2005

Un professorat financé par Serono

Financement d'un professorat par une entreprise privée: une grande première

Le 8 mars dernier, l'Université de Genève, l'Université de Lausanne, le Centre hospitalier universitaire Vaudois (CHUV) et l'entreprise Serono ont annoncé, lors d'une conférence de presse, la création d'un professorat de recherche en endocrinologie de la reproduction. Un partenariat inédit en Suisse romande dont l'objectif est de créer un pôle d'excellence dans la recherche en endocrinologie de la reproduction dans l'arc lémanique.

Serono, entreprise active dans le domaine de la biotechnologie, subventionne ce professorat à hauteur d'un million de francs suisses. L'entreprise, en tête des ventes de traitements contre l'infertilité, détient également de fortes positions en neurologie, dans le métabolisme et la croissance et a récemment abordé le domaine du psoriasis. En 2004, Serono, dont le siège est à Genève, a réalisé un chiffre d'affaires de près de 2.500 millions de dollars et un bénéfice net de quelque $500 millions, ce qui en fait la troisième société mondiale de biotechnologie. "Collaborant déjà de façon importante avec les milieux universitaires du monde entier, Serono soutient avec d'autant plus d'enthousiasme les universités et la communauté médicale locales, pour faire progresser la recherche et améliorer les traitements dans le domaine de l'endocrinologie de la reproduction" a déclaré François Naef, directeur général de Serono International SA lors de la conférence de presse.

Pour les Universités de Genève et de Lausanne, la mise sur pied de ce professorat de recherche en endocrinologie de la reproduction constitue une formidable opportunité de collaborer par la mise en commun de compétences rares et complémentaires. Prévu pour une durée initiale de cinq ans, le poste nouvellement créé a été attribué au professeur François Pralong qui partagera son temps entre les deux universités où il se consacrera à l'enseignement et à la recherche.

Des avis divergents
Face à ce financement, la position de la CUAE (Conférence universitaire des associations d'étudiants) est claire. De manière générale, elle s'oppose à tout financement de l'Université par le privé. "L'indépendance est toute relative quand il y a un financement en jeu. Nous craignons des dérives tel que cela a été le cas dans la tristement célèbre affaire Rylander" explique la CUAE par la voix de son comité. Quant au recteur André Hurst, il comprend bien le souci de la CUAE de ne pas faire en sorte que le privé puisse décider de ce qui se passe dans les universités comme c'est le cas aux Etats-Unis. Il rappelle toutefois que le FNS (Fonds national suisse) est une fondation privée elle aussi. "Dans le cadre du professorat financé par Serono pendant cinq ans seulement, je vois un parallèle avec Unitec, structure chargée de faire le lien entre la recherche fondamentale et les applications pour le public. Ici, c'est l'industrie qui manifeste son intérêt pour la recherche fondamentale."

Identifier de nouveaux traitements
Dans le cadre de ce professorat, le groupe de François Pralong centrera ses recherches sur l'hypothalamus, une partie du cerveau archaïque dirigeant en parallèle la prise alimentaire, une activité vitale pour l'individu, ainsi que la fonction reproductrice, essentielle à la survie de l'espèce toute entière. Ces deux fonctions sont intimement liées, puisque l'être humain doit disposer de réserves d'énergie suffisantes pour que les hormones de la reproduction soient activées. C'est ainsi que les adolescent-e-s souffrant de malnutrition ou d'anorexie mentale ne font pas de puberté. L'hypothalamus est le siège des mécanismes permettant d'activer ou de bloquer la puberté en fonction de l'état nutritionnel d'un individu. "Notre objectif est d'identifier et de définir ces mécanismes qui, en cas de dysfonctionnement, peuvent aboutir à des troubles de la sécrétion des hormones de la reproduction. Ces recherches devraient contribuer à l'identification de nouvelles cibles de traitement des troubles de la prise alimentaire et des perturbations de la fonction reproductrice associées" explique François Pralong.

 

9 mars 2005
  2005