Campus n°107

Campus

n° 107 février-mars 2012
Dossier | FPSE

Le patrimoine retrouvé de la FPSE

Créée en 2008, la Commission du patrimoine facultaire complète le travail effectué par les Archives Jean Piaget et celles de l’Institut Jean-Jacques Rousseau. Après avoir concentré ses efforts sur la dernière partie du XXe siècle, elle s’efforce de préparer l’avenir

Près de 200 mètres d’archives linéaires soigneusement répertoriées et conditionnées pour résister aux outrages du temps: c’est le résultat du premier grand chantier achevé par la Commission du patrimoine facultaire (CoPaF) de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (FPSE). Mise sur pied en 2008, à l’initiative du décanat de la Faculté, cette structure regroupant des historiens et une archiviste est en effet venue à bout du contenu de quelque 150 armoires métalliques abandonnées dans les sous-sols d’Uni Dufour et appartenant à des membres du corps enseignant de la Faculté actifs durant la seconde partie du XXe siècle. A cette performance s’ajoute une cinquantaine d’entretiens réalisés avec des anciens membres de la Faculté. Lancée dans une démarche pionnière au sein de l’Université, la CoPaF a également mis en place une procédure destinée à préparer l’avenir en anticipant le départ à la retraite des membres de la Faculté.

Répondant d’abord à la volonté de combler les lacunes documentaires existant pour la période récente, la création de la CoPaF est également un moyen de renouer avec une tradition archivistique qui trouve son ancrage dans les origines mêmes de la Faculté. Ainsi, portés par une intuition prophétique et convaincus qu’ils sont en train de vivre un événement qui va marquer le cours de l’histoire, les fondateurs de l’Institut Jean-Jacques Rousseau (Edouard Claparède et Pierre Bovet) accordent d’emblée une très grande attention à la préservation des traces de leur activité.

Livre d’or

Ce souci se manifeste dès le premier échange épistolaire entre les deux hommes à propos de la direction du futur institut, lettre que Claparède intime à Bovet de conserver méticuleusement. Il se traduit également par la mise en place d’une série d’enseignements dans le domaine de la documentation ou de la bibliographie ainsi que par la tenue d’un Livre d’or dans lequel chaque étudiant fréquentant l’Institut dispose d’une page personnelle. Autre conséquence de cette fièvre documentaliste: la réalisation d’un nombre impressionnant de photographies qui retracent aussi bien les expériences en laboratoire que les excursions à la montagne effectuées en groupe. Autant de documents qui, depuis 1984, sont gérés par la Fondation Archives Institut Jean-Jacques Rousseau, dont la vocation est de réunir, de valoriser et de préserver les archives de la Faculté concernant la période 1912-1968.

Etroitement liée à la personnalité des fondateurs de l’Institut Rousseau, la forte culture archivistique qui caractérise les premières décennies du siècle s’estompe avec la montée en puissance de Jean Piaget. Pour le père de la théorie du développement chez l’enfant, tout ce qui ne se rapporte pas directement à l’activité scientifique n’est pas loin d’être du temps perdu. Dès lors, ce qui est conservé, ce ne sont plus tant les documents relatifs à la vie de l’institution que ceux qui rendent compte de la recherche. Créée en 1974 afin de réunir toute la documentation relative à l’œuvre du grand savant, la Fondation Archives Jean Piaget abrite ainsi aujourd’hui environ 30 000 protocoles d’expériences, auxquels s’ajoutent environ 50 kilos de brouillons des œuvres du psychologue.

Période clé

Les activités de la CoPaF se concentrent, quant à elles, sur les trous laissés dans la mémoire de l’institution par les deux Fondations existant déjà au sein de la FPSE. C’est le cas pour la seconde partie du XXe siècle sur laquelle peu d’informations ont été conservées alors même que c’est une période clé pour comprendre le processus de refondation qui a abouti à la création officielle de la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation en 1975. D’où l’intérêt porté aux armoires oubliées dans les sous-sols d’Uni Dufour qui ont permis de retrouver non seulement des notes de cours donnés par les anciens enseignants de la Faculté mais également des protocoles scientifiques, des travaux d’étudiants, du matériel d’expérience et de laboratoire.

Ces témoignages sont aujourd’hui triés et inventoriés. Ils s’ajoutent à une série d’entretiens réalisés entre 2009 et 2011 avec une cinquantaine d’anciens collaborateurs – majoritairement des professeurs – de la Faculté. Ces personnalités ont été invitées à s’exprimer sur différentes thématiques (parcours professionnel, activité de recherche et d’enseignement, défis relevés et projets restés en friche, souvenirs frappants...) afin d’enrichir la mémoire orale de l’institution.

Disposant désormais de ressources pérennes, la CoPaF n’entend pas s’en tenir là. Afin d’éviter de nouvelles failles mémorielles, elle a développé un protocole destiné à assister les membres de la Faculté qui approchent de la retraite dans le traitement de leurs archives. Volontaire, la démarche permet de faire le tri entre ce qui revient à l’individu et ce qui demeure propriété de l’institution qui les emploie. Elle concerne tous les types de supports documentaires (manuscrits, imprimés, iconographie, objets, témoignages oraux) se rapportant à la mémoire de l’institution à l’exception des supports numériques dont la gestion pose encore de nombreux problèmes.