Villes durables: la preuve par le terrain
Quels sont les scénarios de développement durable pour les villes au XXIe
siècle? Cette question a servi de fil conducteur à un groupe de six étudiants
du Master universitaire en sciences de l’environnement (MUSE) ayant eu
l’opportunité d’observer
in situ les transitions urbaines et de tirer les enseignement sur le plan
environnemental et de développement durable dans deux cas emblématiques:
Abu-Dhabi et Los Angeles. L’atelier multi-sites et international «Urban
Futures» s’est déroulé sur trois semaines en mai dernier dans la
continuité du cours «Global Cities» du MUSE. Après des
sessions de préparation à Genève, les étudiants sont partis en observation dans
les deux villes, deux séjours ponctués par de nombreuses visites de sites et
d’échanges avec des étudiants, enseignants et praticiens locaux.
«Los Angeles et Abu Dhabi présentent deux approches très différentes à la
transition vers la ville écologique et durable, explique Alexandre Hedjazi,
chercheur à l’Institut des sciences de l’environnement et responsable de
l’atelier. Ce sont les meilleures illustrations de l’étalement urbain avec son cortège d’externalités environnementales. Depuis
quelques années, la nouvelle prise de conscience sur le plan environnemental a néanmoins orienté les deux villes vers de nouvelles trajectoires. Une multitude d’initiatives
et recours aux incitations et technologies nouvelles font de ces deux villes des
champs d’observation incontournables. La
conception de la ville neutre en carbone à MASDAR - Abu Dhabi et le concept de "retrofit urbain" à Los Angeles sont des
formidables laboratoires pour observer l’évolution des approches innovantes en
matière de développement urbain durable.»
Avec MASDAR, son projet de ville futuriste, Abu Dhabi s’est lancée à corps
perdu dans l’éco-technologie selon Alexandre Hedjazi. Inspiré des techniques
traditionnelles tout en faisant recours aux nouveaux matériaux et intégrant
des nouvelles formes urbaines, MASDAR est devenue la vitrine de la ville d’Abu Dhabi en
matière de durabilité. «Cette approche technologique a toutefois le défaut, de
laisser en arrière plan la participation des citoyens dans le développement de
leur environnement urbain», relève Alexandre Hedjazi.
Symbole d’un développement urbain incontrôlé, Los Angeles a effectué sa mue
environnementale il y a environ une vingtaine d’années à l’aide des nouveaux
outils d’urbanisme et une régulation plus contraignante. Coincée entre l’océan Pacifique
et les montagnes, avec un climat quasi aride, la conurbation californienne est devenue
le centre de gravité du commerce avec l’Asie et compte toujours parmi les villes les
plus polluées des Etats-Unis. Néanmoins une multitude d’initiatives publiques
et privées ont permis de renverser la tendance et réduire l’empreinte
écologique excessive de la métropole. L’approche à l’urbanisme durable y est
basée sur le développement des transports en communs, la promotion de l’efficience
hydrique et énergétique, la renaturation des sites pollués (ex. Los Angeles
river) et la sensibilisation de la population. Une évolution favorisée, dans ce
cas, par la forte implication citoyenne, contrairement à l’approche descendante en gouvernance urbaine à Abu Dhabi.
Bénéficiant du soutien du Rectorat de l’UNIGE et du Service des relations internationales, cet atelier en développement urbain durable a été organisé en partenariat avec University of
California Los Angeles (UCLA) et sera réédité en hiver 2015.
22 juillet 2014
2014