Campus n°139

Le « pape des autres mondes »

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professeur honoraire de la Faculté des sciences depuis sa retraite en 2007, Michel Mayor, aujourd’hui âgé de 77 ans, a réalisé l’essentiel de sa carrière dans les murs de l’Observatoire de Genève.



Surnommé par un grand quotidien parisien du soir, le « Pape des nouveaux mondes », Michel Mayor est né le 12 janvier 1942 à Lausanne. Élève doué en physique et en mathématiques, il se découvre très tôt une passion pour les sciences qui le conduit sur les bancs de l’université de sa ville natale. Le choix de la discipline qui lui vaudra un prix Nobel des années plus tard se fait un peu par hasard. « Le jour où j’ai obtenu mon diplôme, paraissaient deux annonces, raconte le principal intéressé. Une en mécanique statistique à l’École polytechnique fédérale de Lausanne, l’autre en astronomie à l’Observatoire de Genève. Si ce jour-là il y avait eu une offre pour faire de la sismologie ou se lancer dans l’océanographie, j’aurais pu parfaitement faire autre chose. Mais je me suis décidé pour Genève et c’est comme cela que tout a commencé. » Le jeune chercheur fait ses premières armes en étudiant le mouvement des étoiles. Devant le manque d’instruments disponibles pour mener à bien ses travaux, il décide de mettre la main à la pâte après une rencontre avec un collègue à Cambridge. Les années suivantes sont consacrées à la construction de plusieurs spectrographes astronomiques d’une précision toujours plus grande. « Du coup, j’ai mis de côté ce qui avait été mon sujet de thèse et j’ai fait cinquante autres travaux puisque tout ce qui est lié au mouvement des étoiles devenait abordable », restitue-t-il aujourd’hui.
C’est grâce à l’un deux, baptisé Élodie, que l’astronome, nommé professeur à l’UNIGE en 1984, réalise une première prouesse scientifique en codécouvrant le premier objet de masse substellaire en dehors du système solaire. Nous sommes alors en 1989 et six ans plus tard ce sera au tour de 51 Peg b, la première planète extrasolaire.
Loin de s’en tenir là, Michel Mayor participe par la suite à la découverte de nombreux autres corps célestes dont Gliese 581c, la première exoplanète connue aux caractéristiques proches de celles de la Terre.
Nommé professeur honoraire de la Faculté des sciences au moment de son départ à la retraite, en 2007, Michel Mayor a reçu de nombreuses récompenses parmi lesquelles la Médaille Albert-Einstein, le prix Marcel Benoist, le prix Balzan, le prix de la Ville de Genève, la médaille d’or en astronomie de la « Royal Astronomical Society » ou encore le prix Wolf de physique.
Docteur honoris causa d’une dizaine d’universités, membre de l’Union astronomique internationale, de l’Académie des sciences et titulaire du grade de chevalier de la Légion d’honneur, il a également servi de modèle à un personnage virtuel chargé de guider les participants à Eve Online – un jeu de conquête galactique participatif – dans leurs recherches de nouveaux territoires.
L’astéroïde 125 076, découvert par son collègue jurassien Michel Ory, porte aujourd’hui son nom.