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L’UNIGE recherche des volontaires pour classifier des étoiles de la Voie lactée

Distance, position, vitesse, éclat, température, taille, masse, âge: il s’agit là, en quelque sorte, des mensurations des étoiles de la Voie lactée. Autant de données qui ont été collectées au cours de ces dix dernières années par le satellite Gaia. Lancée en 2013, avec pour objectif de cartographier notre galaxie, cette mission pilotée par l’Agence spatiale européenne (ESA) – à laquelle participe l’Université de Genève – a recensé près de 2 milliards d’objets brillants, soit près de 1% du nombre total d’étoiles de la Voie lactée.

«Chacun de ces objets a été mesuré 140 fois depuis le début de la mission. Il s’agit du catalogue d’étoiles le plus complet à ce jour, dont la dernière version actualisée a été publiée en juin dernier», souligne Laurent Eyer, maître d’enseignement et de recherche au Département d’astronomie. Le chercheur participe à la mission depuis le début aux côtés de plus de 450 autres confrères et consœurs issu·es d’une cinquantaine d’institutions en Europe.

Classer les étoiles qui changent d’éclat

«À Genève, avec une équipe de 70 personnes, dont 10 basées à Ecogia, nous œuvrons à analyser les étoiles variables, c’est-à-dire celles dont la brillance change. Gaia en a listé 10 millions», indique Laurent Eyer. Cette variabilité survient, par exemple, quand deux étoiles tournent l’une autour de l’autre et s’éclipsent en alternance, lorsqu’elles explosent ou encore parce que leur température change périodiquement – on dit alors qu’elles «pulsent». Ces indications permettent d’identifier le type d’étoile que l’on observe dans le cadre du recensement effectué par Gaia.

Face à cette masse de données à traiter, l’UNIGE a choisi de faire appel à la science citoyenne. «Nous avons mis en ligne les données sur les étoiles variables via une plateforme de science citoyenne reconnue. N’importe qui peut désormais contribuer à classer les étoiles d’après les caractéristiques mesurées par Gaia», indique Krzysztof Nienartowicz, fondateur de la société Sednai mandatée pour la partie informatique de ce volet de la recherche intitulé Gaia Vari.

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Concrètement, après inscription, il est possible de naviguer entre les objets dont les caractéristiques sont présentées sous forme de diagrammes – période d’observation, trajectoire, variabilité et localisation dans la galaxie. On peut ensuite choisir dans une liste de propositions le type d’étoile variable dont il s’agit et ajouter des précisions ou des hypothèses en commentaires. «C’est là que l’on trouve généralement des pépites», se réjouit Laurent Eyer.

Confronter la communauté scientifique

Selon le chercheur, le projet de science citoyenne mis en ligne le 21 mars dernier a déjà débouché sur des résultats prometteurs: «Au départ, nous ne savions pas si ces contributions issues du grand public allaient nous être utiles. Nous nous apercevons qu’elles enrichissent nos observations en tant que chercheurs/euses. Il y a parfois des désaccords entre les réponses de ces volontaires et les nôtres, ce qui nous force à nous interroger et à pousser l’analyse plus loin. Certain·es participant·es m’ont d’ailleurs scotché par leur perspicacité!»

L’équipe genevoise chargée du projet de science citoyenne souhaite récompenser les meilleur·es contributeurs/trices. «Pourquoi pas avec une visite de la base madrilène de l’ESA, note Krzysztof Nienartowicz. Nous envisageons aussi de les associer en tant que coauteur-es à certaines de nos futures publications sur Gaia.»

Accessibles à toutes et à tous, ces données n’en demeurent pas moins très techniques et nécessitent certaines connaissances préalables. «À terme, nous aimerions qu’elles soient accessibles au grand public de la même manière qu’une photo prise par les télescopes Hubble ou Webb», espère Krzysztof Nienartowicz. C’est là aussi l’une des ambitions du projet Gaia.

Une nouvelle version actualisée du catalogue de données sera publiée en 2025, mais d’ici là les chercheurs ont du pain sur la planche: l’équipe genevoise ambitionne en effet de lister 100 millions d’étoiles variables. «Gaia est un trou noir, nous y mettons toute notre énergie et elle l’aspire entièrement», plaisante Laurent Eyer.

Page du projet de science citoyenne : https://www.gaiavari.space/

20 avril 2023
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