2004

Compte rendu de la conférence de Shirin Ebadi à l'UniGe

 

"Pas de paix sans démocratie", plaide Shirin Ebadi en visite à l'Université de Genève

L'Auditoire des Droits de l'homme, à Uni Mail, était plus que comble mardi 9 mars pour accueillir Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix 2003. A tel point qu'il a fallu organiser une retransmission en direct de sa conférence dans un auditoire voisin. Le public, majoritairement féminin, a ovationné à plusieurs reprises l'avocate, militante des droits de l'homme - et de la femme ! - dans son pays, l'Iran.

A n'en pas douter, à l'issue de sa conférence intitulée "sciences et paix", Shirin Ebadi sait défendre avec vigueur et clarté, voire humour, les idées qui lui tiennent à cœur. Après avoir souligné la réputation des institutions académiques suisses, rappelant au passage qu'un des héros du nationalisme iranien, Mohammad Mossadegh, avait suivi des études en terres helvètes, elle a donné son interprétation du mot "paix". "Le silence n'est pas toujours synonyme de paix", a-t-elle insisté. Ajoutant que la démocratie et la liberté étaient deux conditions nécessaires à l'établissement d'une paix durable.

Shirin Ebadi s'en est ensuite prise à ceux qui, aujourd'hui, voudraient remodeler le Moyen Orient à leur convenance et y faire fleurir la démocratie, alors qu'il y a peu, ils soutenaient activement les pires régimes de la région. Manière, pour elle, de faire savoir que la paix et la démocratie ne peuvent provenir que de l'aspiration des peuples souverains.

S'adressant à un parterre d'universitaires, elle a également plaidé en faveur du partage des connaissances et des technologies entre pays du Nord et du Sud. La science doit être au service du dialogue et non du profit, comme c'est malheureusement de plus en plus le cas, a-t-elle poursuivi.

Répondant aux questions du public, notamment sur la situation politique en Iran, elle a commenté les récentes élections dans son pays et dénoncé leur caractère non-démocratique, non sans avoir rappelé, auparavant, que les violations des droits de l'homme existent partout. Dans un commentaire, qui aurait pu s'adresser aux dirigeants de son pays, elle a ajouté que droits de l'homme et islam étaient parfaitement compatibles.

Quand bien même la lutte contre le terrorisme est entièrement légitime, ce problème ne pourra être résolu que si l'on donne aux populations défavorisées, parmi lesquelles se recrutent les terroristes, l'espoir et les moyens d'une vie meilleure, a-t-elle encore déclaré.

Enfin, elle a tenu à préciser qu'elle n'entrevoyait pas de rôle politique pour elle, en Iran: "Je veux rester là où je suis, dans mon bureau d'avocate, et me concentrer sur mon travail quotidien pour la défense des opposants politiques."

Pour en savoir plus:
Iranian Children's Right Society
Le discours du Nobel (en anglais)

Jacques Erard
Université de Genève
Presse Information Publications
Mars 2004

10 mars 2004
  2004