Campus n°113

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Dossier | PlanetSolar

«planetsolar deepwater» l’aventure pédagogique

Une exposition aquatique, deux camps de vacances et de nombreuses activités pédagogiques nourriront le dialogue avec le public durant toute l’expédition « PlanetSolar Deepwater »

Bâteau propre, le MS Tûranor PlanetSolar permettra aux chercheurs de l’UNIGE mobilisés dans le cadre de l’opération DeepWater d’effectuer des mesures qui seraient impossibles à obtenir avec un voilier ou un navire à moteur conventionnel. Mais ce n’est pas son seul avantage. Plus grand bateau solaire jamais construit au monde, le catamaran développé par Raphaël Domjan est aussi une spectaculaire attraction médiatique, comme l’a montré le très fort engouement suscité par le tour du monde achevé l’an dernier. D’où l’idée d’accompagner le volet recherche de l’expédition d’une large campagne destinée à sensibiliser le grand public aux enjeux climatiques et plus généralement à la démarche scientifique. Au programme: une exposition aux Bains des Pâquis, deux camps de vacances (à Versoix et en Norvège), ainsi qu’une foule d’activités destinées aux élèves du primaire et du secondaire non seulement en Suisse, mais également dans chaque ville où le bateau fera escale.

Le moment est bien choisi. Mise en avant, notamment par les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC), depuis la fin des années 1990, la problématique du changement climatique s’est peu à peu imposée comme une priorité dans l’agenda politique mondial. Depuis quelques années, elle a cependant été reléguée au second plan pour cause de crise économique, de guerre ou d’accident nucléaire majeur. A l’heure où la calotte glaciaire du Groenland s’est réduite dans des proportions inconnues jusqu’ici, ce recul est jugé de plus en plus alarmant par la communauté scientifique. Toute action susceptible de contribuer à remettre le sujet à l’ordre du jour est donc la bienvenue.

Par ailleurs, le récent désaveu subit par les chercheurs du Programme national de recherche 59 (« L’utilité et les risques de la dissémination des plantes génétiquement modifiées ») devant le Parlement, qui a reconduit le moratoire sur les OGM alors que leur innocuité était démontrée, pose également de nombreuses questions sur le hiatus existant entre savoir scientifique et décision politique.

Pour faire évoluer les choses, deux axes ont été privilégiés dans le cadre du projet DeepWater : l’information au grand public et la sensibilisation des jeunes. Dès le coup d’envoi de l’expédition, tout un chacun pourra ainsi suivre quotidiennement la vie à bord du bateau par le biais de contenus rédactionnels et vidéo diffusés sur un blog en trois langues (français, allemand, anglais) et les réseaux sociaux. « L’idée, explique Candice Yvon, coordinatrice du projet pour l’Université, est de permettre à un public aussi large que possible de s’immerger dans une démarche scientifique : comment monte-t-on une expérimentation, comment gère-t-on les résultats obtenus, les aléas liés à la navigation maritime ou les contraintes induites par le milieu ? »

Pour compléter le propos et toucher une audience qui n’est pas forcément acquise à la cause scientifique, un partenariat avec les Services industriels de Genève (SIG) donnera lieu à une présentation sur la gestion de l’énergie au niveau individuel, tandis qu’une exposition prendra ses quartiers du 15 juin au 1er septembre sur le site des Bains des Pâquis. Signalée par un faux iceberg placé devant la jetée des Bains, elle comprendra une quinzaine de panneaux didactiques dont certains seront immergés dans le lac. Pour découvrir cette scénographie originale, il ne faudra donc pas oublier d’emporter avec soi masque et tuba.

Du côté des classes, de nombreuses interventions sont prévues au niveau du primaire et du secondaire. Avec l’appui de ressources pédagogiques spécialement conçues pour l’occasion, les enseignants auront notamment la possibilité de proposer à leurs élèves des séquences de travail de plusieurs semaines sur un certain nombre de thématiques liées au changement climatique. Ces modules seront couronnés par la visite de scientifiques en classe ainsi que par un échange par vidéoconférence avec l’équipage de PlanetSolar.

Deux camps de vacances sont par ailleurs proposés au jeune public durant l’été. Le premier, sous la forme d’un centre aéré à l’Institut Forel, permettra à des enfants de 10 à 12 ans de réaliser sur le lac des expériences similaires à celles effectuées par l’équipe de PlanetSolar (circulation des courants, étude du phytoplancton, impact des changements climatiques sur les milieux lacustres). Des contacts sont également prévus avec les membres de l’expédition.

Le second, destiné aux 15 à 18 ans et organisé en collaboration avec le Centre protestant de vacances, verra un groupe d’adolescents rejoindre l’escale de Bergen sac au dos après un périple de trois semaines. Les participants auront à charge d’organiser eux-mêmes l’itinéraire et la logistique du voyage tout en réalisant une série de petites expériences scientifiques en lien avec les travaux menés à bord du bateau solaire. Là encore, des échanges réguliers auront lieu avec l’équipage.

Enfin, diverses manifestations incluant la visite du bateau par des classes sont, en outre, prévues à chaque escale (Miami, New York, Boston, Saint John’s, Reykjavik et Bergen) selon le modèle éprouvé lors du tour du monde.

www.planetsolar.org/deepwater