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TRIADES SEXE, GENRE, ORIENTATION

Un nouvel outil de formation: schéma interactif de la triade Sexe, Genre, Orientation disponible en 4 langues.

Crédit: I-CARE - Bize R, Volkmar E, Berrut S, Werlen M, Medico D, Bodenmann P. (2022)

Implémentation: SSI - Da Costa J. (2023)


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Sexe

Dans sa compréhension biologique, le sexe est constitué par l’ensemble des caractéristiques sexuelles primaires et secondaires, notamment chromosomiques, gonadiques, hormonales et phénotypiques qui font qu’une personne est considérée comme femelle, mâle ou intersexuée. C’est ce qui est représenté dans le premier bandeau blanc du schéma.

Environ 1,7% des personnes naissent avec une variation du développement sexuel, c’est-à-dire qu’elles possèdent une ou plusieurs caractéristiques sexuelles ne correspondant pas aux catégories strictes femelles ou mâles. On parle d’intersexuation ou d’une personne intersexuée. Les mots intersexualité ou hermaphrodisme sont inadéquats pour décrire ces situations.

Le seul niveau de sexuation du corps qui peut être catégorisé de manière dichotomique stricto sensu sont les gamètes : spermatozoïdes et ovules. Plus de deux variantes existent pour toutes les autres caractéristiques sexuelles. La diversité des génitalités humaines est mieux décrite comme couvrant un continuum morphologique, entre les formes typiques que sont la vulve et le pénis. Ceci vient du fait que tous les organes génitaux externes qu’ils soient femelles, intersexués ou mâles, trouvent leur origine dans la même structure indifférenciée, qui est présente dans tous les fœtus jusqu’à la fin du deuxième mois de de vie intra-utérine.

Trois jours après sa naissance au plus tard, un nouveau-né doit être annoncé à l’état civil avec son identité complète. C’est ce qui est représenté dans le deuxième bandeau blanc de notre schéma. A ce jour en Suisse, le registre de l’état civil n’offre que deux options pour l’inscription du sexe: féminin ou masculin. La détermination du sexe à la naissance s’appuie le plus souvent sur l’apparence des organes génitaux externes.

Ce processus d’assignation du sexe à la naissance est donc tributaire d’une norme légale qui ne permet actuellement pas de reconnaître la diversité des réalités biologiques. D’autres pays offrent une troisième option « X » pour signifier « autre » ou « indéterminé ».

Le code civil suisse offre cependant la possibilité à toute personne de faire modifier son inscription du sexe au registre de l’état civil. La démarche se fonde sur le droit à l’autodétermination basée sur l’identité de genre.

Genre

Le genre est un concept qui définit les « rapports sociaux de sexe » et plus concrètement, les relations entre humains sexués dans une société donnée. Le genre a des dimensions multiples dont deux sont essentielles pour comprendre la diversité arc-en-ciel.

La première est l’identité de genre. Elle désigne le ressenti psychique profond d’être un homme, une femme, entre les deux, ou ni l’un ni l’autre. Elle ne résulte ni d’un choix, ni d’une préférence. Cette conviction identitaire intime émerge en moyenne entre 8 et 10 ans. Cette phase de prise de conscience de son identité de genre est appelée « coming-in ». Il peut y avoir un délai plus ou moins long jusqu’à un éventuel « coming-out », c’est à dire le moment où la personne en parle à d’autres.

Quand l’identité de genre d’une personne est congruente avec son sexe assigné à la naissance, on la qualifie de personne « cisgenre ». Si l’identité de genre est incongruente avec son sexe d’assignation, la personne peut être considérée comme « transgenre » ou « trans ». Cela concerne 1 à 2% de la population. L’incongruence de genre peut générer une souffrance psychique diagnostiquée alors sous le nom de dysphorie de genre.

Les qualificatifs cis et trans ne rendent pas justice à la complexité de ce ressenti. Notre schéma propose donc d’imaginer trois curseurs métaphoriques chez chaque être humain pour autodéterminer l’identité de genre qui lui est propre. On les voit dans le troisième bandeau blanc de notre schéma. En les positionnant avec plus ou moins de féminin, de masculin et d’autres genres comme non binaire ou fluide par exemple, nous pouvons ainsi déterminer notre identité de genre.

La seconde dimension est l’expression de genre, représentée dans le quatrième bandeau blanc de notre schéma. Contrairement à l’identité de genre, elle est une manifestation publique et partiellement contrôlable. Nous la manifestons par des comportements, des attributs (vêtements, bijoux par exemple), des actions (conscientes ou non) ou des rôles socialement définis comme féminins, masculins, androgynes ou autres. Ces codes culturels varient énormément selon les peuples et les époques. Là aussi, on peut définir son expression de genre en positionnant les trois curseurs. L’expression de genre est donc fluide et ne correspond pas forcément à ce qui est attendu en fonction de l’identité de genre ou du sexe de la personne. Les personnes qui ne se conforment pas aux normes de genre attendues en fonction de leur sexe peuvent subir de l’homophobie ou de la transphobie, même si elles sont hétérosexuelles et cisgenre.

Les personnes trans ou non binaires peuvent adapter leur expression de genre ou souhaiter modifier leurs caractéristiques sexuelles afin de les mettre en congruence avec leur identité de genre. Une éventuelle dysphorie s’en trouve alors réduite ou éliminée.

Orientation

L’orientation sexuelle est un concept qui est classiquement caractérisé par quatre dimensions : l’attirance affective, l’attirance sexuelle, le sexe des partenaires sexuel·les, et l’auto-identification en tant que personne hétérosexuelle, bisexuelle, homosexuelle ou autre.

Parmi ces quatre dimensions, notre schéma explicatif se focalise sur l’attirance affective et l’attirance sexuelle qui apparaissent généralement avant et indépendamment des premiers rapports sexuels. La prise de conscience de son orientation sexuelle est un processus qui peut s’étendre sur plusieurs années et que les personnes de la diversité arc-en-ciel désignent parfois, comme nous l’avons vu précédemment, sous le terme de « coming in ». Elle ne résulte ni d’un choix ni d’une préférence

Les curseurs de l’attirance affective décrivent dans quelle mesure on est susceptible d’éprouver un sentiment amoureux pour des personnes selon leur genre. Les curseurs de l’attirance sexuelle décrivent quant à eux dans quelle mesure on est susceptible d’éprouver une attirance sexuelle pour des personnes en fonction de leur genre. Ces deux dimensions sont souvent concordantes.

La position des curseurs reflète le degré d’attirance affective ou sexuelle que l’on ressent pour les hommes ou la masculinité, les femmes ou la féminité, ou des personnes d’un autre genre, comme les personnes non binaires par exemple. A titre d’illustration, les personnes dites asexuelles positionneraient les trois curseurs de l’attirance sexuelle tout à gauche de l’échelle. Les personnes dites pansexuelles positionneraient les trois curseurs à un même niveau, plus ou moins à droite de l’échelle en fonction de l’intensité de leurs attirances sexuelles.

Cette représentation schématique souligne à la fois la diversité des réalités vécues, ainsi que leurs évolutions possibles au cours de la vie. Des études récentes suggèrent qu’environ une personne sur six n’est pas exclusivement hétérosexuelle.

Raphaël Bize, Erika Volkmar, Céline Brockmann,

Formation I-CARE. Unisanté, 22.09.2023