mémoire historique et même la définition et classification des objets artistiques", relève Maria Antoniette Trasforini, professeur de sociologie à l'Université de Ferrara, invitée au colloque. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles on trouve davantage de femmes romancières que compositrices, par exemple. La littérature exigerait moins de connexions sociales que la carrière de musicien. Le colloque "Profession: créatrice" couvrira ainsi une très large palette thématique, des beaux-arts à la musique, de la création littéraire à la photographie, de la danse au cinéma et à la dramaturgie. Genève pionnière Apparu dans le monde anglo-saxon dans les années 60-70, le concept d'Etudes Genre consiste à revisiter les canons des disciplines académiques d'un point de vue féministe. Existe-t-il une approche spécifiquement européenne ou "continentale"? Pour Josette Coenen-Huther, les études genre en Suisse romande restent profondément influencées par l'approche américaine et française, tandis que les Suisses alémaniques sont davantage inspirées par l'Allemagne qui, pendant longtemps, a soutenu une perspective néo-marxiste. ________________________________________________ Colloque public Organisé par les Facultés des SES et des Lettres, avec un soutien financier du Conseil d'Etat (DASS). Un concert aura lieu vendredi soir 18 juin à 21h à la Chapelle de l'Oratoire (7 rue Tabazan, 1204 Genève). Il est organisé par Marinette Extermann (clavecin), professeure au Conservatoire de Genève, à la demande des Etudes Genre et sera l'occasion de découvrir quatre compositrices des XVIIe et XVIIIe siècles. Pour en savoir plus: |
Jacques Erard
Université de Genève
Presse Information Publications
Juin 2004
2004